Basket Case (Frère de Sang)

Catégorie
Cinéma
Titre Original
Basket Case
Genre
Pays
USA
Date de sortie
07/09/2016
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Edgar Ievins, Arnold H. Bruck, Tom Kaye
Scénaristes
Frank Henenlotter
Compositeur
Gus Russo
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
91
Support
Critique de Charly Halper

Alors qu'un médecin est attaqué en pleine nuit dans son cabinet par une inquiétante et énigmatique petite créature non-identifiée (qui laisse partout sur les murs et ses dossiers de longues traînées de sauce ketchup), arrive en plein cœur de New-York, et sur la 42ème Rue plus précisément, une espèce de jeune crétin venu du Nord du Pays qui promène son linge sale dans un panier en osier à chat fermé par un cadenas dont il garde précieusement la clef... avec toute son attirante fortune en billets verts dans sa poche de jeans !

Si, deux ans après, en 1984, Joe Dante (considéré également par certains comme un franc-tireur ingénieux et malicieux d'un cinéma bien plus entertainment renouvelant pourtant monstres et grand-guignol avec humour, issu de l'écurie Roger Corman) allait lui aussi promener le soir de Noël Zach Galligan avec un panier en osier à chat ou pique-nique y cachant un tout aussi horrible monstre gentillet tout plein de poils -tant que vous ne le faites pas tomber dans l'eau- aussi cinéphilique ait été son « Gremlins », je ne pense pas que l'on puisse considéré que ce « Basket Case » (les quarantenaires comprendront que j'use plus facilement du titre US que du titre français, « Frère de Sang ») ait été de ces influences et clins d’œil... tant Belial (Martial en VF), le doux nom démoniaque de cet horrible frère siamois assassin que promène son benêt de frère « normal » Duane (Frank en VF) Bradley (Kevin Van Hentenryck) avec son sourire de crétin trompeur, reste l'un des iconiques monstres courts sur pattes (d'ailleurs, lui, n'en a pas, de pattes) d'un tout autre genre et bien différent du conte fantastique familial de Joe Dante, Chris Columbus et Steven Spielberg -à la production distante mais pas toujours en accord avec la tournure apocalyptique du réalisateur.

 

Cinéaste (réalisateur, scénariste et monteur) considéré ou dit comme marginal, le jeune trentenaire (32 ans au moment de la sortie de ce premier film en 1982) Frank Henenlotter, comme beaucoup d'autres (grands?) noms du monde magique -mais aussi horrifique- du cinéma, a commencé très jeune lui aussi sa carrière de self-mad(e)-man cinématographique.
A l’instar du même Steven Spielberg avant lui ou J.J. Abrams après lui, entre autres, mais dans une toute autre gamme (plus proche du démerdard pro-am qu'a été aussi Peter Jackson à ses débuts), le jeune Frankie s'est déjà essayé à cet univers de la lucarne magique, enfant ou adolescent imaginatif, avec ces bandes 8mm que toute une génération ne croit plus connaître que par l'un des titres prétendument snuff des filmographies de Nicolas Cage, Joaquim Phoenix et Joel Schumacher : ses hype-référentiels « Attack of the 250 Alien Hamburgers » et autres premières œuvres comme « Slash of Knife » (un premier job semi-pro qui sera tout de même jugé trop violent pour faire la première partie en exploitation grindhouse du « Pink Flamingos » de John Waters) allant lui apprendre à jongler avec ces bouts de ficelles et arrivées de capitaux parfois inexistants qui vont sembler caractériser son cinéma outrageusement gore et provocateurs à souhait. Que certains n'hésiteront pas à qualifier de très mauvais goût: les c*** !

Héritier (contre) culturel du réalisateur dilettante mais Pape officiel du gore (en ayant livré la première bande sanguinolente dans un pur esprit grand-guignolesque, « Blood Feast », en 1963), Herschell Gordon « We're never die » Lewis (à qui il consacrera par la suite l'un de ses deux documentaires «Herschell Gordon Lewis : The Godfather of Gore» en 2010 et «That’s sexploitation» en 2013, en plus de lui dédier ce premier film), Frank Henenlotter, malgré tout le sérieux mais aussi et surtout le manque de moyens de son film, semble aussi suivre la voie interlope du soutier désargenté du grindhouse et oublié, Andy Milligan (« The Ghastly Ones », « Bloodythirsty Butchers » ou ce perdu « Dragula » qui semble avoir également marqué profondément un certain Rob Zombie), qui avec des budgets limités mais emprunts d'idées, de dextérité et d'agilité révéla une étrange filmographie pleine de technicité créatrice.

Assumant avoir arpenté cette désormais célèbre et mythique 42ème Rue (artère qu'auront arpenté pendant une décennie symbolique prostituées, marginaux, drogués et dealers -que l'on pourra retrouver en figurations hautement naturelles dans ses films- alors que les salles de seconde zone y installées s'y disputaient aussi le chaland avec leurs films d’horreur et de doubles programmes pornographiques à vingt-cinq cents) mal famée de cette Grosse Pomme vérolée connue alors pour ne jamais dormir -jusqu'à ce que le maire Giuliani ne nettoie sa ville de tout ce crime dès 1994- le new-yorkais Frank Henenlotter y aura forgé et accentué de sa fréquentation assidue de ces salles glauques (dans lesquelles étaient projetés, entre autres, les « pauvres » films d'Andy Milligan ou des films de kung-fu : « The Bodyguard » d'Akira Kurosawa, « Kung-Fu the Brothers », « Tiger from Hong-Kong », etc) sa culture biberonnée aux séries Z et autres bisseries, non sans réussir à tout de même dépasser les historiques et étonnants budgets de 3000 dollars au rabais de Milligan... puisque ce premier jet de « Basket Case », aussi serré fut son budget selon ses rentrées personnelles, reste estimé réellement plus près des 35 000 dollars que des 150 000 -comme lus sur certains sites. Tout de même.

Des dizaines de milliers de billets verts (qui, à défaut d'avoir servis à s'attacher les services de prostituées évoquées plus haut ou/et la bienveillante protection de leurs maquereaux, se voit à l'écran : lorsque Duane paye sa pension à l'Hotel Broslin, c'est l'intégralité du budget réunis par Frank Henenlotter et son complice Edgar Ievins que l'acteur tient en petites coupures dans ses mains veut la légende) qui, avec des FX en « carton-pâte » et motion-capture, quelques stock-shots, faux raccords, les orgues Bontempi de Gus Russo et pas mal de foireuses perruques tentant de camoufler un tournage s'étant étendu sur la durée, flingué par le jeu approximatif et pas toujours sérieux d'acteurs plus amateurs que débutants (Frank Henenlotter rencontrant Kevin Van Hentenryck alors qu'il prenait ou assistait à des cours à l'American Academy of Dramatic Art de New York City), vont permettre au jeune réalisateur et scénariste débutant également d'entrer pourtant dans la cour de promenade très fermée et surveillée de près par les pasionarias d'un asile de cinéastes cultes décérébrés et outrageusement dangereux de jouissance exutoire : ce premier « Basket Case », renvoyant -comme abordé plus haut- les débuts trash et underground d'un John Waters (qui n'a plus rien de pure dégueulasserie esthétiquement cradingue désormais) à des modèles de décence et de sophistication, avec une (paraîtrait-il) certaine attirance pour la vulgarité et un humour potache derrière des gags d'un gore parodique sanguinolent artisanal (les prothèses et maquillages de Kevin Haney et John Caglione aperçus dans certains plans, etc), témoignant aussi et surtout à la fois de son amour pour la difformité (puisque son « Elmer, le Remue-Méninge » en 1988 pourrait avoir un petit air de famille avec ce Belial) et de l'authenticité d'un réalisateur démerdard (tournant sans aucune autorisation et là où il l'a pu -comme le club SM HellFire Club), minimaliste dans ses moyens et excessivement comique et gore dans ses effets, le tout emballé dans une carte-postale ou plutôt l'arrêt sur image contemporain sur l’un des quartiers les plus mal famés de New York -loin des affres romantiques d'un Woody Allen, esthétiques et communautaristes de Martin Scorsese ou auteurisant et borderline à la fois d'Abel Ferrara.
Plus proche de William Lustig et James Glickenhaus, deux autres peintres de ces bas-fonds et rues chaudes de la ville que ne dormait jamais (également à l'affiche de la première salve de cette toute nouvelle « Midnight Collection » de Carlotta Films, avec leurs « Maniac Cop », « The Exterminator » et « Blue Jean Cop »), que des ces grands réalisateurs, Frank Henenlotter, réalisateur transgressif et assumant sa franche déconnade potache, ne démérite donc en rien cette seconde salve de films représentant « le meilleur de la VHS enfin disponible en Blu-ray et DVD » qui lui est entièrement consacrée : cette trilogie « Basket Case » étant annoncée avec son « Frankenhooker » pour le 24 août prochain !

Éditeur parisien auquel vous allez finir par me croire attacher (après avoir fait mon galop d'essai ici avec leur « Salé, Sucré » d'Ang Lee et ce lot de film signé Frank Henenlotter), Carlotta Films, aussi surprenant cela soit-il, a donc décidé de continuer à vous surprendre cet été avec ces titres qui changent d'Hitchcock, Fassbinder ou Sirk.
Si vous avez pu dès le 6 juillet, affronter ce bon vieil ennemi communiste avec un agent dissident (dans « Le Scorpion Rouge » de Joseph Zito), vous venger indifféremment de tous ces enfoirés qui n'ont pas su apprécier à sa juste valeur votre justice zélée (en poursuivant le « Maniac Cop » de Lustig), décider de faire vous-même justice sur la pente savonneuse d'un vigilante flick bronsonien ou survivre au scandale de corruption policière que vous avez déterré par accident en voulant changer de voie (« The Exterminator » et « Blue Jean Cop » de Glickenhaus), vous allez pouvoir finir l'été et préparer votre rentrée, donc, avec un lot de Henenlotter dans vos magnétosc... heu, lecteurs de Blu-ray
Aussi représentatif si ce n'est plus de ces VHS que les gosses et cinéphages de l'époque louaient les vendredi soir venus par lots de trois (entre un Hammer, un Bava et ces bisseries pour les plus érudits, ou une nouveauté, un blockbuster et une de ces bisseries et fonds de stocks obligatoires), au même titre que toutes ces fourbes « flying jaquettes » trompeuses et multiplies petits distributeurs dans ce sympathique chaos anarchique (Atlantic Home Video, Carrere et autres American Video parmi tant d'autres) venant concurrencer le mastodonte René Chateau ou les spécialisés Fantastic Vidéo, ces films cultes de Frank Henenlotter (qui ne galvaudent pas le terme de culte) sont bel et bien du meilleur de ces VHS... dont le succès en « clubs » se mesurait à l'attente du titre d'une semaine à une autre mais surtout à l'usure de ces bonnes vieilles bandes... qui n'étaient pas forcément rembobinées.
Des désagréments que vous ne rencontrerez plus avec ces supports numériques, une fois ces titres dans vos étagères, aussi nostalgiques ou curieux que vous soyez.

Le pop-corn, les pizzas, la bière et les potes, ceux-ci (les titres!) dans vos lecteurs de salons, pour vous souvenir de vos coupes-mulets et boutons d'acnés qui rongeaient votre libido et vos chances avec les filles n'étant pas garantis en options...

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.33:1

Fidèle à sa réputation de restaurations méticuleuses, qui lui a permis de ressortir en salles comme sur DVD et désormais Blu-ray des films anciens et grands classiques du cinéma dans de somptueuses versions HD -dont « L'Aurore » de Murnau ou « La Porte du Paradis » de Michael Cimino (qui vient de nous quitter), pour uniques exemples- Carlotta Films, au-delà de la surprise de l'annonce du débarquement de cette nouvelle collection « vidéo-clubs » (qui pourrait sembler piquer dans le registre d'autres éditeurs plus petits : The Ecstasy of Films ou autre Chat qui fume), perpétue son excellence et respecte son public mais aussi ces gosses des eighties et nineties que nous étions en nous offrant une galette de toute beauté.
Transférant en 1080p un film tourné en 16mm et converti en 35mm, en plus d'avoir été amputé de scènes rajoutées ensuite (et qui pourrait en avoir souffert, en comparaison aux arnaques d'époque de copies de copies de VHS usées, etc), le travail de l'éditeur parisien, bien que ne transformant pas en 16/9ème le 4/3 d'époque mais lui donnant une merveilleuse teneur cinématographique, y est magnifique : le film alternant par moments entre un fin voile granuleux et une bande somptueusement lisse, ses couleurs restant d'une stabilité des plus plaisantes -en dehors de quelques scories perceptibles lors de l'arrivée de Duane à l'Hôtel Broslin.
Mais, toujours supérieur à la VHS dont se souviendront certains -ou dont vous pourrez redécouvrir la piètre qualité usée dans l'unique bonus du disque...

Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne

Même si cette aussi splendide édition HD soit-elle ne proposera que des versions originale et française, découvrir ou re-découvrir « le meilleur de la VHS » quasiment en mono d'époque (boostée au DTS-HD Master Audio 1.0 pour ces supports Blu-ray et DVD haute définition) mais surtout en version française (de même qualité) restera un coupable plaisir nostalgique qui ne pourra que vous re-plonger dans nos joyeuses eighties, les cris stridents des victimes féminines de Belial travaillé par les choses de la vie (et du vit) allant peut-être tout de/et même faire vibrer vos amplis.
Les amateurs de VO attentifs pouvant y déceler un « blooper » vocal, faute d'inattention de son acteur principal lors de l'un des échanges dans le bar avec Casey...

Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 2 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

Ressuscitant et perpétuant cette époque bénie des vidéo-clubs, Carlotta pourrait passer pour pingre (surtout en comparaison d'éditions DVD concurrentes et précédentes) en semblant ne se contenter que d'un minimum syndical: le film, la bande-annonce d'époque (en VO sous-titrée) et des crédits de remerciements,... si une telle réédition HD n'était déjà pas en elle-même un magnifique cadeau bonus !