Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour : les Répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain. Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d'un vaisseau, les Répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés "hors la loi". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire dans Los Angeles. Un agent d'une unité spéciale, un Blade-Runner, est chargé de les éliminer. Selon la terminologie officielle, on ne parle pas d'exécution, mais de retrait...
Les films cultes de science-fiction, se comptent sur les doigts de la main. Il y a évidemment « Star Wars », puis « Star Trek », ou encore dans un style plus ésotérique « 2001 l’odyssée de l’espace ». Mais en 1982, un film est venu bousculer la science-fiction, en la replaçant dans un quotidien plus proche du spectateur que des galaxies lointaines très lointaines. Ce film, c’est « Blade Runner » de Ridley Scott. Inspiré d’une nouvelle de Philippe K. Dick : « Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques » un titre bien énigmatique qui cache en fait, sous couvert d’un roman de science-fiction, une satire édifiante de la société et de l’évolution à laquelle elle est destinée.
Contrairement à ses prédécesseurs, « Blade Runner » ne fut pas un succès immédiat. Bien au contraire, le film fut un échec au cinéma mais il acquis son statut de films cultes qu’avec l’essor et l’émergence de la vidéo VHS. Mais ce nouveau support qui devait amener certains films décevants au cinéma à devenir culte dans les foyers américains et européens, a mis en lumière un combat intestin entre la production et son réalisateur. En effet, Ridley Scott n’a jamais assumé la version qui était en sortie au cinéma en 1982, dont il estimait que le studio avait modifié sa conclusion et lui avait donné une consonance qu'il ne partageait absolument pas. Au final il n’existe pas moins de cinq versions de « Blade Runner ». Une première version, que l’on appelle la « Working Print », et qui servit pour les projections test, et fut longtemps considérée comme étant rarissime. Puis est arrivée la version de 1982, celle qui sortit au cinéma et qui fut rejetée par le réalisateur lui-même. En 1992, suite à la découverte par un cadre de la société Warner, d’une copie en 70 mm, dont le montage est sensiblement différent à la version sortie 10 ans plus tôt, la Warner labellise le film en version « director’s cut », et obtient un franc succès malgré le désaccord qui continue d’exister entre le réalisateur et le studio. Il faudra alors attendre 2007, pour que le réalisateur puisse enfin livrer une version définitive et fidèle à sa vision de « Blade Runner ».
Il était donc normal, qu'à un moment donné le studio Warner décide de nous proposer dans une édition collector, l’ensemble des versions existantes pour que le public puisse se faire une idée plus précise de la différence qu’il peut y avoir entre la vision d’un studio et celle d'un réalisateur. Il est évident que pour nous cette version de 2007 donne au film beaucoup plus de dimension et beaucoup plus de profondeur que la version édulcorée par le studio en 1982 ou 1992. Tout l’aspect politique et sociétale que le réalisateur Ridley Scott voulait imprégner dans son film et qui s’écartait de la vision de l’auteur du roman Philip K. Dick, qui lui se voulait plus ésotérique, est bien évidemment mise en lumière, par ce montage qui en plus de rendre le film magnifique jusque dans les moindres détails, nous apporte une fin qui permet enfin de créer un débat, et imprègne de manière durable le spectateur après la sortie du film.
Et tout y est, y compris la fameuse scène de la licorne, dont Ridley Scott ne cessait de parler dans ses nombreuses interviews autour de ce film, et surtout la voix off est enfin supprimée et laisse supposer que le héros est à la chasse des répliquants, mais que son évolution tout au long du film se justifie par le fait qu’il est peut-être lui-même un répliquant.
En conclusion cette nouvelle édition, du film de science-fiction de Ridley Scott : « Blade Runner » est une occasion unique pour les fans de pouvoir enfin comprendre le désaccord qui existait entre le studio et le réalisateur sur la vision qu’il avait du roman de Philip K. Dick. C’est aussi l’occasion de voir enfin ce film dans le montage qui lui rend honneur avec une vision du réalisateur, qui, à elle seule, justifie tout le succès que ce dernier peut avoir depuis toutes ces années. Un film culte à n’en pas douter, qu’il est important de voir dans toutes ces versions pour mieux en comprendre la complexité.