Basket Case 2 (Frère de Sang 2)

Catégorie
Cinéma
Titre Original
Basket Case 2
Genre
Pays
USA
Date de sortie
07/09/2016
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
James Glickenhaus, Edgar Ievins
Scénaristes
Frank Henenlotter
Compositeur
Joe Renzetti
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
90
Support
Critique de Charly Halper

Fort du succès et statut de culte de son tout premier rejeton infernal (« Basket Case », également disponible dans cette nouvelle « Midnight Collection » de Carlotta et critiqué aussi sur ce site) qui l'a fait entrer dans la cour des grands, et confirmé par le statut de culte trash, transgressif et déconneur mais si jouissif de son second (ce parasite suceur de cervelles de « Elmer, le Remue-Méninges » -que l'on peut espérer dans une future salve Blu-ray de Carlotta?) en 1988, le réalisateur, scénariste et monteur marginal Frank Henenlotter remet le couvert huit ans après le premier opus avec cette sequel : « Basket Case 2 » !

Il peut être vivement recommandé d'avoir vu le premier pour (me) lire (et, au passage, d'en avoir lu mon précédent avis pour plus de détails), afin d'éviter quelques légers spoilers mais des spoilers tout de même.

 

Ayant survécu à la moraliste chute censée les avoir tués tous les deux (alors qu'ils se battaient et qui ouvre cette suite), les anciens frères siamois Bradley, Duane (Kevin Van Hentenryck, toujours présent) et son monstrueux parasite Belial, sont de retour !
Devenus le centre d'intérêt médiatique du monde entier et bien que placés sous surveillance policière, fortement handicapés par cette chute de trois étages, les vindicatifs criminels parviennent à s'enfuir de l’hôpital... et trouver refuge dans la maison et le grenier de la bienveillante Grand-Mère Ruth (Annie Ross), amie de leur regrettée tante maternelle, qui a décidé de protéger du monde extérieur tous les laissés-pour-comptes et monstres contrefaits de la nature...


Et si cette même année 1990, le cinéaste quarantenaire -attendu par tous les cinéphages déviants comme le messie et par les critiques et professionnels comme le chantre d'un mauvais goût assumé qui ne fait que chier un peu plus sur La Mecque hollywoodienne et son star-system désormais rongé par les majors et compagnies- se fera également remarquer avec sa réinterprétation des plus féminines (même en puzzle dénudé) du mythe de « Frankenstein » à travers les aventures comico-gore d'Elizabeth (la playmate Patty Mullen) et de son dément fiancé Jeffrey (James Lorinz) dans « Frankenhooker » (également proposé dans cette collection HD de Carlotta et critiqué ici), cette suite de la vengeance tragico-comique gore des frères Bradley s'avère tout de même la bienvenue.

Jonglant ou plutôt trichant avec les affres du temps (le film censé débuter le soir même de l'accident de Duane et Belial concluant le film de 1982, alors qu'il est inévitable que Kevin Van Hentenryck et Beverly Bonner qui incarnait la voisine prostituée Casey -surtout- ont, pour exemple, soufferts en huit ans... d'inactivité -ou presque, si Frank n'était pas là), le facétieux réalisateur et scénariste transforme presque en momie son acteur principal pour camoufler sa « résurrection » et son évasion après huit années « élastiques »... avant d'éventuellement, mais sans aucun repère temporel (si ce n'est que les frères Bradley aurait fait trente couvertures d'un journal à sensations du genre « Infos du Monde », « Juge & Jury, le plus courageux des journaux », depuis leur évasion) reprendre le fil de son film: l'air bien moins benêt, Kevin Van Hentenryck (37 ans ans désormais), libéré de son siamois Belial à la fois physiquement et moralement, puisque sa vengeance (de tuer leur père et ces médecins qui les ont séparés) a été exécutée dans le sang, désire d'abord quitter cette maison « de fous » et le fuir (ou l'inverse : le quitter et fuir cette maison...), quand « la petite chose monstrueuse et grotesque », comme l'ont identifié les médias, va, elle, trouver en ces lieux, ce grenier et cette femme aimante et protectrice, un nouveau cocon et foyer protecteur... auprès des siens.

Si dans ma critique du premier film, je me permets une étonnante comparaison avec le « Gremlins » de Joe Dante (qui sortira en 1984), je ne pourrai que rappeler qu'entre 1982 (sortie du premier « Frère de Sang ») et 1990 (sortie de ce numéro 2) la culture télévisuelle et les références cinématographiques du grand public a pu s'affiner ou du moins étendre son prisme médiatique et socio-culturel: la série d'anthologies comico-horrifique « Les Contes de la Crypte » lancée en juin 1989 sur HBO (et qui tardera à avoir enfin une reconnaissance tardive qui lui est due, remportant de nombreux prix en 1995, un an avant sa fin) perpétue et honore désormais chaque semaine l'esprit des parutions EC Comics (avec ses comics d'horreur... qui aboutirent, entre autres, à la création du Comics Code Authority, mais tout ceci serait une autre histoire) avec son hôte de CryptKeeper animé, après deux libres adaptations cinématographique du même esprit en 1982 et 87 (les deux « Creepshow »), Joel Silver, Robert Zemeckis, Richard Donner et Walter Hill, producteurs et réalisateurs réputés pour leurs actioners à gros budgets ou non et autres blockbusters et box-offices dans La Mecque hollywoodienne taillant désormais avec ce risque télévisé dans une production commune bien plus freaky et à l'humour bien sentie et placée que celles d'un jeune Steven Spielberg plus entertainment et ce même dans l'horreur ou le fantastique (« Poltergeist » ou le film « La Quatrième Dimension »).
Le fantastique et sa stupéfiante galerie de monstres ne sont pas non plus en reste avec le film de Clive Barker, prolifique romancier britannique qui a renouvelé le fantastique contemporain (auteur entre autres des « Livres de Sang » mais aussi et surtout de « HellRaiser » et son symbolique démon à tête de clous PineHead), adaptant lui-même en tant que scénariste et réalisateur cette même année 1990 son magnifique « Cabal (Nightbreed) » (hélas sabordé par la productrice Fox), ou avec l'émergence gothico-hollywoodienne du dissent Californien de chez Disney, le sympathiquement sombre Tim Burton, et son spectaculaire « Beetlejuice » (en 1988) : les travaux mécaniques et de latex prosthétiques du débutant Ricky Eyres ou des plus hollywoodiens Ve Neill et Steve LaPorte allant être des maquillages et effets qui se feront de moins en moins spéciaux dans les années et décennies à venir.
Et mine de rien, ces petites références au-delà d'un name dropping culturel se ressentent, tout comme une certaine et lointaine influence du comics « X-Men » (et sa communauté de mutants qui vivent cachés des hommes qui les haïssent mais s'avère divisée entre ceux qui prônent une paix génétique et les autres, prêts à dominer au prix d'une guerre) selon moi, à travers ce quatrième film de Frank Henenlotter : ces « gentils » monstres aux physiques cartoonesques (que ne renieraient pas Tim Burton et son au-delà), passée l'étonnante surprise révélatrice dans les flashs d'un appareil photo, allant animer les 90 minutes du film dans lequel ils traînent leurs sympathie, amitié, sincérité et bonhomie. Du moins, jusqu'à un certain point...

Et même si la modestie et la débrouillardise inhérentes du manque de budgets de ses premières œuvres (cultes : comme si ce statut se devait d'être forcément associé à ce genre de premier œuvre sans le sou mais respirant l'intelligence et l'honnête débrouillardise) ont disparu -cette suite étant estimée à 2,5 millions de dollars (le premier ayant reçu un statut de culte plus qu'un véritable succès au box-office)- notre réalisateur et scénariste (mais monteur également) fétiche n'en reste pas moins fidèle à ses débuts : des gags répétitifs rivalisant avec comique de répétition, punchlines biens senties et répliques un brin décalées s'alignent comme des perles (mais peut-être pas que celles que vous offririez en collier à votre bien aimée) à une discrète mais piquante critique (déjà) des médias et du mercantilisme à outrance (avec ce vieil alcoolique de gérant de cirque édenté, etc), quand le summum du mauvais goût -souvent évoqué lorsque l'on parle de Frank Henenlotter- vient joyeusement dynamiter (comme un pétard dans un étron canin?) lors de l'accouplement de Belial (ponctué d'un très cartoonesque gag sonore) le final !

Délaissant les trottoirs de sa « paradisiaque » 42ème Rue (Eden de stupre et de luxure qu'il retrouve tout de même avec sa « Franken-Pute » sortie la même année comme évoquée plus haut) mais en restant toujours à portée de vue de sa belle île adorée de Manhattan (que ce soit scénaristiquement à 50 km d'elle ou en arrière-plans avec ces regrettées Twin Towers symboliques), le new-yorkais Frank Henenlotter, avec l'aide du réalisateur new-yorkais James Glickenhaus (« The Exterminator » et autre « Blue Jean Cop » de la première salve de la même « Midnight Collection » de l'éditeur) à la production, prouve qu'il affectionne toujours autant la difformité, tout en creusant ici un peu plus la recherche d'identité de son protagoniste (Kevin/Duane) et posant discrètement ou accidentellement la question philosophique que j'affectionne également tant de savoir et prétendre à ce qu'est la normalité, une supposée normalité selon son point de vue/d'où l'on se place (qui renvoie également à l'un des meilleurs épisodes de « La Cinquième Dimension » : « L’œil de l'admirateur »).
La morale, qui apparaissait étonnement dans les derniers instants du premier film, s'attaque ici à la curiosité (rappelant qu'elle est un vilain défaut voire un péché mortel pour certains personnages) et à ses tentatives d'exploitation mercantiles de phénomènes, que ce soit dans ce pseudo cirque forain du vieil édenté de Jan Saint (mettant plus à mal les boniments de ces camelots que le cultissime film « Freaks, la Monstrueuse Parade » de Tod Browning auquel certains pourraient penser) ou avec ces journaux plus à sensations qu'à scandales qui firent les beaux jours d'une presse hebdomadaire à l'époque (ne niez pas avoir lu qu'on avait aperçu le visage de Satan dans les fumées des puits de pétrole koweïtiens en feu ou qu'un enfant chauve-souris et ne s'appelant pas Bruce Wayne avait été découvert, en couvertures de « Infos du Monde »!) avant de donner naissance à cette trash TV dont certains « merdias » se régalent aujourd'hui encore, en faisant leur fond de commerce...

Associé désormais à une véritable équipe professionnelle (et non plus à quelques amis motivés qui lui prêtèrent leurs appartements ou l'aidèrent à bloquer sans autorisation des rues, comme en 1982) -de l'actrice Annie Ross, entre autres, au responsable des effets spéciaux Gabriel Bartalos (avec qui il officie depuis « Elmer... »)- notre réalisateur du minimalisme préféré n'a plus besoin de filmer sans autorisation et en mode guérilla artistique avec des bouts de chandelles, mais il doit, en contrepartie, faire avec son producteur : James Glickenhaus de Shapiro-Glickenhaus Entertainment (SGE), cet autre réalisateur amoureux des bas-fonds et rues chaudes de New-York, avec William Lustig, auxquels on a fréquemment comparé Frank Henenlotter.
Plus « propre », plus léché, aussi réussi soit-il, son travail n'en est pas moins le début de sa compromission: aussi bon soit le réalisateur (« The Exterminator » et « Blue Jean Cop », également à l'affiche de la première salve de cette toute nouvelle « Midnight Collection » de Carlotta Films, avec le « Maniac Cop » de Lustig), Glickenhaus reste un argentier, et l'argent doit rentrer et il faut s'en assurer !
Acceptant d'aider Henenlotter à financer son projet plus personnel de « Frankenhooker », le collectionneur de voitures lui exige de transformer son éventuel projet de « House of Freaks » (dans lequel le personnage de Duane disparu ne servait que de point en commun à un film de monstres) en véritable sequel avec un Duane ressuscité qu'ils intituleront « Basket Case 2 »... et notre réalisateur s'exécute.
Et le démerdard d'autrefois de nous proposer désormais des plans très esthétiques, modernes, travaillés voire un kaléidoscope épileptique (in)digne de eighties clipesques, avec de superbes couleurs et un travail attentif à ce sujet par le staff technique : tout pour s'éloigner du charme « crade » et « DIY » du premier (surtout en déplaçant ce tournage dans le New-Jersey et non plus sur la 42ème), à l'exception que, heureusement, l'humour et le gore sont toujours présents dans cette (désormais) comédie horrifique... jusqu'à ce twist final -qui n'était pas censé laisser de fin ouverte, en bouclant pour ainsi dire la boucle (et sans aucun spoiler).

Si c'était l'underground et la « pauvreté » typique de ces bisseries des eighties qui vous avaient plu dans le premier, ce numéro 2 pourra vous déplaire, mais si vous avez grandi (vous aussi) avec « Les Contes de la Crypte » et en farfouillant dans les stocks des vidéo-clubs, car Frank Henenlotter ne s'est pas pour autant calmer, ça devrait pouvoir le faire.
Et au prix que vous offre la HD Carlotta, ça le fait encore plus...

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.78:1

Tournée en 35mm et 1:85:1 (format panoramique désormais le plus répandu), cette suite jouit évidemment des avantages et de la qualité supérieure d'un matériau plus professionnel et moderne (tout en bénéficiant en même temps du professionnalisme expérimenté de son réalisateur)... qui a permis à l'éditeur, Carlotta Films, de ne pas se perdre en une aussi minutieuse et hasardeuse restauration et un transfert en 1080p que pour le précédent opus (vieux de huit ans de plus, où un Frank Henenlotter débutait, sans le sou, et dû transférer un film 16mm semi-pro en 35mm cinématographique)... même si, en découvrant la bande-annonce d'époque (en bonus) -et proposée en 4/3 (format historique du cinéma muet et ancien standard d'une exploitation télévisée, en DTV ou non, auquel est auss proposé et compatible le DVD)- on ne peut que constater que ce travail de restauration n'en a été que plus lumineux, propre et lisse. Illuminant des noirs autrefois trop sombres ou corrigeant quelques scories, bien que légèrement granuleux (surtout lors d'avances rapides).

Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne

L'arrivée dans les nineties se fera désormais entendre... avec cette différence entre les deux pistes ici proposées (même boosté via DTS-HD pour ces supports Blu-ray et DVD haute définition): une version dolby originale stéréo (DTS-HD Master Audio 2.0), qui restitue très bien les accents et autres difficultés d'élocution de cette sympathique galerie de monstres « mignons » en plus des orgues du thème de Joe Renzetti, et une version française dans un simple mono (DTS-HD Master Audio 1.0) plutôt que d'en profiter pour la booster aussi en stéréo, mais, qui, elle, est revenue aux bases du film en prénommant nos protagonistes Duane et Belial et non plus Frank et Martial comme l'imposait le doublage du précédent...

Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 2 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

Sans faire dans l'innovation, je ne saurai que vous répéter qu'en ressuscitant et perpétuant cette époque bénie des vidéo-clubs et même si l'éditeur parisien Carlotta pourrait passer pour pingre en semblant ne se contenter que d'un minimum syndical: le film, la bande-annonce d'époque (en VO sous-titrée) et des crédits de remerciements..., rien qu'oser offrir une telle réédition HD n'est déjà en elle-même un magnifique cadeau bonus !