Arthur se réveille après un grave accident de voiture qui l’a plongé pendant plusieurs heures dans le coma. Au fil de sa convalescence, son passé autant que son présent semble lui échapper. Il va devoir chercher au plus profond de son esprit les traces de ce qu’il a voulu oublier.
Richard Berry s’essaye à un genre différent et décide d’emmener ses comédiens là où on ne les attend pas. Jamais avare d’ambiances lourdes sans pour autant faire dans le voyeurisme, le réalisateur de "Moi César 10 ans et ½, 1.39 m", maitrise parfaitement les ficelles de son histoire afin de ne pas laisser le spectateur à la dérive, au risque d’ailleurs d’en délaisser le rythme de temps en temps et de retomber sur une fin qui peut paraitre décevante aux yeux de certains parce que maladroitement énoncée.
Ici le réalisateur joue sur le trauma de son personnage, entraine le spectateur dans une sorte de puzzle où chaque pièces s’assemble et s’oppose dans une danse macabre dont le héros ne parvient pas à s’extirper. Magnifiée par Scorcese dans « Shutter Island », l’utilisation des traumas de chacun lié à l’enfance pour plonger littéralement le public dans ses plus intimes retranchements est un procédé qui fait mouche à chaque fois. Richard Berry impose son style et n’est pas sans rappeler les meilleurs thrillers psychologiques américains. Le réalisateur suit son personnage aux frontières du réel et de sa folie en multipliant les fausses pistes, et en gardant une certaine pression sur le spectateur. Ce qui est intéressant dans la démarche de « La boite noire » c’est cette démarche d’explorer la mémoire d’un personnage tout en se débarrassant des informations parasites. Une peu comme le fit Alan Parker avec « Angel Heart », Richard Berry nous dessine un personnage qui semble être à la fois victime, coupable et spectateur.
Mais le réalisateur se perd un peu dans les pièces de son puzzle et finit parfois par se mélanger lui-même. Le spectateur se retrouve donc face à un dilemme désastreux pour le film : « Faut-il continuer ou au contraire laisser tomber ? ». Car la complexité de l’histoire provoque inévitablement quelques longueurs dans le déroulement que le réalisateur ne parvient pas à éviter. Un tel point que le final s’avère plutôt décevant, car suscité par une trop grande pression.
Côté distribution, on retiendra évidemment la prestation impeccable de José Garcia (La vérité si je mens 2) qui s’illustre une fois de plus dans la complexité de ses choix. Le comédien fait oublier en un clin d’œil, l’amuseur qui le rendit célèbre et nous donne un personnage sombre et torturé d’une maitrise remarquable. Même chose pour Marion Cotillard (La Môme), qui aime décidemment jouer la femme mystère et commence à démontrer, (puisque le film est antérieur) tout le bien que l’on pourra penser d’elle. L’actrice est intrigante, glamour, discrète et pourtant si présente dans le film.
En conclusion, « La boite noire » est un film certes maitrisé par son réalisateur, mais qui manque toutefois de tenu dans l’intrigue et dans le rythme. Néanmoins le film prend de l’ampleur grâce, notamment, aux jeux impeccables de José Garcia et Marion Cotillard.