Hsing-hui travaille comme assistante photographe sur le tournage d’une publicité. Elle fait la rencontre de Chin-tai, un aveugle dont elle tombe amoureuse alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Lorsque ce dernier propose à Hsing-hui de l’accompagner avec lui en Europe, la jeune femme doit alors choisir entre l’amour et son rêve le plus cher…
Chef de file de la nouvelle vague taïwanaise, Hou Hsiao-Hsien est aujourd’hui l’un des réalisateurs les plus importants de la scène cinématographique mondiale et aura, dès le début de sa carrière, touché à tous les genres : de la comédie romantique au portrait mélancolique de la jeunesse urbaine deTaipei, en passant par les chroniques adolescences de sa Quadrilogie autobiographique. Minimaliste et sans esbroufe, privilégiant les plans séquences qui finiront par être sa marque de fabrique, son cinéma cherche à coller au réel avec poésie.
Cinéaste sur le tard, c’est à l’âge de 32 ans que le réalisateur tourne son premier film « Cute Girl ». Dès cette première réalisation, Hou Hsiao-Hsien, tout en poursuivant la tradition des comédies romantiques taïwanaises, se démarque par un sens aigu de la composition et commence dès ce premier film, à faire l’éloge de la lenteur que l’on retrouvera tout au long de ses œuvres suivantes. En effet le réalisateur aime que le spectateur contemple des paysages comme on regarde un tableau de maitre, il prend son temps pour amener les personnages, et les plans séquences qu’il utilise pour renforcer sa narration, sont l’essence même de cet éloge de la lenteur.
Une année plus tard, le réalisateur va nous une comédie assez simple, qui ressemble à s’y méprendre à un manga en live avec toutes ses musiques typiques de la culture asiatique, et une narration un peu découse et surtout légère qui va nous entrainer dans un « Cheerful Wind (Vent Folâtre) ». En effet, si ce film n’est évidemment pas le plus remarquable du réalisateur (Il faudra attendre 1983 et ses « Garçons de Fengkuei » pour reconnaitre la marque du réalisateur !), il n’en demeure pas moins un film qui laisse apparaitre le goût du réalisateur pour prendre son temps, donner un sens à sa narration et surtout pour une jeunesse qui doit apprendre à se découvrir pour mieux se connaitre.
« Cheerful Wind », c’est avant tout une comédie légère, qui parfois peut surprendre par une narration assez décousue et dénuée de réel intérêt scénaristique, si ce n’est une véritable poésie visuelle, et musicale. Un peu « Foutraque », les plans se succèdent dans une sorte d’ivresse collective et laisse pourtant poindre, au détour de plusieurs plans de remarquables idées de mise en scène qui mettront en place de mythe d’Hou Hsia-Hsien. Car le réalisateur aime, avant tout, surprendre et conserver un ton minimaliste, presque documentaire. En mettant en scène, ici, un tournage dans un film, il parvient à jouer avec l’illusion et le réel. Tout cela se mélange et ressort sous forme d’une remarquable patchwork visuel, simple mais redoutablement efficace que l’on pourrait considérer comme l’un des plus intéressant « Feel Good Movie » Taiwanais.
Car, il faut bien le dire, l’intrigue ne sert à Hou Hsiao-Hsien, qu’à s’amuser de ces petites scénettes et à nous faire découvrir la ville sous toutes facettes. Précis et méticuleux, il sait nous plonger ans ce triangle amoureux, qui va apprendre à se connaitre et à s’aimer sur des musiques hypnotisantes et parfois pétillantes qui ne sont pas sans rappeler les programmes de notre enfance, venus d’Asie. Dire que « Cheerful Wind » est un chef d’œuvre, ce serait superflus, mais en tout cas il laisse poindre les prémices d’un réalisateur marquant du cinéma taiwanais, qui va imprimer de façon durable son art de sa signature.