A la fin de la guerre de Sécession, les entrepreneurs du chemin de fer exproprient les propriétaires des terres situées sur le parcours du rail. N'hésitant pas à recourir à la violence, ils s'en prennent bientôt aux James et abattent la mère de cette paisible famille d'éleveurs. Jesse, le fils cadet, venge sa mort, avant de se réfugier dans les collines avec Frank, son frère aîné. Contraints à la clandestinité, les deux fuyards deviennent des bandits redoutés...
L’un des tout premiers films en technicolor parla de l’une des légendes de l’Ouest : Jesse James. Intitulé « Le brigand Bien-aimé », le scénario s’inspire certainement de faits historiques, mais s'inspire d’une chanson folklorique américaine, qui aurait presque tendance à présenter Jesse James comme une sorte de Robin des Bois de l’Ouest. Si la réalité est très éloignée de la fiction, le scénario signé Nunnally Johnson (Les 12 Salopards) lui donne un aspect plus romanesque, plus virevoltant que sombre comme l’était certainement le chef du gang des frères James.
D’ailleurs, le réalisateur signe là une mise en scène particulièrement soignée, dont les prises de vues en décors naturels donnent tout le relief nécessaire à la mise en ambiance du spectateur. Henry King a parfaitement integré les ficelles du western sans toutefois sombrer dans les classiques du genre, avec des duels interminables et forcément des indiens méchants. Ici, le film s’interresse plutôt à ce qui a jeté le brigand dans sa spirale de braquage avec son frère. L’avancée du chemin de fer et toutes les dérives mafieuses qu’il engendra, se révèle une matière inépuisable et surtout inattaquable de l’injustice que subirent de nombreux fermiers de l’Ouest. Si avec le temps la réalité beaucoup plus sombre de l’histoire des frères James est apparue, notamment leur combat lors de la sortie de la guerre de sécession.
La réussite de ce film demeure essentiellement dans la qualité de direction d’acteur que maîtrise le réalisateur. Tyrone Power (Salomon et la reine de Saba)qui signera plusieurs collaborations avec Henry King, s’amuse de son personnage de hors-la-loi romantique à l’honneur intact. L’acteur comme à son habitude joue parfaitement la carte ambigüe du brigand au grand cœur et le charme qu’il dégage fonctionne dés les premières apparitions. Henry Fonda (Les raisins de la colère) quand à lui commence déjà à parfaire son personnage énigmatique « démon au regard d’ange ». On ne sait jamais s’il la confiance lui est dûe ou si au contraire la méfiance est de mise. Le duo d’acteur fonctionne à merveille et donne un véritable relief aux deux frères James.
En conclusion, en plus d’être l’un des premiers films en technicolor, « Jesse James, Le brigand Bien-aimé » est une version romanesque certes de la vie du hors la loi le plus célèbres de l’Ouest, mais le charme du duo Power/Fonda fonctionne à merveille et signe tout l’intérêt du film.