En un seul moment, tout peut changer. Mia, 17 ans, n'a aucun souvenir de l'accident : elle arrive uniquement à se rappeler avoir roulé le long de la route enneigée de l'Oregon avec sa famille. Puis, en un clin d'oeil, elle se retrouve observant son propre corps dévasté ... L'adolescente sera tiraillée entre l'envie de rejoindre ses parents dans l'au-delà et celle de se réveiller et de retrouver son petit ami et ses proches...
Voilà un film, dont on sait dès les premières lignes qu’il sera à caractère lacrymal. D’autant que la base du scénario repose notamment sur un livre à succès de Gayle Forman à destination des adolescents. Et le résultat est à la hauteur de la crainte, puisque en effet le film ne fait pas dans la demi-mesure. Il appuie de manière assez frontale là où ça fait mal. On commence par une présentation de la jeune fille, de sa famille, forcément idéal, avec des sourires partout, un peu comme une image d’Epinal. Et s’il y a une remarque à faire c’est bien ici. Car effectivement l’ensemble manque de nuance dans ce cas-là. Tout y est propre, sans nuance, aucune. On y voit des parents aimants, cools dans tous les sens du terme, anciens musiciens qui a laissé son groupe à succès pour s’occuper de sa famille et leur offrir le meilleur, un petit ami comme tous les pères en rêveraient, tout ça, tout ça.
Et puis après il y a la traitement en lui-même de l’histoire, dont tous les bons sentiments sont fait pour renforcer le propos, de la recherche de réponse de cet esprit en perte de réponse dans une entre-vie qui le terrifie autant qu’il le rassure. Il y a la famille dévastée, les proches qui veulent s’accrocher à n’importe quoi pour peu que l’espoir existe encore. Et c’est là, la meilleure idée du réalisateur que d’utiliser les flash-back pour mieux comprendre la construction mentale et sentimentale de cette adolescente en situation critique. Si le scénario marque quelques longueur il n’en demeure pas moins suffisamment bien écrit pour répondre aux attentes du public de comprendre qui était cette jeune fille et ce qu’elle vivait pour mieux accepter les doutes et les questions qu’elle se posera durant la suspension de son esprit.
D’ailleurs la scénariste Shauna Cross (Bliss) ne pose pas toutes les cartes dés le début, elle prend le temps de poser son personnage puis de distribuer les informations au fil du déroulement de l’histoire. Alors bien sûr les malheurs s’accumulent pour mieux perturber l’esprit de la jeune fille et les bonnes nouvelles sont aussi présentes, et la mise en scène du réalisateur viendra compléter l’ensemble, mais le film touche son but ! Celui d’interroger le public et de l’émouvoir par une histoire au final pleine de sobriété.
Côté distribution, Chloé Grace Moretz se libère de son personnage de « Hit Girl » dans « Kick Ass » et offre une composition minutieuse avec une certaine tendresse pour son personnage. La jeune fille este éblouissante et maîtrise avec beaucoup de justesse la charge émotionnelle de son héroïne. Et le couple qu’elle forme avec Jamie Blackley (Blanche Neige et le chasseur) respire la complicité et la justesse. Le comédien n’en fait pas trop dans les regards langoureux, bien au contraire. Il garde une certaine distance qui habille parfaitement son personnage.
En conclusion, « Si je reste » est un drame certes, à forte charge lacrymale, qui souffre de quelques longueurs et d’une maladresse un peu appuyée sur la peinture familiale de la jeune fille. Mais l’ensemble, au final fonctionne parfaitement et donne au public, exactement ce qu’il était venu chercher.