Blade Runner

Catégorie
Cinéma
Pays
USA
Date de sortie
27/10/2017
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Michael Deeley
Scénaristes
David Webb Peoples et Hampton Fancher
Compositeur
Vangelis
Editeur
Edition
Standard
DureeFilm
117
Support
Critique de Emmanuel Galais
Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour : les Répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain. Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d'un vaisseau, les Répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés "hors la loi". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire dans Los Angeles. Un agent d'une unité spéciale, un Blade-Runner, est chargé de les éliminer. Selon la terminologie officielle, on ne parle pas d'exécution, mais de retrait...

Les films cultes de science-fiction, se comptent sur les doigts de la main. Il y a évidemment « Star Wars », puis « Star Trek », ou encore dans un style plus ésotérique « 2001 l’odyssée de l’espace ». Mais en 1982, un film est venu bousculer la science-fiction, en la replaçant dans un quotidien plus proche du spectateur que des galaxies lointaines très lointaines. Ce film, c’est « Blade Runner » de Ridley Scott. Inspiré d’une nouvelle de Philippe K. Dick : « Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques » un titre bien énigmatique qui cache en fait, sous couvert d’un roman de science-fiction, une satire édifiante de la société et de l’évolution à laquelle elle est destinée.

Contrairement à ses prédécesseurs, « Blade Runner » ne fut pas un succès immédiat. Bien au contraire, le film fut un échec au cinéma mais il acquis son statut de films cultes qu’avec l’essor et l’émergence de la vidéo VHS. Mais ce nouveau support qui devait amener certains films décevants au cinéma à devenir culte dans les foyers américains et européens, a mis en lumière un combat intestin entre la production et son réalisateur. En effet, Ridley Scott n’a jamais assumé la version qui était en sortie au cinéma en 1982, dont il estimait que le studio avait modifié sa conclusion et lui avait donné une consonance qu'il ne partageait absolument pas. Au final il n’existe pas moins de cinq versions de « Blade Runner ». Une première version, que l’on appelle la « Working Print », et qui servit pour les projections test, et fut longtemps considérée comme étant rarissime. Puis est arrivée la version de 1982, celle qui sortit au cinéma et qui fut rejetée par le réalisateur lui-même. En 1992, suite à la découverte par un cadre de la société Warner, d’une copie en 70 mm, dont le montage est sensiblement différent à la version sortie 10 ans plus tôt, la Warner labellise le film en version « director’s cut », et obtient un franc succès malgré le désaccord qui continue d’exister entre le réalisateur et le studio. Il faudra alors attendre 2007, pour que le réalisateur puisse enfin livrer une version définitive et fidèle à sa vision de « Blade Runner ».

Il était donc normal, qu'à un moment donné le studio Warner décide de nous proposer dans une édition collector, l’ensemble des versions existantes pour que le public puisse se faire une idée plus précise de la différence qu’il peut y avoir entre la vision d’un studio et celle d'un réalisateur. Il est évident que pour nous cette version de 2007 donne au film beaucoup plus de dimension et beaucoup plus de profondeur que la version édulcorée par le studio en 1982 ou 1992. Tout l’aspect politique et sociétale que le réalisateur Ridley Scott voulait imprégner dans son film et qui s’écartait de la vision de l’auteur du roman Philip K. Dick, qui lui se voulait plus ésotérique, est bien évidemment mise en lumière, par ce montage qui en plus de rendre le film magnifique jusque dans les moindres détails, nous apporte une fin qui permet enfin de créer un débat, et imprègne de manière durable le spectateur après la sortie du film.

Et tout y est, y compris la fameuse scène de la licorne, dont Ridley Scott ne cessait de parler dans ses nombreuses interviews autour de ce film, et surtout la voix off est enfin supprimée et laisse supposer que le héros est à la chasse des répliquants, mais que son évolution tout au long du film se justifie par le fait qu’il est peut-être lui-même un répliquant.

En conclusion cette nouvelle édition, du film de science-fiction de Ridley Scott : « Blade Runner » est une occasion unique pour les fans de pouvoir enfin comprendre le désaccord qui existait entre le studio et le réalisateur sur la vision qu’il avait du roman de Philip K. Dick. C’est aussi l’occasion de voir enfin ce film dans le montage qui lui rend honneur avec une vision du réalisateur, qui, à elle seule, justifie tout le succès que ce dernier peut avoir depuis toutes ces années. Un film culte à n’en pas douter, qu’il est important de voir dans toutes ces versions pour mieux en comprendre la complexité.
Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
2.40:1
Evidemment ce qui est important dans le film « Blade Runner » c’est surtout l’accumulation de petits détails qui ont pu inspirer des générations d’artistes graphiques, mais également, et c’est une grande surprise, d’architectes ou encore de réalisateur et de chef décorateur. L’impressionnante méticulosité du décor, sa retranscription d’un Los Angeles apocalyptique, noyé par les gaz, sombre, grouillante d’une population un peu hagarde, qui peut ressembler en certains aspects à la Shanghai des films de gangsters, cette lumière constamment en contre-jour, sombre et pluvieuse, tout cela nécessitait un travail de restauration et de mise en perspective que les équipes du studio se sont évertués à rendre, pour que l’édition soit à la hauteur du film. Et force est de constater que le travail est parfaitement réussi, les couleurs sont magnétiques, et les contrastes donnent un éclat et une précision à l’image qui rend totalement hommage au travail des équipes.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Oui
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Oui
Bonne
Bonne
Bonne
La piste DTS-HD Master Audio 5.1, se devait également d’être à la hauteur de l’attente des fans mais également du travail des techniciens. Les nappes de synthétiseur de Vangelis, qui emmène le spectateur dans des dimensions bien lointaines, le font presque planer au-dessus du film, tout en l'intégrant complètement dans l’action, ont pu, grâce a la découverte d’un Master original, reprendre toute leur place dans une symphonie visuelle et sonore qui s’appelle « Blade Runner ». Même constat avec les environnements sonores du film autant qu’avec les voix des comédiens qui ressortent avec un éclat particulièrement saisissant, notamment grâce au travail de restauration d’une bande sonore qui malgré ses 30 années, avait pu souffrir du passage du temps.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 300 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Comme je le disais plus haut dans la critique, en plus de la version « Final Cut » adoubée par Ridley Scott lui-même, cette nouvelle édition de « Blade Runner » propose pas moins de quatre versions supplémentaires du film : La version U.S. sortie au cinéma en 1982, La version internationale sortie la même année, et qui a la particularité de comprendre des scènes plus violentes que dans la version américaine, et la version « Director’s Cut », sortie en 1992. Sur le deuxième Blu-Ray on pourra également bénéficier de la version « Working Print », qui servit pour les projections test. Toutes ces versions permettent évidemment une meilleure compréhension de la complexité de l’œuvre de Philip K. Dick, mais surtout permettent de comprendre à quel point la vision d’un studio peut différer de celle d’un réalisateur.

Comme sur les précédentes versions, notamment celles de 2007, on peut retrouver dans cette édition le reportage : « Des temps difficiles : le making of de « Blade Runner ». Ce qui est intéressant dans ce premier reportage, c’est qu’il permet de comprendre toutes les modifications qui furent apportées depuis la première version du scénario jusqu’à la sortie du film en 1982 et voir même jusqu’à celle de 1992. On n’y comprend que le premier scénariste, a été débarqué parce que sa vision n’était pas en conformité avec celle de Ridley Scott, mais également parce qu’il avait tendance à être trop impulsif sur son œuvre. On y voit également toute cette tension qui s’installa entre le studio et son réalisateur. Ce reportage est particulièrement intéressant parce qu’il permet sans concession de plonger dans l’envers du décor et enfin à part quelque rare exceptions de ne pas sombrer dans l’accumulation de superlatifs habituels dans la rédaction des Making of.

Non présente sur les éditions précédentes, un documentaire très précis, revient sur toutes les étapes de la restauration du film. Rarement un documentaire fut aussi détaillé sur le travail titanesque opéré par les équipes, depuis la découverte des négatifs dans un entrepôt de Burbank, jusqu’à un travail minutieux sur le Master retrouvé en quatre pistes ou deux pistes de la bande sonore. Dans ce documentaire, chaque élément de restauration est présenté, développé et surtout on peut y voir chaque étape qui a permis d’améliorer son image. Chaque plan qui a nécessité un travail particulier ou une restauration spéciale est expliqué de manière intelligente et visible. C’est ainsi que l’on peut voir notamment la scène de la mort de Rachel, retravaillée jusqu’à refilmer quelques plans pour pouvoir être raccord avec le travail de restauration. Même chose avec les colombes, où la scène de la licorne.

Dans cette même édition on retrouve également un reportage sur l’œuvre de Philip K. Dick, et particulièrement sur son personnage qui fut l’un des plus marquants de la littérature du XXe siècle. Dans ce documentaire on y voit une partie des œuvres adaptées au cinéma comme « Total Recall » ou encore « Minority Report ». Encore une fois il est intéressant de voir la relation étrange et tumultueuse que rencontra l’auteur avec Hollywood. On y parle évidemment de la fameuse anecdote de la première ébauche de scénario pour « Blade Runner », qui se conclura par une claque mémorable. De l’aveu de ses enfants, l’auteur aurait bien voulu voir des adaptations de ses œuvres au cinéma, mais il ne vécut pas suffisamment longtemps pour pouvoir les voir. Et si « Blade Runner » ne fut pas à la hauteur de l’attente, c’est « Total Recall » qui lui ouvrit les portes du succès public à Hollywood.

Dans la suite des bonus, pas de grands changements depuis les éditions précédentes et notamment celle de 2006, on n’y retrouve les commentaires audio de l’équipe, ainsi que les introductions de Ridley Scott qui semble un peu las d’avoir à toujours commenter ce film culte dans sa carrière.

Il n’en demeure pas moins que cette édition est un petit bijou parce qu’elle permet enfin de toucher de l’œil, la naissance d’un chef-d’œuvre.