1565. Tandis que les ennemis Polonais avancent en territoir Russe, le Tsar Ivan IV, dit Le Terrible, sombre dans la folie mystique. Sa milice personnelle martyrise le peuple et les nobles, provoquant la démission du métropolite, le chef de l’église russe. Ivan intronise, à sa place son ami d’enfance, l’intègre Philippe. Mais les deux hommes se confrontent rapidement. Philippe s’oppose aux agissements sanguinaire du Tsar qui se croit dépositaire de la volonté divine. Un duel à mort, politique et spirituel, s’engage.
« Tsar » est un film plein de promesses, avec tous les moyens financiers qu’il faut pour offrir à la Russie Médiéval toute sa fureur et sa beauté. Le règne d’Ivan le Terrible, ayant été l’un des plus sanglants et des plus mystique aussi, il fallait une mise en scène et un scénario solide pour venir à bout de cette biographie épique et flamboyante.
Et côté mise en scène, le réalisateur Pavel Lounguine (L’ile) n’a pas ménagé ses efforts, « Tsar » est une œuvre aboutie, parfaitement maitrisée, dans lequel la personnalité tourmentée du chef Russe apparait au grand jour, à une époque où l’Europe, dans sa généralité sombre dans le mysticisme sanglant. Le réalisateur alterne avec brio les longues reflexions perturbées d’Ivan et cette opposition naissante avec Philippe, le nouveau chef religieux. Le réalisateur parvient avec un réel sens de la flamboyance, et une rélle volonté de plonger le spectateur au cœur de cette Russie du XVIème siècle. L’esthétisme de son film est indéniable et l’on sent tout le travail derrière chaque brin de paille, chaque brique et chaque perle d’or. La mise en scène se veut épique, avec des scènes de guerre d’une rare intensité, et la tension qui transpire à chaque plan est palpable.
Le Scénario de Pavel Lounguine, d’ailleurs s’attache à ces paradoxes qui ont donné naissance à cette opposition entre le Tsar, grand maître incontesté et incontestable de la Russie et le Metropolite, grand maitre de l’eglise russe. Et malgré des longueurs dans les réflexions mystiques du souverain, le scénario ne manque pas de relief et d’intelligence, notamment en privilégiant les contradictions de l’homme face à la folie du mythe. Pavel Lounguine, ne juge pas ce Tsar sanguinaire et torturé, il lui donne simplement, avec toute la magnificence que demande un tel sujet, une dimension humaine aussi proche que possible de la folie de cette homme.
Et la distribution joue un rôle primordiale dans cette fresque historique, à commencer par Piotr Mamonov (L’Ile) qui semble, au sens propre du terme, totalement habité par Ivan Le terrible. Aussi terrifiant et menaçant que son rôle le lui demande, l’acteur parvient à jouer toute la folie meurtrière de son personnage et sait à merveille jouer sur les paradoxes de sa fonction. Et le duel qui l’oppose à Oleg Yankovsky (The man who cried) est l’un des plus impressionnant de l’histoire du cinéma russe. Les deux acteurs se complètent et trouvent ensemble la composition juste, qui rend totalement crédible ce duel entre les deux hommes les plus importants de la Russie du XVIème siècle.
En conclusion « Tsar » est une œuvre d’une force qui rend toute sa flamboyance à la Russie Médiéval mais aussi toute sa souffrance. Les costumes, la mise en scène, le scénario et le jeu des comédiens viennent ici faire de ce film, une véritable fresque historique à la hauteur du Tsar Ivan Le Terrible.