Trop vieille pour son mari, de trop dans son boulot, Marie-Francine doit retourner vivre chez ses parents... ... à 50 ans ! Infantilisée par eux, c'est pourtant dans la petite boutique de cigarettes électroniques qu'ils vont lui faire tenir, qu'elle va enfin rencontrer Miguel. Miguel, sans oser le lui avouer, est exactement dans la même situation qu'elle. Comment vont faire ces deux-là pour abriter leur nouvel amour sans maison, là est la question...
Après l'échec de « 100 % cachemire », Valérie Lemercier revient avec une histoire qui nous raconte les déboires d'une femme d'une cinquantaine d'années obligée de retourner vivre chez ses parents. Ces derniers ne parviennent pas, semble-t-il, à voir leur progéniture autrement que comme si elle avait encore 14 ans. Le sujet des adultes obligés de retourner vivre chez leurs parents, pour des raisons financières, ou simplement parce que leur situation ne leur permet pas d'obtenir un nouvel appartement, est a priori une nouvelle source d'inspiration pour les scénaristes et les réalisateurs de tous bords.
Et la réalisatrice semble avoir été particulièrement inspirée par le sujet puisqu'elle signe avec sa co-scénariste Sabine Haudepin (Notre Histoire), une histoire simple, drôle, est foncièrement romantique à l'inverse de ce que la réalisatrice pouvait imaginer, elle qui déteste la comédie romantique. Pourtant effectivement en y regardant de plus près, son histoire se lit en deux sens, il y a d'abord celle de Marie Francine, cinquantenaire obligée de retourner chez ses parents, des parents vieillissants est très envahissants, qui ont tendance à ne la voir qu’à l’âge de 14 ans. Et puis il y a un changement radical dans la vie de Marie Francine, c'est l'arrivée d'un homme simple qui, comme elle, est obligé de vivre chez ses parents, mais surtout qui la regarde et l'apprécie pour ce qu'elle est, pour sa maladresse, et pour cette sorte de désespoir qui se lit dans son regard. A l’inverse de comédies comme « Retour chez ma mère » de ou encore « Tanguy », « Marie Francine », est un film qui ne cherche pas forcément à opposer les personnages, mais au contraire à les mettre dans une sorte de danse étrange où chacun a fait un long parcours dans et voit tout se rebattre en quelques instants, à la faveur d’événements successifs. Intelligent et bien construit, il a le mérite effectivement de respecter les codes de la comédie, mais sait surtout traiter le sujet avec humour et tendresse. Tendresse car évidemment la situation de Marie Francine est avant tout un drame personnel, que la réalisatrice a su mettre en scène avec une maîtrise et surtout un gout de la narration que l'on avait déjà vu dans ses précédents films.
Côté distribution, la réalisatrice a su s'entourer d'abord des parents : Hélène Vincent (La vie est un long fleuve tranquille) Et Philippe Laudenbach (Barbecue), deux comédiens magnifiques, qui ont le talent de jouer à la fois la carte du couple complémentaire, platoniquement amoureux, et qui s’entend merveilleusement bien lorsqu'il s'agit de pourrir innocemment la vie de leur fille. De l'autre côté, il y a
Patrick Timsit (Gangsterdam) acteur caméléon qui sait à la fois jouer sur le dramatique, le tragique, mais surtout sur la comédie, il parvient à donner corps à un personnage romantique comme on aime les voir notamment dans les comédies anglaises ou américaines. Et puis il y a la participation redoutablement efficace, de l'humour à deux sens de
Denis Podalydes (Les grands esprits) en ex-mari qui aimerait bien retrouver sa place dans la vie de Marie Francine. L'actrice quant à elle joue le double rôle de Marie Francine et de sa sœur, cette dernière étant radicalement opposée à l'héroïne, et nous fait penser forcément au rôle de Béatrice de Montmirail dans « Les visiteurs ».
En conclusion, « Marie-Francine » est une comédie romantique mise en scène avec une intelligence évidente et un sens de la comédie que la réalisatrice maîtrise parfaitement. Le scénario tisse une histoire finalement assez classique mais qui a le mérite de respecter à la fois ses personnages, mais aussi les spectateurs qui viennent voir une histoire qui tiennent debout, et qui sache jouer habilement entre l'humour et l'émotion.