Amused to Death : Ecoute critique du mixage haute-définition 5.1 sur Blu-ray audio



Le meilleur album solo de Roger Waters, Amused to Death, est proposé dans une nouvelle version juxtaposant un nouveau remastering stéréo CD et multicanal 5.1, proposé en audio haute-définition 24 bits / 96 kHz sur support Blu-ray audio. Et pour ne rien gâcher à la fête une version disque vinyle est également au programme. Un miracle ?

Par Bruno Orru

It's a miracle
La promesse réalisée par Roger Waters lui-même d'avoir une nouvelle version de son album Amused to Death date de plusieurs années. L'attente fut longue, d'autant plus que Sony Music n'a jamais vraiment communiqué sur l'avancement des travaux. En réceptionnant la version incluant la version stéréo sur CD et la version stéréo / 5.1 en audio haute définition sur Blu-ray audio, il ne faut pas beaucoup de notes pour percevoir que l'attente valait le coup et que l'expérience est jubilatoire.

L'objectif de ce papier n'est pas de vous parler de l'album lui-même mais de l'intérêt de se pencher sur le mixage multicanal 5.1 et de l'aspect haute-définition puisque ce mixage est proposé en 24 bits / 96 kHz. Notez que certains sites de téléchargement proposent une version à 192 kHz… il n'est pas certain à mes yeux que le travail de mixage ait été réalisée à ce niveau ?

Quoi qu'il en soit, c'est le comparse habituel James Guthrie qui s'est penché sur la table de mixage pour proposer cette nouvelle version. La production est restée du côté des deux producteurs initiaux, Roger Waters et Patrick Leonard.

Si vous êtes fan de Pink Floyd et/ou de Roger Waters ou David Gilmour, vous savez que d'autres travaux ont été réalisés en multicanal et haute-définition audio. Du côté des albums de Pink Floyd je peux citer Dark Side of the Moon et Wish you were here, tous deux disponibles en SACD ou le récent Endless river disponible en Blu-ray audio. Pour les concerts il faut profiter des quelques DVD de Pink Floyd (The wall, Delicate Sound of Thunder) ou DVD/Blu-ray de Roger Waters ou David Gilmour. Je ne saurais trop vous conseiller le Blu-ray de David Gilmour Remember That Night: Live At The Royal Albert Hall, concert de 2006 qui est retranscrit avec une piste Dolby True-HD formidable.

Three whishes
Pour pouvoir profiter sereinement et de manière optimale de ce mixage multicanal, trois conditions doivent impérativement être remplies… en espérant que ce ne sont pas pour vous trois vœux car vous n'auriez pas l'équipement adéquat.

a) Vous devez avoir un équipement 5.1. De préférence de qualité. Si vous avez un petit kit compact, vous profiterez du mixage multicanal, c'est déjà bien, mais vous de pourrez prétendre à gouter aux délices de l'audio haute-définition.

b) Vos enceintes doivent être impeccablement alignées. Une aide est d'ailleurs proposée sur le Blu-ray permettant de visualiser l'angle de 135° que doivent formées les enceintes en latéral. Ce respect de disposition est le gage de profiter parfaitement de ce qui a été prévu en salle de mixage.

c) Vous devez être capable de vous assoir dans un environnement calme le temps de l'album. Je sais que malheureusement cette condition est souvent difficile…

 

En ballade sonore élargie
Si vous ne possédez pas de système 5.1, sachez que le nouveau mixage stéréo a été réalisé avec la technologie Qsound qui permet d'élargir le rendu sonore, de lui donner un aspect 3d en fait. Un court commentaire dans le livret indique que pour profiter pleinement de cette spatialisation améliorée il faut être parfaitement positionné au centre des enceintes stéréo (et ne pas bouger hein !)… et dès les première secondes du premier morceau The ballad of Bill Hubard vous devez entendre distinctement les aboiements en dehors du cadre des enceintes. L'effet n'est pas extraordinaire mais l'auditeur attentif pourra déceler en effet une meilleure ouverture générale… un petit goût de l'ouverture offerte par le mixage 5.1.

 

Le sens parfait
Je ne vais pas vous décrire chaque morceau mais plutôt vous indiquer plus globalement pourquoi ce mixage 5.1 est incontournable pour tout fan de Pink Floyd ou Roger Waters.
  • Une spatialisation sans précédent pour gouter cet album. L'univers claustro décrit par Waters s'élargit très loin sur les côtés et vers l'arrière. Cela concerne les nappes de claviers, les cordes, les cœurs et quelques riffs de guitare.
  • La voix de Waters est, sauf exception lié à un effet ponctuel, toujours parfaitement ancrée sur le canal central. De fait, si votre enceinte centrale n'est pas à la hauteur vous ne profiterez pas de la présence accrue de la voix du chanteur dans ce nouveau mixage haute-définition.
  • Une présence vocale hallucinante. La voix de Waters se détache parfaitement des orchestrations avec une texture inédite. C'est surtout dans les parties douces / chuchotées que cela se perçoit le mieux.
  • Une hauteur accrue. Les orchestrations sont moins tassées, en partie grâce à la réverbération "en dur" dans les canaux Surround.
  • Une dynamique exacerbée qui surclasse sans discussion celle du CD, même dans sa nouvelle version.
  • Des effets de voix ou sonores inscrits en dur dans le mixage 5.1. Cela amplifie ou confirme ce que nous décelions dans le mixage stéréo. Chaque morceau possède son propre effet, notamment en début ou fin de morceau.
  • Un meilleur détachement vocal / orchestration. Les différents instruments sont mieux identifiables et au final cela modifie souvent la perception du morceau par un rendu moins compact. Le détachement des deux voix de Roger Waters et de Rita Coolidge dans Amused to death en est le parfait exemple.


 

Quelques focus…

Ther perfect sense, part II: La voix de Waters très proche. Les cœurs qui s'écartent et la dynamique qui s'élargie.

Late home tonight part I: La guitache séche à l'arrière gauche, les cordes qui se déplacent à l'arrière, l'avion qui traverse la pièce de droite à gauche totalement derrière l'auditeur.

What god wants, part II : les guitares qui s'étalent vers l'arrière pour rejoindre tout en douceur les claviers et les cordes. La voix de Waters qui prend de la hauteur.

Three wishes: Les effets de voix dans les 5 canaux.

It's a miracle: Les claviers qui planent dans toute la pièce. La voix de Waters qui chuchote, proche, très proche. Les cœurs qui s'éparpillent loin sur les côtés et vers l'arrière. Les percussions qui claquent puis résonnent.

Amused to death: La voix de Rita Coolidge beaucoup plus distincte et suave.