Habemus Papam

A la mort du Pape, Le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que la fumée blanche ne s’élève de la cheminée.. Enfin un cardinale est élu ! Mais les fidèles, massés sur la place St Pierre attendent en vain l’apparition du Saint Père. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ?

Il y a des réalisateurs dont la carrière semble intimement liée à celle du festival de Cannes. Nanni Moretti en fait partie. Depuis son « Journal intime » en 1993 en passant par « La Chambre du fils », le réalisateur explore les sentiments intimes de l’être humain. Parfois en suivant un parallèle avec sa propre existence. Mais cette fois-ci, le réalisateur et comédien a décidé de s’interresser à la lourde charge que représente celle de souverain pontif, en imaginant toutes les questions que cela impose à un homme de se retrouver subitement le guide suprême. Les doutes, les angoisses et la lourdeur d’une charge qui d’un coup effraie plus qu’elle ne fascine. Nanni Moretti mêle une fois de plus la comédie au drame, le burlesque et le tragique. Le personnage tente de fuir une prison dorée et spirituelle en se plongeant à nouveau dans la réalité dont il s’est isolé progressivement pendant des nombreuses années.

Le réalisateur, comme à son habitude, maitrise les codes du cinéma burlesque Italien et parvient avec beaucoup de finesse à jouer sur deux tableaux en même temps. En composant son film sur deux niveaux d’émotions, Nanni Moretti trouve la bonne tonalité pour à la fois offirir une psychanalyse de luxe au pape et en même temps se moquer de cette science qui ne cesse d’analyser les comportements humains tout en s’inspirant des travers de ses patients. Le regard juste, la narration soignée, le réalisateur brosse des portraits aussi burlesques que tendres, imaginant tout en respectant les codes d’une cérémonie complexe, coincée dans un protocole qui ne laisse que très peu de marge aux doutes.

Pour cela, Nanni Moretti s’appuie sur la prestation toujours aussi infiniment minutieuse et précise que celle de Michel Piccolli. L’acteur traine une mélancolie, maitrise une folie née d’une angoisse difficile à maitriser pour un être finalement humain que l’on veut considérer comme un Saint. Exigeant avec lui-même à l’identique de son personnage, le comédien pousse une fois de plus son rôle au fond de son identité, jouant entre les doutes et les certitudes de ce pape qui n’assume pas son illustre fonction.

En conclusion, « Habemus Papam » est un film à la fois tendre et drôle sur les travers de la psychanalyse et la fonction parfois lourde et angoissante de guide spirituel d’une eglise catholique, qui cherche son identité et peut être par la même, un nouveau souffle.

Une image soignée avec des couleurs particulièrement bien tenues. Les contrastes donnent un véritable éclat au film, et offre ainsi toute sa valeur aux soins apportés par le réalisateur aux décors . Le support est d’une grande efficacité pour donner tout son sens aux jeux des ambiances du film. « Habemus Papam » de Nanni Moretti est un film soigné qui retranscrit avec beaucoup de précision le luxe du vatican et les contrastes de la capitale Italienne

Une piste DTS-HD Master Audio, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec beaucoup de brillance surtout dans les sonorités particulieres aux ambiances. Le DTS-HD Master Audio fait des merveilles et plonge littéralement le spectateur dans l‘aspect, à la fois grandiose et oppressant. Et surtout l'occasion pour une fois, de pouvoir avoir une VF aussi prestigieuse que la version originale.