Des premières années de Kurt à Aberdeen, sa ville natale, jusqu'au sommet de sa gloire, les fans et la génération Nirvana découvriront du contenu inédit sur Kurt Cobain ; et pour ceux qui ont récemment connu l'homme et sa musique, ils comprendront mieux ce qui fait de lui une icône intemporelle.
Plonger de manière aussi intime dans l’univers d’un artiste, aussi mythique de surcroît que Kurt Cobain, l’expérience était attendue et donnait autant d’espoir et d’inquiétude que la personnalité de l’artiste et son essence même ne soit pas pervertie par une envie de sensationnel ou un trop plein d’émotion. Alors lorsque le réalisateur a annoncé une séance unique de son film afin de coller au prêt à l’esprit de son film, les questions n’ont cessé de se lever. Puis ce fut l’annonce de l’essence même du film et de sa structure qui a changé ces questions en une sorte d’impatience évidente.
Car ce qui fait la particularité de « Montage of Heck » c’est qu’il plonge au cœur de l’intimité de l’artiste par la porte de service. Car il repose en majeure partie sur des documents personnels de la famille du chanteur, mais également sur son journal intime ou ses propres vidéos personnelles. Du coup, pas de mise en scène sensationnelle, pas de révélations croustillantes ou d’instants glauques susceptibles de faire vendre, mais une immersion dans la naissance, l’enfance, la montée en puissance d’un artiste et sa descente aux enfers, ses doutes, ses inquiétudes et tout ce qui entrainé Kurt Cobain vers une fin tragique.
Le film fait se succéder des intervenants tels que les parents, Courtney Love et d’autres encore qui ont approché l’artiste et partagé son intimité.
Ce qui est intéressant, tout d’abord, c’est qu’aucun jugement n’est implicitement suggéré au spectateur, il se fait sa propre conclusion et se laisse porter par l’univers créatif de Cobain, à la fois musical mais également graphique et sculptural. A travers les extraits de son journal intime, on découvre un homme dont les blessures sont profondes par une hyper sensibilité débordante qui ne laisse pas de place à la déception. Une faiblesse qui le provoque sans cesse et, par le biais de rencontre plus ou moins toxiques et de déclarations non contrôlées sur son travail ou sur son intimité qui vont l’emporter dans un torrent de doutes et de peurs qui lui feront commettre l’irréparable.
Mais au-delà d’un simple documentaire sur un artiste, le réalisateur Brett Morgen (The kid stays in the picture) parvient à explorer le mécanisme créatif de Kurt Cobain ainsi que les méandres parfois complexes d’un homme qui a besoin d’affection, qui vit intensément les douleurs de la vie : la séparation de ses parents, les médisances sur sa relation avec Courtney Love, l’enfer de la drogue et la paternité.
Jamais dans le voyeurisme, mais plutôt dans le recherche de compréhension tout en rendant hommage l’artiste, « Montage of Heck » pose des questions mais ne veut en aucun donner de réponse. Il impose une vision différente de la biographie d’un artiste. Celle où l’artiste se confie intimement par son œuvre, et par son talent mais jamais de façon subversive.