Louis, 16 ans
est le fils du proviseur de son lycée. Son meilleur ami, Greg, est sous la
menace d’un renvoi définitif après avoir agressé sa jeune prof d’anglais. Pour
se venger, il décide de la kidnapper. Louis devient complice en fournissant les
clés d’un cabanon de famille isolé sur un îlot, dans les marais. Ligotée,
humiliée, Camille est emprisonnée. Ils doivent la libérer le lendemain matin,
mais Greg ne vient pas au rendez-vous…
Le sujet de
la dérive adolescente, n’est pas à proprement parlé, un exercice facile, tant
les nuances sont nombreuses que ce soit les évidences ou les zones d’ombres. Et
le réalisateur Safi Nebbou semble beaucoup apprécier les trames exploratrices de
la dérive psychologique, on l’avait déjà vu dans « L’empreinte de l’Ange »
ou encore d’une certaine manière dans « L’autre Dumas ». Mais cette
fois-ci le réalisateur s’inspire d’un roman de Boileau-Narcejac, dans lequel un
adolescent normal, bon élève, se lie d’amitié avec un cancre qui va lui
demander de l’aide pour enlever et humilier une prof d’anglais. Mais lorsque
son ami sort de l’équation, l’adolescent se retrouve face à un choix auquel il
n’était préparé : Assumer sa complicité ou s’en détacher ?
Et c’est là
toute l’intelligence de ce scénario, que de ne pas sombrer dans la surenchère,
mais au contraire de montrer petit à petit la dérive du jeune homme tour à tour
tourmenté par la culpabilité, l’attirance physique, l’adrénaline et la peur. Et
le scénario prend le partis de poser au fil de l’évolution, les choix risqués,
dramatiquement innocents, qui emmèneront tout droit Louis vers l’inévitable.
Et la trame
de Safy Nebbou et Gilles Taurand n’est pas de porter un jugement, bien au
contraire, elle constate, elle montre l’implacable, se sert de la relation
père/fils pour étayer cette dérive candide du jeune homme perdu après le décès
de sa mère. Jamais dans le superlatif, quasiment dans le minimaliste, la mise
en scène du réalisateur est simple, parfois contemplative, mais au final très
manipulatrice, car le spectateur se laisse prendre au jeu de cette atmosphère
âpre, presque moite qu’il a su créer. Le réalisateur distille avec beaucoup de
minutie des plans, pour amener le spectateur à comprendre les paradoxes qui
envahissent le garçon, comme son attirance juvénile pour la professeur d’Anglais
et son envie de la rendre libre mêlée à l’inconsciente peur de la laisser
partir.
Le jeu
d’Emile Berling (Les Hauts Murs) est à ce point précis qu’il parvient en quelques plans à
effacer celui de son père Charles, tout en retenue. Le duo fonctionne à
l’écran, le père s’efface pour laisser le talent du fils rayonner sur la toile.
Le jeune homme est en place, minutieux dévoile une palette de sentiment d’une
étonnante maturité et prouve que la profession devra compter sur lui.
En
conclusion, « Comme un homme » est un film simple mais redoutablement
efficace et particulièrement intelligent sur la dérive d’un adolescent qui
s’entête innocemment à faire les mauvais choix. La réalisation est
intelligente, le scénario précis et le jeu des acteurs minutieux. Rien à dire !