L'Enfant du Paradis
Sortie:
04/12/2023
Pays:
FR
Genre:
Durée:
72 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

L'Enfant du Paradis

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



Après une traversée du désert dans sa carrière de comédien, Yazid voit enfin se profiler le bout du tunnel. Sobre depuis six mois, il veut montrer à sa nouvelle fiancée et à Hassan, son fils de 16 ans, qu'il est maintenant un autre homme qui a repris goût à la vie. Mais en quelques jours, les vieux démons resurgissent et avec eux les souvenirs de son enfance en Algérie.


Dans un style qui se rapproche presque du documentaire et des compositions d'acteurs proches de l'improvisation, l'acteur Salim Kechiouche (Mektoub My Love) livre une première réalisation puissante et presque radicale sur le parcours d'un acteur qui tente inlassablement de percer dans le métier, qui se donne entièrement et doit, dans le même temps, lutter contre ses propres démons, une ex-femme intransigeante face à la garde alternée de leur ado, et un deuil lourd à porter. A travers des personnages d'une force touchante, le réalisateur nous plonge dans un parcours inspiré de la vie de son ami acteur Yasmins Belmadi (Grande Ecole), disparu tragiquement en 2009. Ici le réalisateur livre une œuvre sans fard et autant personnelle qu’universelle, puisqu’elle suit plusieurs thématiques en même temps,  


Si le film n'évite pas quelques imperfections, notamment les scènes dans la cité avec des acteurs qui ont tendance à surligner leurs jeux, Salim Kechiouche parvient à toujours garde ce cap d’une caméra qui se pose au milieu d’une vie qui pourrait être celle de n’importe quel Homme ou femme dans un quartier de France ou d’ailleurs. Ici, le réalisateur mélange celle de son ami disparu et sa propre expérience pour mieux en sortir les nuances et les paradoxes. Pour cela il s’est entouré de comédiens chevronnés et pour la plupart avec un talent qui n’est plus à prouver, comme Naidra Ayadi (Stillwater), Zinédine Soualem (En Corps) ou encore Pascale Arbillot (Maestro(s)). Chacun a su trouver la tonalité juste, pour donner, à ce film très écrit, très ciselé, un aspect plus authentique, improvisé, comme piqué sur le vif.


Avec son titre qui se veut un hommage au cinéma de Marcel Carné (Les Enfants du Paradis), un autre hommage à son ami décédé puisqu’il s’agissait de son film préféré, mais qui fait référence aussi au « Paradis », les places de Théâtres pour les spectateurs les moins fortunés, « L’enfant du Paradis » est une vision fine et puissante d’un jeune réalisateur qui porte un regard à la fois conscient et parfois sombre sur la vie d’un acteur qui cherche à percer dans son art, comme n’importe quel passionné de son métier qui cherche la reconnaissance, mais doit combattre ses démons, s’extirper de son milieu social, s’en affranchir pour mieux survivre et dans le même temps vivre avec les accidents de la vie : Le divorce, la famille déchirée et le deuil. Un film qui n’est pas sans fautes mais qui a le mérite d’être sincère et sans concession. Un réalisateur à suivre.