Le scientifique aux méthodes radicales Victor Frankenstein et son tout aussi brillant protégé Igor Strausman partagent une vision noble : celle d'aider l'humanité à travers leurs recherches innovantes sur l'immortalité. Mais les expériences de Victor vont trop loin, et son obsession engendre de terrifiantes conséquences. Seul Igor peut ramener son ami à la raison et le sauver de sa création monstrueuse.
Le roman de Mary Shelley : « Frankenstein » fut de nombreuses fois adapté au cinéma, avec plus ou moins de succès rendant célèbre certains acteurs, comme Boris Karloff, qui lui donna cet aspect un peu carré, que l’on garde dans l’imaginaire collectif. Mais c’est certainement Kenneth Branagh qui lui rendit le plus bel hommage avec une version très shakespearienne et qui rendit justice à la créature que fut trop souvent associée au nom de Frankenstein. Et donc, cette fois-ci, c’est au réalisateur Paul McGuigan de donner sa version de ce savant fou qui voulait donner la vie et se prenait pour Dieu. En reprenant au pied levé, la réalisation de ce film suite au désistement de Shawn Levy (La nuit au musée), le réalisateur a souhaité lui donner un aspect plus gothique et une texture plus sombre en explorant un peu plus la psyché du personnage de Victor Frankenstein. D’ailleurs le titre fut choisi afin que le spectateur se souvienne que la créature n’a pas de nom et que le « Frankenstein » n’est que son créateur.
Parti sur cette base, le réalisateur a voulu également s’écarter du roman, prendre certaines libertés en créant notamment le personnage d’Igor, qui permet ainsi de mieux amener le spectateur à se concentrer sur la relation de savant et d’assistant et ainsi mieux comprendre le personnage de Victor Frankenstein, sa soif de reconnaissance, son obsession pour donner la vie aux êtres vivants et ainsi pouvoir créer de toute pièce un homme, en oubliant toutefois de lui donner, ce que seule La Vie peut donner : La conscience. Et d’ailleurs le scénario de Max Landis (American Ultra) se porte effectivement de manière quasi exclusive sur cette relation dans laquelle les deux protagonistes agissent comme la conscience de l’autre. Le bien et le mal qui s’attirent et s’opposent en permanence. Le scénario est suffisamment bien ciselé pour que l’on puisse se prendre au jeu de cette relation où chacun, à sa manière vient en aide à l’autre, et remise, de ce fait, la créature au second degré tout en lui gardant une place importante, dans le sens où son ombre plane en permanence au dessus des deux personnages.
Et le réalisateur pour donner corps à son film et l’atmosphère si particulière qu’il souhaitait lui donner, signe une mise en scène énergique moins théâtrale que Branagh dont la mise en scène tout en rondeur avait pu déstabiliser certain. Ici, c’est l’énergie qui compte, à l’instar des tempêtes qui viennent alimenter la science de Frankenstein, la caméra film au plus près et le montage se fait en mouvement permanent pour mieux appuyer la folie grandissante du Docteur, qui se laisse envahir par son désir de grandeur. Du coup certaines scènes sont impressionnantes de chorégraphies rythmées comme celle de la naissance Prométhée ou encore celle dans laquelle Frankenstein débarrasse Igor de son infirmité.
Côté distribution, James McAvoy (X-Men days of future past) et Daniel Radcliffe (Harry Potter) ne cessent de nous surprendre. Les deux acteurs livrent deux impressionnantes compositions, le premier marqué par la folie, le second incarne la souffrance et la compassion dans un être tout en nuance. Habité par une folie contagieuse, McAvoy se livre à une prouesse d’acteur, visant à se laisser habiter par la folie pour ensuite redevenir un être de compassion et de dévouement. Quand à Radcliffe, il continue de brouiller les pistes d’une carrière qui aurait put être marquée à vie par le petit sorcier de Poudlard.
En conclusion, avec « Docteur Frankenstein », le réalisateur Paul McGuigan, livre une version plus libre, mais également plus gothique du roman de Mary Shelley. Il se base sur une mise en scène impeccable et un scénario précis qui se concentre plus sur le docteur que sur la créature. La distribution vient parfaire un tableau magnifique que l’on suit avec grand plaisir.