Le Grinch

La période de Noël a été propice à se replonger dans l'univers que Ron Howard a dépeint dans "Le Grinch" qui sort en édition Blu-Ray presque 10 ans après sa sortie en salles. L'occasion de retrouver un Jim Carrey bondissant, vicieux et désinvolte dans ce conte que la haute définition ne valorise qu'en demi-teinte.

Dans la petit ville de Chouville, les habitants préparent les fêtes de Noël avec ferveur. Un univers aux couleurs acidulées dont la population toute particulière est focalisée sur la fête à venir. Mais au nord de la ville, vivant reclus dans les montagnes enneigées avec son chien, sévit le Grinch. Un être aigri, sale et vicieux qui déteste Noël et vit comme un Hermite. Son humeur s’en ressent et il terrorise les habitants pour lesquels prononcer le seul nom du Grinch est tabou. Seule la gentille et altruiste petite Cindy, gamine de Chouville interprêtée par Taylor Momsen semble avoir une influence sur le cœur quasi impénétrable du Grinch.

Ce conte de Noël adapté du livre du Docteur Seuss, est un support idéal pour les pitrerie d’un Jim Carrey méconnaissable sous son maquillage. Il est question ici de dualité entre la naïveté des personnages de Chouville et le personnage aigri du Grinch que seul la sollicitude d’une petite fille pourrait transformer. Cette fable originale est adroitement contée sous la direction de Ron howard qui apporte au récit toute sa dimension fantastique. Le grincheux de service en période de Noël est disjoncté à souhaits. La performance essoufflante du comique américain donne à ce conte tout son caractère magique tant la créature qu'il campe est improbable : jaloux, impulsif, aigri à souhait, ses mouvements d'humeur et l'énergie qu'il déploie pour mettre main basse sur la fête de Noël de la petite communauté sont impressionnants (lettres de menaces, blagues téléphoniques, sabotages en tous genres).

A la fois effrayant pour les plus jeunes, mais amusant pour les plus grands, le Grinch tente adroitement de nous faire comprendre à travers l’univers magique dépeint par le Dr Seuss, que la période de Noël est propice au partage, à l'amour et à la solidarité. Il faut savoir donner pour espérer recevoir, tel est le message. Et si dégoutant, impoli, répugnant et indiscipliné que soit le Grinch, on se prend d'affection pour ce personnage esseulé qui finalement ne cherche qu'à être aimé. Dommage que cette édition Blu-Ray 1080p ne bénéficie que d’un transfert très moyen de l’image, heureusement relevé par une bande son DTS de bon aloi. La multitude de bonus hélas très courts de résolution DVD ne vient pas renforcer la note générale.

L'oscar remporté par l'équipe de maquillage à l'époque n'est pas usurpé, pas plus que la nomination pour l'oscar de meilleur costume et celui de la meilleure direction artistique. On navigue ici dans un conte aux décors enchanteurs et festifs ou les costumes, les décors, les maquillages et les coiffures ont tous été très travaillés. Le Grinch est incontestablement une réussite esthétique et visuellement très signé. Décors luminescents, gadgets fantastiques, matériaux plastiques, véhicules qui ressemblent à des jouets contrastant avec l’univers du Grinch proche de celui d’une industrie complexe et sale.

Mais l’encodage en VC-1 du film ne restitue qu’une image granuleuse à souhaits. Si les contrastes sont correct, les couleurs sont hélas un peu légères et la luminosité excessive atomise les noirs. Bien que la résolution soit en haute définition, le ressenti visuel est tout autre. L’image est délavée et martelée de grain. Côté menus et interface : que du simple, répondant au standard des Blu-Ray Universal, sans habillage particulier.

Avec sa voix off en vers, le Grinch donne le ton. On baigne ici dans un univers douceret de Chouville, de ses mélodies mièvres et chansonnettes gentilles. Les effets spéciaux ont des tintements et des sonorités acidulés et le doublage son français est à la hauteur du conte. Saluons au passage la performance de l’acteur de doublage qui interprète Jim Carrey. Arriver à doubler les pitrerie de l’acteur américain avec autant de talent relève de la gageure.

Le DTS HD Master Audio est, comme de tradition désormais, réservé aux anglophiles. Le reste de l'Europe devra se contenter d'un encodage en DTS 5.1 à la dynamique modérée. Mais comparé à la déception de l’image, la bande son est satisfaisante. La musique de James Horner, récompensée un Saturn Award, participe à la jovialité du scénario. Il nous propose une musique enjouée, menaçante, bondissante et parfois tragique ou festive, bref toute une panoplie de mélodies qui permet d’épouser parfaitement toutes les situations proposées par le film.