Alex, qui travaille dans une grande brasserie, partage son appartement avec son collègue. Séparé de sa femme depuis très longtemps, il accumule les conquêtes. Jusqu'au jour où il retrouve par hasard Claire, qu'il a connue 15 ans auparavant...
Le réalisateur de « César et Rosalie » et « Vincent Paul et les autres » s’est longtemps passionné pour ces hommes qui couraient dans les restaurant des plats à la main pour les servir chauds à leur client, ceux qui, pendant le repas du midi ou du soir, font chauffer la semelle de leurs chaussures, sans trouver une minute pour pouvoir se poser et faire refroidir leurs membres. Un jour qu’il était dans une brasserie, il aperçu dans un coin du restaurant, un cendrier dans lequel une cigarette se consumait. A se grande surprise, il vit le serveur qui courait dans tous les sens pour servir ces clients, s’y arrêter, en tirer quelques bouffées puis repartir dans sa course effreinée. Une scène qui marqua le réalisateur au point de vouloir en faire au pire, une scène dans un film, au mieux, le film lui-même.
Et c’est à Jean-Loup Dabadie que revint la tâche de compléter les premières idées scénaristiques du réalisateur. En ressort un film un peu romance, un peu léger, qui fonctionne comme un ballet réglé au cordeau. Montand y bouge avec de grands gestes, fait des grands pas, parle fort, sourit comme à Broadway. Le réalisateur signe une mise en scène à la fois simple et complexe dans laquelle il transpose un style à l’américaine très inspiré des films de Fred Astair par exemple, où les comédiens, ne marchent pas, ils courent, mieux, ils dansent .
Et outre un scénario, impeccable, peut-être un peu léger, le film tient la route par des compositions d’acteurs remarquables comme celle d’Yves Montand (L'aveu)qui porte le rôle à bout de bras et lui donne tout ce qu’il fallait pour ne pas rendre son personnage trop banal, trop commun. Par sa formation empreinte de Music-hall, il transcende son « Garçon » en personnage flottant, léger avec une discrète touche de gravité toutefois. Et c’est justement, ce personnage un peu grave, un peu fermé qui trouve en Jacques Villeret (Le diner de cons) tout ce qu’il faut de justesse, de précision et de gaucherie pour faire le pendant de celui d’Yves Montand.
En conclusion, « Garçon » est un film de Claude Sautet, léger et grave qui rend hommage à l’une des professions les plus oubliées et pourtant les difficiles dans laquelle des hommes et des femmes vivent suspendus aux repas des autres l’espace de quelques heures pour ensuite en redescendre afin de retrouver une vie d’ambitions, de rêves enfouis et d’évasions. Un film à voir également pour les compositions d’Yves Montand et Jacques Villeret.