Nos parents ont frémi lorsque le pilote Michael Delaney (Steve McQueen), au volant de sa Porsche 917, revenait, en 1971 -un an après son accident qui coûta la vie à un autre pilote- affronter le célèbre circuit des 24 Heures du Mans dans le film de Lee H. Katzin, « Le Mans », nous avons grincé des dents et fait mine d'embrayer et passer des vitesses, en 1990, lorsque l'arrogant jeune pilote de Nascar de talent Cole Trickle (Tom Cruise) revient au volant de sa 51 -après le terrible accident qui va coûter à son meilleur ennemi sa brillante carrière- gagner le Daytona 500, dans le bruyant et vibrant « Jour de Tonnerre » du regretté Tony Scott, il est temps maintenant pour nos enfants de voir une de leurs idoles automobiles se relever (ou non) après la course qui aurait du mettre fin à sa carrière.
Si Flash McQueen (toujours doublé par Owen Wilson en VO et Guillaume Canet en VF depuis le début) a perdu de son arrogance et de cette agressivité compétitrice du premier film de la série (réalisé en 2006 par le duo John Lasseter et Joe Ranft) mais a retrouvé son apparence initiale (ronde et sympathique) après son aventure nipponne en 2011, le célèbre champion qu'il est devenu va devoir se rendre compte, qu'après plus d'onze ans de courses, de championnats et d'aventures, il n'est peut-être plus au top de sa forme.
Plusieurs fois battu par Jackson Storm (une voiture customisée de la Piston Cup dernier cri, qui l'adulait jusque-là), et voyant ses vieux amis (Bobby Swift et Cal Weathers) disparaître des circuits, remplacés par d'autres nouveaux modèles high-tech comme Jackson, le célèbre numéro 95 de l'écurie Rust-Eze ne va pas hésiter à chercher se dépasser... jusqu'à un terrible accident, qui va l'éloigner des circuits et l'inviter à se remettre en question et en forme s'il veut reprendre sa place de numéro un et (dé)montrer à cette nouvelle génération qui il est toujours...
Bien que troisième film des aventures de Flash McQueen, ce « Cars 3 », qui a, pour notre adorée petite voiture de course anthropomorphique et atypique, les nombreuses épreuves d'un film initiatique, est aussi et surtout la première réalisation de Brian Fee (animateur Disney/Pixar depuis 1998, et connu pour ses story-boards sur les films de cette saga automobile mais aussi « Ratatouille » et « Wall-E ») et, hélas, le dernier scénario de Daniel Gerson, collaborateur régulier de Robert L. Baird sur « Monstres & Cie » ou « Chicken Little », décédé des suites d'un cancer cérébral le 6 février 2016 -à l'âge de 49 ans).
A la fois chant du cygne et galop d'essai, que ce soit à l'écran et derrière ces ordinateurs qui remplacent les caméras, « Cars 3 », sans vouloir spoiler quoique ce soit, pourrait donc bien être les dernières aventures de Flash... si dans les prochaines années aucun scénariste de chez la souris aux grandes oreilles (et portefeuilles illimité) ne trouvait l'idée pour exploiter cette nouvelle voie sur laquelle pourraient s'engager nos petits bolides préférés, quelque soit leur écurie.
Trop vieux (ou plutôt techniquement dépassé) pour pouvoir lutter à armes égales contre cette nouvelle génération de bolides sophistiqués (dont l'arrogant Jackson Storm, qui ne sera pas sans rappeler un autre jeune rookie à une autre époque), l’idole et champion Flash, après ce terrible accident qui aurait pu le sortir définitivement des circuits, sera prêt à tout pour tenter de pouvoir se mettre à niveau et une fois upgradé reprendre sa place sur les podiums !
Mais, si l'élégant Sterling, nouveau sponsor et fan de Flash, est capable de lui offrir dans ce tout nouveau centre d’entraînement high-tech un simulateur de courses (sur lequel notre héros veut absolument monter), notre héros catégorisé « senior » n'arrive pas à dépasser les 196 miles à l'heure/315 km/h (contre 210/337 de son rival), semblant prouver à sa jeune entraîneuse, Cruz Ramirez, qu'il est bel et bien une vieille machine... et bon pour vendre de nombreux produits dérivés (dont des bavoirs) à son effigie.
Refusant d'abandonner, notre héros va alors entraîner sa nouvelle compagne de route sur celles d'un retour aux sources : s’entraîner en extérieur, se confronter aux choses, aux vrais, et revenir à ce qui a fait d'autres avant lui des champions, des vrais, la course, la vraie, s'il veut retrouver l’œil du tigre et remporter à nouveau la conquête du titre mondial.
Et cette référence directe à l’Étalon Italien, Rocky Balboa, dix fois champion du monde entre 1976 et 1981 des poids lourds en boxe, loin d'être anodine, tant pour son dernier scénario, Daniel Gerson semble avoir réuni, assimilé, concentré et adapté de nombreux éléments de la saga sportive initiée par Sylvester Stallone quarante ans plus tôt : après avoir été le jeune rookie d'un Apollo Creed caché sous la vieille carrosserie d'une Buick (Chick Hicks), prêt à tout pour le battre et le remplacer dans le cœur du public, et être devenu lui-même le vieux vainqueur idolâtré à qui un jeune Mason Dixon plus que James Clubber Lang (ce nouveau-venu Jackson Storm) va rappeler qu'il serait peut-être temps de prendre sa retraite, notre boxeur à quatre roues va (re)trouver ses forces dans des entraînements à l'ancienne -entre une course sur le sable de Fireball Beach, une participation accidentelle à un Demolition Derby, et les conseils du mentor de son mentor et une bonne vieille course de bootleggers originels à Thomasville- contre toute la superbe technologie sur laquelle se prépare Jackson (très proche du soviétique Ivan Drago)... car s'il ne peut être plus rapide que lui, il devra se révéler plus malin.
L'ombre de l'héritage de Rocky Balboa n'étant pas très loin non plus, sans vouloir en dire plus...
Sachant rassurer les petites têtes blondes d'hier et d'aujourd'hui, après d'inquiétantes premières réactions suite à la projection du tout premier teaser de « Cars 3 » en novembre 2016, ne laissant alors filtrer que quelque chose de plus sombre et mûr que les deux premiers opus (sans en arriver à la terreur technologique de la citation proposée en sous-titre de cette critique), les campagnes promotionnelles suivantes ont confirmé à ces gosses, qui ont appris à marcher sur des trotteurs à l'effigie de Flash McQueen, en annonçant le retour des amis et habitants de la petite ville perdue de Radiator Springs !
C'est, donc, en famille, dans l'écran, que l'ancien jeune Padawan Flash McQueen va pouvoir continuer à suivre les pas de son regretté Maître-Jedi Doc Hudson pour démonter qu'il a toujours la Force et pourrait bien devenir lui aussi un Maître-Jedi, en fait -tel Obi-Wan Kenobi à défaut de devoir rester le dernier Chevalier Jedi, quand, devant l'écran, c'est en famille que les parents d'aujourd'hui pourront, au-delà de retrouver leurs sourires d'enfants, transmettre à leurs propres enfants d'anecdotiques expériences formatrices: s'il arrive quelque chose de mal à notre brave petite voiture devenue grande, Flash McQueen, c'est pour que celui-ci se relève encore et toujours plus fort, les enfants.
L'important, c'est de participer célèbre la maxime humaniste du ré-inventeur des Jeux olympiques, le français Baron Pierre de Coubertin, appelant à respecter dans le fair-play les valeurs sportives universelles du sport et d'y promouvoir un esprit de saine émulation, quand dans les milieux sportifs professionnels est enseigné que l'important et but final est de l'emporter, et l'emporter (toujours dans une saine émulation), c'est ce que veut toujours et encore notre héros, Flash McQueen.
Confronté à la question de fin de carrière de savoir s'il doit s'arrêter au sommet... ou rester dans la course jusqu’au bout, notre (petit) héros, en se lançant dans ce voyage introspectif pour se retrouver, à travers ces épreuves, ses souvenirs et tout un tas de confrontations, va nous entraîner -et pas que- dans un voyage initiatique pour démontrer que vous pouvez devenir qui vous voulez. Comme si notre sympathique petite voiture rouge 95 avait tendu une main et non un pneu comme ce Sauveur Kyle Reese -évoqué en sous-titre de cette critique- qui tendait sa main vers Sarah Connors... pour l'emmener vivre sa vie (et non échapper à un monstre mi-humain mi-machine): l'ombre titulaire du gigantesque athlète d'origine autrichienne Arnold Schwarzenegger (cinq fois Mister Univers et sept fois Mister Olympia dans sa discipline bodybuildée) venant planer en conclusion à son tour, après celle de son éternel et amical rival Sylvester Stallone, comme sain exemple sportif de cette belle histoire de dépassement de soi et de révélation.
Icône sportive des enfants, comme les véritables Zlatan Ibrahimovic ou Neymar aujourd'hui, comme l'ont été pour nous de fictifs Rocky Balboa ou Michel Vaillant (que ce soit dans la BD de Jean Graton ou incarné par Sagamore Stevenin), Flash McQueen a vieilli, comme ses premiers fans, mais n'a pas perdu de sa superbe... pour devenir à son tour lui aussi un grand (nom) et même un père (adoptif au sens où nombre de coachs, sans vouloir spoiler quoique ce soit) transmettant ses connaissances et son expérience à une nouvelle génération... comme vous saurez le faire encore après avoir regardé en famille ce très beau film d'animation Pixar/Disney : jetant un œil affectueux et protecteur à votre petit(e) Cruz Ramirez, les grands !