L'incroyable destin du coureur olympique et héros de la Seconde Guerre mondiale Louis "Louie" Zamperini dont l'avion s'est écrasé en mer en 1942, tuant huit membres de l'équipage et laissant les trois rescapés sur un canot de sauvetage où deux d'entre eux survécurent 47 jours durant, avant d'être capturés par la marine japonaise et envoyés dans un camp de prisonniers de guerre.
Les américains raffolent de ces histoires dans lesquelles le ou les héros vivent un enfer mais finissent par s’en sortir et font ensuite le tour du pays afin de témoigner de l’horreur de leur expérience et du courage qu’il leur aura fallu trouver pour retrouver la lumière. C’est donc le cas du nouveau film d’Angelina Jolie : « Invincible », qui s’inspire de l’histoire de Louis Zamperini, champion olympique qui s’engagea dans l’armée de l’air, passa 47 jours dans un canot de sauvetage avec deux de ses coéquipiers, après le crash de leur avion et fut fait ensuite prisonnier par les Japonais. Une seconde expérience particulièrement éprouvante qui le marqua durant toute sa vie.
Alors, si certains réalisateurs masculin, un brin conservateurs, auraient fait de ce témoignage un flambeau de la grandeur américaine, la réalisatrice Angelina Jolie, s’intéresse plutôt à la marque que laissera cette expérience traumatisante sur le jeune homme. Un angle d’attaque plutôt intéressant qui met en valeur l’aspect psychologique du combat entre l’athlète et son bourreau. Que ce soit les éléments ou l’officier Japonais, Louis veut survivre, ne pas se laisser tomber, aller au bout de ses forces gagner et ne jamais fléchir. C’est aussi toute la symbolique de sa vie : Fils d’immigrés, souvent pris à parti pour ses origines, sportif entraîné pour gagner, fier et battant ! La réalisatrice signe une mise en scène précise et une approche qui montre toute la sensibilité qu’elle éprouve pour ces jeunes hommes obligés de lutter pour leur survie, quelques soient les caractères. Car ce qui est intéressant dans l’approche qu’Angelina Jolie fait de son sujet, c’est qu’elle ne s’acharne pas à dénoncer ou à appuyer le trait des uns et des autres, non elle les traite tous de la même manière : Chacun dans son élément, dans son environnement. Mutsuhiro Watanabé, l’officier japonais, n’est pas simplement un bourreau sanguinaire, c’est un jeune homme en quête de reconnaissance, qui éprouve pour Louis, une certaine jalousie et peut-être même une certaine attirance ambiguë (Impossible de ne pas penser au film « Furyo » avec David Bowie !), et les coéquipiers de Louis, ne sont pas lâches ou mauvais, ils sont soit optimistes ou pessimistes, mais ils sont surtout brisés par des conditions de prisonniers, humiliés, menacés et torturés.
Et c’est toute la force du scénario des frères Cohen, qui ont finalement renoncés à réaliser le film. Et la réalisatrice y a trouvé tout ce qui fait son œuvre et sa ligne de vie : Le courage obligé face aux douleurs de la vie, les désastres de la guerre et la rédemption, puisque le film se conclut sur un message de rédemption. Il y a aussi dans le parcours de Louis Zamperini, un fort rapport à la religion, puisque ses prières, de son propre aveu, l’ont aidé à sortir des traumas de ces expériences.
Et sous l’œil de la caméra d’Angelina Jolie, on retrouve celui dont on suppose une longue et grande carrière, Jack O’Connell après deux films dans lesquels il fut éblouissants : « Les poings contre les murs » et « ‘71 ». Le jeune acteur est, une fois de plus, remarquable tant dans la détermination qu’il met à jouer des personnages hachés par les événements qui jallonnent leurs existences, mais aussi le talent qu’il dégage à composer ses personnages pour les rendre à la fois attachants et inquiétants. Dans « Invincible », il s’oppose à Miyavi, un rocker Japonais, qui trouve dans le rôle de cet officier une porte magnifique pour son entrée dans le monde du cinéma. Le duo s’oppose avec force et précision et rappelle, comme je le disait plus haut le duo que formait : David Bowie et Yuji Honma dans le film de Nagisa Hoshima « Furyo ».
En conclusion, Angelina Jolie signe ici un film d’une grande maturité, qui a le bon sens de ne pas transpirer le patriotisme à outrance, mais simplement l’humanité la plus fine et la plus belle certainement. Sa mise en scène est précise et minutieuse et la distribution incroyablement fraîche avec de jeunes acteurs brillants.