1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
Au XVIIème siècles, la population avait des méthodes bien personnelles pour résoudre ses problèmes liés aux intempéries, aux mauvaises récoltes ou encore aux problèmes d’éducation. Une récolte pourrie par des insectes, et Hop, un petit bûcher avec une femme un peu « moche » ça calme les esprits et ça créé une petite animation. Une épidémie ? et Zoup, un écartèlement, avec des coups de bâtons pour faire durer le plaisir, ça « ravigote ». Alors du coup, ça donnait quand même pas mal d’idées aux paysans, un peu isolés en lisières des forêts, dont, effectivement, la fibre paternelle n’était pas particulièrement développée.
Partant sur cette base le réalisateur Robert Eggers (Chemin sans retour) s’est inspiré des textes relatant les prémices de la chasse aux sorcières qui fut à l’origine de la trop célèbre affaire des sorcières de Salem. Une époque sombre où les femmes étaient trop souvent considérées comme les incarnations du malin, laissant libre court à toutes les dérives du moment. La télé réalité n’existant pas il fallait bien trouver un moyen de pimenter le quotidien ! Du coup, le réalisateur signe une histoire qui ne cherche pas le spectaculaire, mais plutôt la cohérence et la montée en puissance d’une angoisse qui déchire une famille déjà bien abîmée par le sort. Et comme le monsieur est également le scénariste, il peut sans aucun problème étirer son histoire suivant sa propre vision en revenant dans les bases même de ces croyances suintantes de cruauté et d’aliénation.
Du coup non seulement « The Witch » est un film d’horreur dont la mise en scène est particulièrement soignée, mais en plus il s’amuse à utiliser les choses et les techniques les plus simples pour rendre le spectateur accro. Des plans simples, mais finalement suffisamment complexes pour toucher son but et sortir son film des chemins balisés de la narration du film de genre. Du coup, non seulement on se laisse prendre au jeu mais on tremble vraiment, car au-delà des plans habituels accompagnés de musiques angoissantes, c’est avant tout ce qui arrive aux personnages qui ne peut laisser indifférents le plus sceptique des spectateurs.
En conclusion, « The Witch » est un film d’horreur qui joue la carte du classique dans sa construction narrative mais sait utiliser les codes du genre pour pouvoir donner une touche plus originale et recentrer son sujet sur les croyances mystiques et horrifiques du XVIIème siècle. Une réussite !