World War Z

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
USA
Date de sortie
05/12/2013
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Ian Bryce, Dede Gardner, Jeremy Kleiner, Brad Pitt
Scénaristes
Matthew Michael Carnahan, Drew Goddard, Damon Lindelof
Compositeur
Marco Beltrami
A propos du film
Doté d'un budget de 190 millions de dollars (125 avant que les problèmes de production ne viennent pousser le studio à casser leur tirelire) le film a connu un large succès dans le monde entier (540 millions de dollars amassés), devenant le plus gros hit de sa star, Brad Pitt, si l'on ne tient pas compte de l'inflation.
Une suite est prévue qui, au vu des critiques, a plutôt intérêt à rectifier le tir au niveau qualitatif.
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
123
Support
Critique de Guillaume Simon
L'histoire
C'est alors que Brad Pitt prépare des pancakes et des donnuts dans sa cuisine en Pennsylvanie USA qu'une épidémie, aussi subite que massive et violente, prend ses origines jusqu'à arriver aux États-Unis en un temps record. Le monde entier est touché, les victimes, et donc les contaminés féroces amateurs de chair humaine - car il s'agit d'une épidémie zombie - se comptent par milliards. Fort heureusement, Gerry (Brad Pitt) est un ancien émissaire de l'ONU et le seul à même d'accompagner un scientifique en mode Mr Bean dans sa quête d'une solution.

Critique subjective
World War Z est un film bicéphale. Côté pile, un divertissement honnête, très imparfait mais calibré et adapté au grand public, côté face un film de zombies totalement raté, aux morts-vivants tellement propres qu'ils semblent sortir d'un carwash et doté d'un scénario gruyère dont les trous seraient bouchés par les pires clichés et incohérences possibles et imaginables. Difficile alors d’émettre un jugement, même subjectif, tant on est sans cesse balloté d'un côté ou de l'autre de la balance. Alors, train fantôme bon enfant ou insulte lâchée à la face des fans de zombie flick de la planète horreur ? Avant toutes choses, un petit retour sur le phénomène zombie s'impose. Ou comment les morts-vivants ont, en quelques années, bouffé la culture populaire de tous les côtés.

In zombies we trust

Si les morts-vivants ont débuté leur carrière sur écrans avec le White Zombie de Victor Halperin en 1932 ils ont évidemment atteint leur maturité avec La nuit des morts-vivants de Romero 34 ans plus tard. Pour la première fois, le zombie était actif, non pas un esclave docile au service d'un sorcier ou d'un maître maléfique mais une entité indépendante et agressive. Si le film séduit immédiatement les aficionados du genre, c'est le zomblard suivant du père Romero qui touchera un plus grand public. Sobrement intitulé Zombie en France (Dawn of the dead aux USA), cette "suite" gagne en ampleur et popularise l'invasion de masse des morts-vivants. Surtout, Romero leur donne une large dimension sociale. Contrairement aux vampires, aux fantômes et autres monstres géants et sorcières pleines de pus, les zombies ne sont, ni plus ni moins, que des hommes. Passés à trépas certes, mais des hommes tout de même. La menace qui vient de l'intérieur, la pandémie, la peur de l'infection, la mort qui marche inexorablement, presque indestructible, imbattable, la fin du monde et des sociétés organisées, l'impuissance des gouvernements et des armées... tant de caractéristiques qui enflamment les imaginations et les peurs du public. Le zombie devient alors très vite vecteur des peurs sociales contemporaines. Racisme, consumérisme, péril atomique, Nabilla, violence, sida... le zombie prend tout naturellement l'image de nos angoisses les plus profondes.

Malgré tout, de part sa nature pas très propre et les excès gores des films qui le mettent en scène, le zombie reste une marque déposée de l'univers des amateurs d'horreur et a bien du mal à aller au-delà. Alors, sont-ce les craintes liées à l'après 11 septembre, les sentiments d'insécurité ou encore la peur généralisée face à la situation géopolitique, souvent fébrile, du monde actuel, mais les zombies, non contents d'être revenus sur le devant de la scène ces dernières années, ont littéralement envahit la culture populaire. Un visage est désormais donné à nos craintes dans nos divertissements, c'est le zombie. Le vrai coup d'envoi a été donné dès 2002 avec 28 jours plus tard de Danny Boyle puis en 2004 avec L'armée des morts de Zach Snyder, remake du Zombie de Romero et depuis, rien n'a cessé, bien au contraire. Romans, bandes-dessinées, jeux vidéos, séries télévisées, films, jeux de plateaux, mais aussi t-shirts, mugs, posters, slips, balles de golf, tongs... tout ce qui se vend et donc s’achète. Le zombie est partout. Au point d'en perdre son âme une seconde fois ? Pas forcément. Une bande-dessinée fleuve comme Walking-dead reste extrêmement respectueuse du mythe, qu'elle traite intelligemment pour ne rien gâcher. La série éponyme, même si largement aseptisée, reste également d'une qualité variable mais indiscutable. Il y a évidemment certains écueils malheureux à la gloire du marketing ou quelques récupérations douteuses, mais plutôt que de la quantité, c'est l'overdose qui représente la plus grande menace au phénomène désormais. Il n'était ainsi question que de temps pour que le cinéma AAA s’intéresse à la chose. Et c'est l'excellent roman de Max Brooks (fils de Mel) World War Z qui a été élu pour devenir le premier blockbuster sauce morts-vivants.

Du zombie en mode Mickey
Le projet fut, il faut le dire, un véritable nid à problèmes. Pas moins de huit longues années de developpement hell auront découragé même les plus optimistes et ce n'est pas l'arrivée de Marc Forster à la barre qui fut là pour rassurer les troupes. L'auteur de l'un des plus mauvais James Bond a d'ailleurs été (assez malproprement) viré du tournage (ou en tout cas mis à l'index) pour cause des fameux différents artistiques. C'est en effet toute la fin du film qui fut reshootée à l'occasion d'un tournage additionnel de sept semaines rentré dans la légende du film. Exit donc le personnage de Matthew Fox, qui se contente ici d'un caméo à la limite du subliminal, exit aussi le final en Russie et ses batailles dantesques pour un huis clos raté en guise de climax. Mais commençons par le commencement.

Le début du film est, il faut le reconnaitre, une belle réussite. L'apparition de la pandémie, la panique généralisée, le chaos, le look "parce qu'il le vaut bien" de Brad Pitt... tout est là pour satisfaire le spectateur lambda venu se divertir un samedi soir. Mais, très vite, on déchante. Les zombies, au cœur du film évidement, sont ridiculement aseptisés. On peut comprendre qu'un film à 190 millions de dollars ne peut pas se permettre d'être aussi gore qu'un Braindead, mais il existe un juste milieu entre un mort décharné se baladant un bras en moins, les tripes à l'air et des asticots lui sortant d'un orbite et ceux proposés par le film, vaguement pâles et desséchés et en forme olympique. Le problème, plus général, est que tout le film suit cette ligne directrice bon enfant. Dans un soucis évident de ratisser au plus large, de l'amateur qui ira forcément voir le film au gosse de douze ans  qui aura l'impression de braver un interdit, le film devient tout public, ou presque, pas loin du partenariat avec MacDonald et d'un happy meal "zombie". Pourtant, ce défaut, déjà bien carabiné, n'est pas totalement rédhibitoire. L'intérêt d'un film de zombie, comme expliqué plus haut, réside avant tout dans son histoire, sa dimension sociale ou sociologique qui est aujourd'hui presque indissociable du monstre. Le problème est que le plus gros défaut du film se situe justement là. Au scénario. Un scénario incomplet et inachevé au moment du début du tournage du film, et ça se voit. Et pas qu'un peu.

Ying ou yang ?
En résulte des choix complètement à côté de la plaque. Des incohérences incroyables. Des clichés indignes. Il faut voir le scientifique (à l'interprétation lunaire plus ou moins calquée sur celle de Jeff Goldblum dans Jurassic park) expliquer sa petite théorie (on aura vite compris que cet échange neuneu sera repris en flash-back plus tard) et se faire sauter le caisson de la manière la plus ridicule qui soit (surtout qu'au niveau de la mise en scène, l'acte est traité, involontairement, comme un gag). Un personnage ds'ailleurs tout à fait inutile car, malgré qu'il soit présenté comme la dernière chance de l'humanité tout en semblant juste sortir de quatrième (du coup on ne comprend pas vraiment l'utilité de Pitt, étant dernier qu'il est déjà accompagné par une escouade de marines), sa mort ne provoque qu'un petit froncement de sourcil de notre vendeur de parfum favoris. Et le film de continuer comme si de rien n'était...
On se souviendra également de la scène se déroulant à Israël, dont provenait à peu près tous les money shots de la bande-annonce, où tout semblait se dérouler parfaitement depuis des mois et qui dégénère au moment précis de l'arrivée de Pitt. Ou encore la scène de l'avion, spectaculaire certes, mais qui pose véritablement de nouvelles bases au niveau de la suspension d'incrédulité (on peut franchement se demander si on est pas en train de regarder Incassable 2). Ou enfin ce climax final, qui aura tant fait jaser. D'une portée émotionnelle nulle, d'une tension toute relative, elle permet surtout de mettre le personnage de Pitt en avant et de le poser en sauveur de l'humanité (sans doute le point de désaccord de la fin d'origine) pour finir par nous soumettre le placement produit le plus scandaleusement voyant et ridicule depuis Seul au monde.

Si l'on passe du côté de l'anti-thèse, et si on regarde le film comme un divertissement où l'on débranche son cerveau... et bien on passe malgré tout, et de manière paradoxale plutôt un bon moment. Le film reste vraiment moyen, mais il comporte suffisamment de morceaux de bravoure et de scènes spectaculaires pour maintenir l'intérêt tout du long. L'apocalypse zombie aura longtemps été un fantasme de geek, et même en mode Disney, les images sont enthousiasmantes (encore faut-il tout de même passer l'éponge sur nombre d'idées improbables comme ces zombies en mode fourmilières).
Tout le problème du film est là. La façon de le percevoir dépendra beaucoup des attentes du spectateur mais aussi de sa capacité à pardonner les défauts du film pour se concentrer sur la seule et unique chose qu'il a à offrir, du spectacle. Une véritable série B en mode A. Alors, quand peut-on décider qu'un film va trop loin ? Qu'il est trop ouvertement mercantile pour être honnête ? Qu'on est capable ou non de lui pardonner ses défauts de conceptions et ceux inhérents au cynisme avec lequel il a été réalisé ? C'est une réponse qui dépendra de chacun, avec sa sensibilité propre.

En conclusion
Au final, et après mûre réflexion, mon avis personnel est que considérer World War Z avec l’œil d'un amateur d'horreur, fan de Romero et Cie de surcroit est aussi malhonnête que le film lui-même. Il aurait été strictement impossible qu'un film de cette ampleur financière revête ce qu'il fallait de gore et de transgression scénaristique pour vraiment rendre justice à la fois au genre lui-même et au roman qui servit de base au film. La manière sans doute la plus honnête est de prendre le film pour ce qu'il est, pas pour ce qu'on aurait voulu qu'il soit. D'où une note qui peut sembler un brin clémente. Si l'on se plaçait du premier point de vue, la note baisserait d'un point. Facilement.
Les défauts restent, malgré tout, nombreux, voyants et à la limite du tolérable pour peu que l'on ne soit pas disposé à la bienveillance. On ne peut au final que se poser des questions sur l’honnêteté même de l'entreprise, sans doute plus vouée à amasser un maximum de brouzoufs en masse, quitte à y sacrifier la qualité (mais en ratissant au plus large) qu'à faire un vrai bon film honnête et sincère. Entre essayer de vendre le film qu'ils auraient pu faire ou  faire un film qu'ils pouvait vendre facilement, les responsables à la barre de World War Z ont visiblement fait leur choix.

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
Techniquement, l'image de World War Z est de très bonne qualité. Les couleurs, ternes (un effet volontaire), sont bien gérées et participent pour beaucoup à l’atmosphère du film. La patine "réaliste" voulue est très bien retranscrite et les multiples environnement (glacés, sombres, baignant dans le rouge des néons...) ne font jamais chuter une qualité générale tout juste entachée par une définition qui accuse quelques légères baisses de régime.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Deux pistes sont à souligner tout particulièrement, la VO et la VF comme de bien entendu.
Et c'est la VO qui est à l'honneur avec une piste HD 7.1 qui se défend parfaitement. Les scènes d'action sont apocalyptiques, bruyantes et fortes. Les scènes intimistes discrêtes. Le tout est géré de manière bien sentie avec un dosage et un équilibre adapté. Du bel ouvrage.
La piste VF est une simple DD 5.1. Elle bénéficie de qualités approchantes de son homologue, la force en moins.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 52 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au niveau des bonus ou est au service minimum. Pour un film de cette ampleur on était en droit d'attendre une véritable making-of. On a à la place un condensé au rabais. On aurait certainement adoré que les scénaristes reviennent sur leur choix, il n'en est pour ainsi dire pas fait mention. Un documentaire sur les reshoots ou les scènes coupées correspondantes ? Encore perdu, peut-être dans une future édition super-collector-mega-bonus ou pire, montées dans la suite à venir. Au programme donc :

- Origines :
un peu plus de huit minutes entrecoupées d'un tas d'extraits du film que l'on a déjà vu pour nous expliquer les origines du projet, que le roman est génial, que Brad Pitt est génial, que Marc Forster est génial... (baille...).

- Regard sur la science :
encore plus court, ce module revient sur la possibilité d'existence d'une pandémie similaire dans la réalité. Sujet intéressant, mais peu approfondit et encore une fois gangréné d'images du film toutes les dix secondes.

- WWZ production :
Pour la première fois, on a quelque chose qui ressemble à un reportage intéressant. Les images du tournage, les témoignages, les anecdotes, rien ici ne vient nous renseigner sur le chaos qu'aura été la production en réalité. Restent quelques passages intéressants malgré tout.