Hyeong Do est un tueur à gages qui ressemble beaucoup à un salarié d'une entreprise au sens le plus classe et banal du terme. Il cherche à raccrocher une bonne fois pour toutes mais les choses ne se passent pas comme prévu.
Le cinéma Coréen est l’un des plus productifs de la planète, il part dans tous les sens et parfois pour le pire mais aussi pour le meilleur. C’est évidemment dans le film d’action que le cinéma Coréen se démarque des autres et a prit ses lettres de noblesse, de la même manière que le fit avant lui le cinéma Hong-Kongais, avec des réalisateurs comme John Woo. Mais si le cinéma de ce dernier avait tendance à privilégier la mise en scène ultra stylisée au détriment d’une histoire solide ou dans tous les cas plus nuancée, le Coréen a tendance à soigner le fond pour offrir un spectacle, certes violent, mais non dénué d’émotion.
« A company man » en est un bel exemple, car le réalisateur Lim Sang-Yoon qui signe ici sa première réalisation, ne livre pas simplement un film avec des détonations dans tous les sens, des personnages vidés de sens et de l’hémoglobine à foison, il s’intéresse également à la profondeur de ses personnages, notamment Ji Hyeong-do, le héros, qui porte comme fierté de faire son travail avec plaisir et dévouement, sans poser de question, et qui le fait bien d’ailleurs. Mais voilà, lors d’une mission, une rencontre et tout soudainement est remis en question. Le scénario glisse alors doucement le film vers une réflexion sur le dévouement, la rédemption et l’amour.
Et c’est tout ce qui fait la différence de ce film, avec l’ensemble de ces films d’action que peuvent produire les cinémas du monde entier. Les scènes d’actions ne sont plus les pivots du film, mais sont plutôt des éléments de narrations intéressants qui, sans être de la philosophie pure, n’en demeure pas moins intelligemment amenés, si bien que le néophyte, comme le fan reste accroché à l’histoire sans remettre en question tel ou tel scène, à plus forte raison, lorsqu’il s’agit de cette fausse société de construction navale, qui cache en fait une activité beaucoup brillante, et où chaque employé est un tueur qui à son bureau comme dans une multinationale, et qui au moment de la distribution du courrier, reçoit son ordre de mission et les outils qui vont avec.
L’interprétation est d’ailleurs particulièrement intéressante, notamment celle de Ji Seob-So (Can’t live without Robbery) véritable star en Corée, qui, outre le fait de manier les arts martiaux avec un rare détachement, parvient à donner une dimension plus sentimentale à son personnage, une sorte de fragilité dans le regard qui joue un peu plus sur l’ambiguïté.
En conclusion, on aborde souvent ce type de film avec inquiétude ou préjugés, mais le résultat est surprenant de maitrise, tant dans la mise en scène que dans le cadrage, mais aussi dans la narration qui joue à la fois sur le sentimental et sur l’action. Un vrai plaisir que ce film.