Phillip et Elizabeth Jennings, deux espions du KGB dont le mariage a été arrangé, s'installent avec leurs deux enfants dans la banlieue de Washington au début des années 80, juste après l'élection de Ronald Reagan à la Présidence. Se sentant une certaine affinité pour le mode de vie américain, le couple voit ses convictions mises à rude épreuve. Assumer une double identité va devenir de plus en plus difficile pour eux, d'autant qu'en cette période de Guerre Froide, le moindre faux pas peut leur coûter la vie...
Les espions et autres personnages menant une double vie ont forcément inspiré les scénaristes d’Hollywood. Dans cette nouvelle série, les créateurs nous proposent de suivre le quotidien tourmenté de deux agents du KGB missionné aux Etats-Unis pour dénicher les traitres à la patrie et les éliminer. Seulement voilà, en pleine guerre froide, les deux agents qui doivent passer pour un couple d’américains mariés avec deux enfants, commencent à apprécier le libéralisme ambiant au cœur du pays ennemis. Mais le danger devient aussi très présent dès lors qu’un agent du FBI s’installe dans la maison en face de la leur.
Et alors autant le dire, si les réalisateurs signent une mise en scène soignée, tout en insufflant ce qu’il faut de dynamisme pour rendre la série réjouissante, les scénaristes ont soigné le décor et la retranscription de cette période trouble des années Reagan est un petit bijou d’histoire. Ici les personnages sont dépeins avec beaucoup de soin et de précision. On y voit des personnages, certes patriotiques à l’extrême, comme pouvait l’être les agents soviétiques tels que la mémoire nous les rappelle.
Chaque épisode joue sur la corde entre le faux et le vrai, les enfants deviennent au fil des intrigues le pivot central de deux agents qui ont envie de mener à bien leur mission, qui sont obligé de garder à l’esprit leur appartenance à la patrie soviétique, mais qui commencent à glisser vers l’envie de rester sur cette terre inspirée de liberté plus ou moins assumée. L’envie d’une « American Way of Life », vécue au début comme une couverture, mais qui devient presque une envie viscérale, à travers des enfants nés et élevés aux Etats Unis.
La distribution est impeccable et ne ménage pas ses efforts pour rendre l’ensemble parfaitement crédible, à commencer par le couple Keri Russell (Felicity) et Matthew Rhys (Brothers and Sisters) qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour se fondre dans les rôles de ces agents infiltrés. Ils se donnent corps et âmes dans des combats parfois dignes de plus grands films d’espionnage. Si on peut reprocher à la série un manque de légèreté qui pourrait faire de cette série un produit plus abordable, la distribution est totalement en adéquation avec le sujet et plonge le spectateur dans un univers un peu schizophrène, où rien n’est totalement réel, totalement vrai, où parfois le mal se cache derrière ce qui peut être bien, où la façade masque aussi l’horreur.
En conclusion, « The Americans » est une série un peu froide, à l’image de l’époque qu’elle dépeint. Mais une chose est sûre c’est une série marquante, parfaitement bien rodée qui devrait s’ouvrir à une prochaine saison pleine de rebondissements. A suivre.