Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden avant leur publication. Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis.
Edward Snowden et Oliver Stone étaient évidemment faits pour se rencontrer ! D’abord parce que le premier est à l’origine de l’un des plus grands scandales internationale de ce début de 21ème siècle, ensuite parce que le deuxième est le réalisateur qui a su donner une couleur et une réflexion à des sujets aussi brûlants que : la guerre du Vietnam (Platoon) et l’assassinat de Kennedy (JFK). Mais depuis quelques années, le réalisateur s’est embourgeoisé, son discours n’a plus la même dent acérée et ses tentatives, assez vaines, il faut bien le dire, de provoquer la réflexion, que ce soit sur les attentats du 11 septembre 2001 (WTC) ou sur George W. Bush jr. (W), ont un peu terni son aura et du coup, on se demande ce qu’il peut bien avoir à nous raconter sur ce cher Edward qui puisse réveiller les papilles. D’autant que le film « Citizen 4 » est à lui-même un symbole de toute la paranoïa et toute la complexité de ce personnage qu’est Snowden : Jeune patriote convaincu qui va toute de même se poser de sérieuses questions sur les actions de son pays et notamment sur sa façon dont les services secrets s’ingèrent dans la vie privée des gens sous couvert de défense nationale, après avoir passé plusieurs années au service de la CIA et de la NSA et avoir ses propres programmes détournés à des fins d’espionnages de masse.
Forcément, le sujet ne pouvait que rencontrer la forte tête que fut et pourrait encore être Oliver Stone. Car le réalisateur et Kieran Fitzgerald (The Homesman) se sont penché sur le parcours de ce jeune homme, certes hors du commun, idéaliste jusqu’au bout des ongles qui a su trouver le courage de dénoncer les incohérences de ce pays qu’il semble tant aimer. Mais si le sujet suffit à lui-même, et que je persiste et signe en disant que le film « Citizen Four » de Laura Poitras, qui tourna ce documentaire après avoir un mail de Snowden lui disant qu’il était prêt à révéler d’importants secrets sur des agissements de la CIA et de la NSA. Son film, montre tout le danger et toute les précautions que du prendre le jeune homme pour aller au bout de sa logique et ainsi mettre en lumière des agissements scandaleux qui font encore débat actuellement. Et c’est peut-être le défaut du film d’Oliver Stone ! Ce dernier a voulu trop en dire et pas assez en même temps. En voulant reprendre ses vieux réflexes de cinéastes, il s’est échiné à reprendre la vie du jeune homme pour le montrer dans la vrai vie, prie par ses doutes (mais peut-être pas assez !!!) et mettre en lumière une vie sentimentale. Mais à trop vouloir le faire paraître normal et le montrer comme un personnage courageux, Oliver Stone n’a peut-être pas pris assez de recul et livre alors un film à charge contre un système qui n’hésite pas à violer les lois de la vie privées jusqu’à l’exagération au point d’en devenir le plus ingérant du monde. Mais à trop vouloir mettre en lumière cette ingérence, cette auto suprématie, cette paranoïa permanente et obsessionnelle, Oliver Stone dépend un héros des temps moderne trop lisse, trop facile, sans défaut, sans fêlure, juste celui que l’on attendait.
Côté distribution, Joseph Gordon-Levitt (Inception) se laisse transporter par l’histoire et par son personnage et garde une certaine distance qui vont à merveille à l’interprétation d’Edward Snowden, sorte de héros lunaire, lanceur d’alerte simple et posé qui vient avec une aisance remarquable expliquer la justesse de son combat et l’intérêt du prix qu’il a payé pour cela, sans en oublier l’Amour qu’il a de son pays, qu’il espère bien un jour retrouver.
En conclusion, « Snowden » est un film réussit d’Oliver Stone, mais qui manque toutefois de perspective dans le traitement de son sujet. Le réalisateur s’est pris de sympathie pour son héros et ne parvient pas réellement à se détacher de l’aura de ce dernier et livre un film à charge contre son pays mais manque de distance avec son personnage.