Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.
Toujours sous la coupe d’un Jason Blum bien décidé à faire respecter les limites de son budget, le réalisateur M. Night Shyamalan, revient avec « Split », une histoire, comme il aime les écrire, complexe et alambiquée. Pour cela, le réalisateur sait se documenter et parvient toujours à plonger le spectateur dans une expérience nouvelle toujours bien écrite avec des précisions qui forcent le respect. Toutefois, s’il arrive à se tirer d’affaire dans certains cas (Sixième sens, Le Village), il faut bien le dire, les fins de ses films sont souvent une frustration pour le spectateur : « Signes », « Phénomène ». Mais depuis ses propres déconvenues que furent « The Last Airbender » et « La jeune fille de l’eau » ou plus proche de nous « After Earth », le réalisateur a su trouver en son producteur Jason Blum, un homme qui puisse le pousser à retrouver la base de son talent pour en tirer le meilleur.
Et « Split », le prouve, avec peu de moyen, le réalisateur se libère de contraintes et puise dans toute l’énergie de sa mise en scène, la substance qui va tenir en haleine le spectateur pour l’emmener jusqu’au final qui, on le sait avec Shyamalan, réserve toujours une surprise. Et son scénario s’il parvient avec beaucoup d’intelligence et de justesse à nous plonger dans cette anomalie psychologique qu’est le trouble de la personnalité multiple, il pêche tout de même en nous vendant 23 personnalités alors que seulement 5 apparaissent, avec pour tout relief que le trait le plus appuyé de leur psyché. Un manque de profondeur qui s’explique bien évidemment par une contrainte artistique, qui aurait rendu le film certainement trop lourd à digérer. Non, le gros problème de « Split » c’est sa fin !
Encore une fois, M. Night Shyamalan joue d’une mise en scène efficace qui ne laisse pas beaucoup de répit au spectateur et lui donne au contraire presque l’impossibilité de sortir de la tenaille dans laquelle, le réalisateur le tient, tant chaque plan est soigné, avec une efficacité folle, on tremble pour les jeunes filles, on est terrifié par Kevin qui passe d’un personnage à un autre, comme si chaque personnalité habitant son corps était indépendante des autres. Alors, le film ne nous lâche pas et nous entraîne vers une fin que l’on espère Dantesque, tant la mise en scène du réalisateur est pointue. Mais voilà, ce dernier se fait rattraper par ses propres démons, et nous amène sur une fin d’une facilité déconcertante, qui laisse encore supposer qu’il ne savait pas comment conclure son film, pour nous amener sur un twist final qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
Côté distribution, on ne peut bien évidemment que saluer la prestation de James Mc Avoy (X-Men Apocalypse), qui se transforme avec une aisance folle d’un personnage à un autre et est certainement pour beaucoup dans la réussite du film, du moins dans sa majeure partie. Face à lui, la jeune
Anya Taylor Jones, que l’on avait déjà vu dans «
The Visit » tient parfaitement la barre d’une composition toute en retenue qui colle à l’univers de ce film.
En conclusion, « Split » est une nouvelle création du réalisateur de « Sixième sens » : M. Night Shyamalan. La réalisation y est toujours aussi soignée et inventive, comme le réalisateur a su nous y habituer depuis les débuts de sa carrière. Mais encore une fois, il plombe son film par une fin ratée, qui laisse le spectateur sur sa faim et amène un twist final hors sujet. On notera tout de même les prestations impressionnantes de James Mc Avoy et Anya Taylor Jones.