Cannibal holocaust

Catégorie
Cinéma
Titre Original
Cannibal holocaust
Genre
Pays
Italie
Date de sortie
18/10/2011
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Franco Di Nunzio
Scénaristes
Gianfranco Clerici
Compositeur
Riz Ortolani
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
92
Support
Critique de Julien Sabatier

L’histoire :

Partis à la recherche de reporters disparus dans la jungle amazonienne, les membres d’une expédition de sauvetage ne retrouvent que leurs bobines de pellicule. Les images sont terribles.

Critique subjective :

Cannibal holocaust. Deux mots pour un titre qui, dans l’inconscient collectif, résonne presque aussi durement que « Massacre à la tronçonneuse ». Une belle dénomination, en tout cas, pour une œuvre nimbée d’une aura malsaine. Objet de légende (tenace réputation de snuff movie) et de procès (son réalisateur jouera les abonnés aux tribunaux italiens), Cannibal holocaust n’est pas un film comme les autres. Pour preuve, il sera, à sa sortie, interdit (dans une soixantaine de pays), mutilé par les ciseaux de la censure ou frappé de visas infamants. Le métrage est aussi une superbe matière à controverse sur laquelle on a beaucoup glosé. Œuvre putassière ? Film horrifique visionnaire ? Sans doute un peu des deux car s’il est un métrage tiraillé entre des aspects contradictoires, c’est bien Cannibal holocaust.

N’en déplaise à certains, Cannibal holocaust est une œuvre qui allie fond signifiant et formalisme novateur. Pellicule enragée née d’un dégoût bien réel (envers la couverture médiatique des actions des brigades rouges), le métrage est une attaque en règle contre le sensationnalisme, le voyeurisme journalistique. A ce propos, on retiendra tout particulièrement le comportement ignoble des reporters débarquant dans le village amazonien (ils sont prêts à tout pour créer l’évènement devant l’objectif de leur caméra) et la réaction initiale d’une productrice sans scrupules (« Le public veut du sensationnel ! Il veut être choqué ! »). Les médias et leur soif malsaine de spectaculaire en prennent pour leur grade. Avec des années d’avance, Deodato nous mettait aussi en garde contre certaines dérives à venir, la « téléréalité » en tête.

De par sa forme même, Cannibal holocaust est aussi une formidable réflexion sur le pouvoir de l’image. Empruntant au film de cannibales (sous-genre dans lequel Deodato s’était déjà illustré), mais surtout aux mondo movies (ces authentiques documentaires sensationnalistes), le réalisateur brouille soigneusement les cartes. S’il y a bien un élément qui a décuplé le côté dérangeant du film, c’est sa forme réaliste, son aspect documentaire (vue subjective, tournage à l’épaule, jeu sur les formats), son côté cinéma vérité. Deodato sème le doute, cultive sciemment l’ambiguïté. Jouant sur le langage cinématographique, il adopte un procédé immersif qui met le spectateur dans une inconfortable position de voyeur. Poisseux, étouffant, le film distille le malaise. A noter que Cannibal holocaust sera aussi le grand pionnier du « found footage » (expression désignant un film de fiction présenté comme un documentaire retrouvé) et se pose comme le lointain précurseur du Projet Blair witch, de [REC] et de Cloverfield.

Cannibal holocaust, c’est aussi une facette plus sombre, moins glorieuse. Équivoque, le film se perd quelque peu dans son exercice de démonstration, se prend à son propre piège. A vouloir dénoncer la violence par la violence, il finit par nous montrer … ce qui est justement censé ne pas l’être. Si, à un niveau diégétique, toutes les pellicules finiront par être brûlées sans être divulguées au grand public, le métrage, lui, nous dévoile largement leur contenu. Deodato fait même durer certaines séquences jusqu’à l’écœurement et semble se complaire à la monstration d’un large catalogue d’atrocités propice à du gore crapoteux. Paradoxal. Autre élément à la charge du film, et non des moindres : le fait que plusieurs animaux aient été réellement tués pour les « besoins » du tournage. Si le procédé n’est pas propre à Cannibal holocaust, il n’en demeure pas moins révoltant et impardonnable. Deodato lui-même le regrettera a posteriori. Les images, elles, demeurent.

Verdict :

Trois décennies après sa sortie, Cannibal holocaust n’a rien perdu de son parfum capiteux. Pour autant que l’on reconnaisse au métrage son importance narrative et formelle, on n’est pas obligé de le porter dans son cœur. Il n’a d’ailleurs sans doute pas été conçu pour ça.

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1

S’il ne faut évidemment pas s’attendre à un rendu HD identique à celui d’un métrage sorti récemment, force est de constater que la restitution est néanmoins des plus satisfaisantes. C’est bien simple : on n’avait jamais vu Cannibal holocaust comme ça. Par rapport aux différentes éditions DVD sorties par le passé, la plus-value est significative (les aficionados du métrage savent ce qu’il leur reste à faire …). Le niveau de détail impressionne et le rendu des couleurs (dominante verte, bien entendu) est éclatant. L’éditeur ayant eu la bonne idée de ne pas abuser du réducteur de bruit, on retrouve le métrage dans une version beaucoup plus nette mais pas trop lisse. Le grain d’origine, indispensable, est toujours bien présent et l’on s’en réjouit. Le côté bis, brut, n’est ainsi pas gommé par le passage du film en HD. C’est là la plus grande réussite de cette édition. Un bilan très positif côté image.

Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Insuffisante
Italien
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Italien
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Insuffisante

Comme au niveau visuel, l’éditeur a eu le bon goût d’augmenter la qualité sans dénaturer ce qui fait l’identité du métrage de Deodato. Le DD 5.1 italien est ainsi clair, dynamique et puissant (basses impressionnantes) tout en conservant un certain côté frontal, une immédiateté caractéristique de l’œuvre. Le bourdonnement de l’enfer vert nous happe et la géniale partition du compositeur Riz Ortolani sonne comme jamais. A noter également la présence de deux pistes mono (italien et français) qui affichent un rendu forcément moins bluffant mais satisferont certains puristes du film. A l’arrivée, tout le monde y trouvera son compte.

Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 107 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

- Cannibal holocaust le documentaire (60 minutes) : Images du tournage et interviews récentes des principaux artisans du film. Instructif, le tout s’articule autour de quelques thèmes (la production, le tournage, la musique, la censure, le film aujourd’hui). Le documentaire se clos sur l’image magique d’un Deodato écoutant Riz Ortolani jouer le thème du film au piano. Un moment de grace à vous faire pleurer un bisseux.

- Interview de Julien Sévéon (13 minutes) : Toujours pertinent, le journaliste resitue le métrage dans son contexte (la filmographie de Deodato, les films de cannibales, les mondos) et évoque notamment les rumeurs et controverses qui continuent d’entourer cette œuvre pas comme les autres.

- Les scènes censurées (7 minutes) : Séquences jadis coupées dans le montage français du film.

- Deux bandes annonces (5 minutes).

- Conférence de presse de Ruggero Deodato (22 minutes) : De passage à Paris en 2003, le réalisateur italien évoquait (en français) sa carrière et les deux œuvres qu’il affectionne le plus (Cannibal holocaust et … Barbarians !).