A Reno, Roslyn s’apprête à divorcer. Fasciné par la beauté de la jeune femme, un cow-boy entre deux âges, lui demande de partager son existence. Elle se lie également d’amitié avec un riche éleveur et un garagiste veuf. Ils paraissent comblés mais subissent en fait une misère affective et intellectuelle.
John Huston (African Queen) fut l’un des réalisateurs les plus marquants de l’histoire du cinéma américain. D’abord parce que le réalisateur sut, comme personne, illustrer les sentiments des personnages, comme dans ce cas présent, où il depeind la solitude de plusieurs personnages se réfugiant sous le masque de la bonne humeur, du bonheur asumé, pour ne pas montrer la douleur d’une solitude qui les met à la dérive. Le réalisateur ne cherche pas, une fois de plus, à donner une image lisse et pleine de bonne humeur de ses acteurs, bien au contraire, il utilise leur image pour mieux appuyer sur les nuances qui apparaissent au grand jour
Ainsi Marylin Monroe apparait comme une femme un peu volage, un peu gourde, qui décide de partir en voyage après un divorce douloureux. L’actrice, durant le film, s’éloigne peu à peu de ses rôles précédents et commence à laisser apparaitre une fragilité bienvenue. La comédienne laisse transpirer sa fragilité et donne une composition saisissante de cette femme convoitée par tous les hommes, mais qui ne cesse de ressentir une solitude et un besoin d’être aimé pour autre chose que ses formes. Clark Gable, que l’on sent vieillissant, use de son charisme pour donner à son personnage une sorte d’assurance surprenante, qui contraste avec cette solitude qu’il tente de combler par la présence de ses amis, y compris celle de cette femme superbe. Enfin Montgomery Cliff, encore une fois s’impose dans ce personnage de cow-boy, qui souhaite trouver enfin une âme sœur qui l’accompagnerait tout au long de son existence, pour cacher le manque d’assurance qui le caractérise. Tous ces personnages se retrouvent dans un engrenage où leurs fêlures apparaissent comme un reflet de leur propres existence.
Avec « Les désaxés », John Huston reussit le tour de force de nous entrainer dans les méandres d’une histoire où les sentiment ne sont pas forcément ceux qu’ils semblent-être. Sans jamais relâcher la pression, le réalisateur met tout son talent au service de l’œuvre d’Arthur Miller afin d’illustrer avec brio ce qui se cache au plus profond de ses personnages. Huston a parfaitement compris que Marylin pouvait être autre chose qu’un simple objet de fantasme, qu’elle pouvait être aussi une femme fragile presque cristalline. Sans savoir que ce film serait le dernier pour les trois acteurs principaux puisque Clark Gable mourrut d’une crise cardiaque deux jours après la fin du tournage, Marylin Monroe, un an après la sortie du film et Montgomery Clift disparu aussi d’une crise cardiaque quatre ans plus tard, le réalisateur donna tout le relief nécessaire aux acteurs et leur offrit certainement le meilleur rôle de leur carrière.
Une image correcte sans être brillante, les noirs et blancs, choisit par le réalisateur sont parfaitement dosés pour en conserver toute la nostalgie. Les contrastes permettent de mieux mettre en perspective l’ensemble. Le support se révèle efficace pour donner au film la texture souhaitée par le réalisateur.
Dommage que parfois les éditeurs ne souhaitent pas forcément mettre plus de moyen à la restauration d’un film, même si celui-ci le méritait largement. Nous n’avons donc le droit qu’à une piste mono d’origine, criarde et sans relief. Dommage car on espérait en avoir un peu plus afin de mieux ressentir l’aspect âpre et nuancé de l’œuvre de Miller