Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté. Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté…
Alors qu’il en avait assez de se voir confier des rôle de gangster Black ou de membre de gang, le comédien Nate Parker est tombé naturellement sur la biographie de l’un des héros de l’histoire de l’esclavage : Nate Turner, un prêcheur esclave, utilisé par les propriétaires blancs pour asservir le esclaves de leurs plantations, mais qui fit de son statut particulier le moyens de réveiller les envies de liberté des uns et des autres pour finir par une révolte sanglante qui, encore de nos jours, divise l’opinion public américaine. Car le prêcheur qui affina son discours à mesure qu’il vit les horreurs pratiquées par ces blanchâtres assoiffés de sang et de fièle envers une population qu’ils ne mettaient même pas à l’égal des chiens, et utilisa son talent pour faire passer son message : « Tuons nos bourreaux pour prendre notre liberté et na laissons vivre aucun blanc ». C’est cette fin de phrase qui divise, car les rebelles tuèrent tous les blancs y compris des enfants dont une dizaine dans une seule maison.
Et le scénario de Nate Parker s’intéresse d’ailleurs d’une certaine manière à montrer du point de vue de Turner, cette lente montée de haine qui ne cesse d’obscurcir son discernement et qui l’entraîne vers le goût du sang. Un goût qui lui donne la sensation d’être le bras vengeur de Dieu, celui qui l’aide à obtenir sa liberté à n’importe quel prix. Et loin des films habituels sur le sujet, « The Birth of a Nation » ne va pas aller dans le principe des images chocs pour mieux impacter le public, non, il va d’abord chercher à suggérer afin de rester du point de vue du prêcheur et rien de moins. Avec un goût évident pour le détail et un amour évident pour son personnage principal (Héros ou non), le réalisateur cherche avant tout à réintégrer les éléments de l’histoire qui permettent de se faire une opinion sur ce dernier en laissant de côté les rapports souvent écrits par des blancs (y compris les confessions de Turner lui-même). Notons également que le film reprend le titre d'un Film de D.W Griffith :"The Birth of a Nation" qui faisait un hommage appuyé au Ku Klux Klan. Un choix qui raisonne comme une revanche assumée.
Du coup, le réalisateur part sur une base de travail solide, et signe une mise en scène aboutie qui passe le plus claire de son temps à montrer les rapports que les esclaves avaient entre eux, le rapport parfois protecteur qui pouvait se tisser entre ces hommes, femmes et enfants avec leurs maîtres. Et ces derniers qui se divisaient d’eux-mêmes en deux catégories : Les bourreaux et les tendres. Les tendres parce qu’ils tentaient une approche presque familiale qui ne trouvait ses limites que dans la loi d’un pays ou d’un état qui ne laissait aucune chance de conciliation. Sans jamais faire dans la violence gratuite, le réalisateur signe une œuvre aboutie qui s’offre même le luxe d’être du mysticisme dès son ouverture.
Et pour mieux donner corps à son personnage, Nat Parker s’est octroyé le premier rôle sachant qu’il le portait en lui depuis plusieurs années, combattant contre vents et marrées pour le faire vivre, pour lui donner enfin une texture et rendre un hommage appuyé à un homme qui su se lever et faire don de sa vie pour sauver tout ceux qui vivaient sous l’oppression des blancs. Face à lui Arnie Hammer (Lone Ranger) compose un personnage qui oscille entre compassion et résignation coupable. Jamais dans la simple lecture linéaire de son rôle le comédien se surpasse et impose un personnage tout en nuance qui plonge sans le savoir dans le déni d’une oppression qu’il participe à maintenir.
En conclusion, « The Birth of Nation » est un hommage maîtrisé à un personnage capital dans l’histoire du pays. Celui qui su le premier porter ses congénères à une rébellion nécessaire qui donna naissance par la suite à la guerre de sécession, dans laquelle le Nord et le Sud se tuèrent pour défendre leur opinion sur l’esclavage. Un film parfaitement écrit et réalisé qui donne une autre vision e cette histoire que l’on a l’impression de tellement connaitre.