Les aventures du baron de Münchausen (Blu-ray)

Synopsis
Le siècle des Lumières. Une ville s'apprête à succomber sous les assauts des Turcs. Seul le théâtre royal est encore debout où comédiens et machinistes s'échinent à donner un spectacle potable mais invariablement hué par les spectateurs. Ils présentent ce jour-la "Les Aventures du baron de Münchausen" quand au beau milieu d'une scène, un vieillard se lève et revendique l'identité du baron de Münchausen. Il propose alors aux habitants incrédules de chasser les Turcs. Pour ce faire, il leur demande de l'aider à retrouver ses quatre anciens compagnons d'aventures.

Critique artistique
Karl Friedrich Hieronymus, dit le baron de Münchhausen est un personnage historique qui est devenu rapidement un héros populaire de la littérature allemande. Ses aventures, qualifiées de fabuleuses à cause du surplus d’imaginaire ajouté par le baron, furent contées maintes et maintes fois au cours des siècles rendant ce personnage très incroyable. Qui de mieux que Terry Gilliam et son univers toujours plus segmentant pour nous faire une adaptation des péripéties de ce héros?
Le Monde complètement imaginaire du baron est là et bel et bien là et se déploie tout au long du film. Il nous débite des choses plus invraisemblables les unes que les autres. Charge à nous d’y faire le tri et d’y croire où non. C’est d’ailleurs la principale force mais également la principale faiblesse du film : son univers. Bien qu’entièrement atypique et terriblement bien pensé, il demande beaucoup de recul aux spectateurs pour s’y attacher. Tout n’est que féérie et bien qu’il suscite notre imagination, il peut parfois plus dérouter voir dégoûter que véritablement nous accrocher. Car même s’il se veut enfantin dans son approche, il ne l’est hélas pas assez pour éveiller l’âme imaginative qui reste en chacun de nous. Les aventures du Baron Münchausen se veut donc très exigeant, sans doute beaucoup trop pour les moins téméraires d’entre nous. La pâte Gilliam est de mise et nous délivre une fois de plus un film qui va diviser.
Mais qui se cache vraiment derrière ces aventures ? Un baron complètement loufoque, oui sans doute. Une ode à l’imagination et au fantastique ? Oui cela est sûr avec cet univers aussi particulier et non conventionnel. Une insistance sur l’enfant ? L’interdiction de tirer le mercredi pendant la guerre corrobore parfaitement cette idée. Un rejet de la réalité par l’invraisemblable exagéré ? Le baron serait alors resté un éternel gamin qui ne prenait pas au sérieux la dure réalité qui l’entourait. Car finalement, le film n’apporte pas de réponses sur ce qu’était réellement le Baron. Il ne fait que nous décrire, nous donner sa vision des aventures mais qu’en est-il de l’homme en lui-même ? On nous montre juste un homme un peu fou, terriblement intelligent dans ses récits mais hélas un éternel menteur…
Que nous reste-t-il du visionnage ? Pour ceux qui se sont laissés porter par l’aventure, un fabuleux voyage vers l’imaginaire où un homme va sur la Lune ou embrasse la déesse Vénus. Pour les autres, il ne reste hélas pas grand-chose, si ce n’est la cruelle sensation de s’être fait entourlouper par le baron lui-même.

Conclusion
Un film atypique pour un personnage qui ne l’est pas moins. L’univers de Gilliam est déployé, charge à nous de s’y aventurer…ou non. Gare au syndrome de Münchausen.

Une image qui se cherche dans l’ensemble avec des scènes à la limite du correct pour certaines et à la limite d’un très bon DVD pour d’autres. La colorimétrie est également totalement alambiquée car elle est tantôt trop saturée (surtout concernant les visages très rouges)  tantôt magnifique. Il y a aussi ce bruit vidéo permanent qui vient entacher sérieusement le tableau. Le film est en revanche très fluide et il n’y a aucun artefact. Certaines textures sont également dignes du support mais se fonde malheureusement dans la masse décevante…

La partie sonore s’en tire plutôt bien même si les explosions manquent cruellement de punch. Les musiques épiques, en revanche, sont très bien mixées ce qui nous donne une ambiance détonante et ce tout au long du film. Les voix sont très intelligibles en VO mais hélas beaucoup trop en retrait pour la VF ce qui nous donne un peu moins de présence pour la seconde. La VO est donc à privilégier. L’écrin sonore vient quelque peu sauver la partie technique du film et son image sans réelle saveur.