Aout 1970, l’inculpation pour attentat à la pudeur du leader Jim Morrison à Miami pèse lourdement sur le groupe. « The last great Festival » se déroule en Angleterre et tous les plus grands noms des années 70 s’y retrouvent : Jimi Hendrix, The Who, Miles Davis, Joni Mitchell, Joan Baez et bien d’autres encore. The Doors atterrissent à l’ïle de Wight, le spectacle doit continuer. Ils montent sur scène à 2h00 du matin, le 30 Aout 1970, livrant un concert dont la puissance musicale confirme leur rôle de leader au sein de leur génération.
Pour le concert de l’Ile de Wight, Jim Morrison apparait présent mais dépossédé de sa furie habituelle, du fait de cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de lui. Le chanteur impose pourtant sa voix, fais le job mais ne donne pas autant de sa personne que dans les shows précédents. Il faut dire que le chanteur s’est fait remarquer lors d’un concert à Miami, où il comprit très vite que le public était venu pour voir le chanteur faire ses frasques mais pas forcément pour la musique. La légende voudrait qu’il est mis en lumière une partie de son anatomie Recto qui d’habitude reste sobrement cachée. D’après les membres du groupe il n’en n’est rien. Mais le fait est que la justice s’est emparée du dossier et le chanteur s’en retrouva marqué.
En découle un concert sans aucune fausse note, mais sans l’âme révolutionnaire de son leader charismatique. Jim Morrison arbore une barbe nouvellement poussée et reste derrière son micro, ne bouge pas un muscle comme pour montrer à quel point le scandale qui tourne autour de lui le touche et le blesse. Du coup pour ceux qui attendent un concert des Doors, sans limite, sans barrière qui puisse contenir le chanteur en seront pour leurs frais. Pour autant le concert est une réussite en bien des points, d’abord parce que Jim Morrison est très en voix et porte tout le set à bout de cordes vocales. S’il ne fait pas dans l’excès de jeu de scène sa présence vocal fait tout le job. Et puis il y a la musique du groupe toujours aussi envoûtante et touchante.
Pourtant il faut reconnaitre que les conditions du concert ne sont pas optimums, car si « The Doors » est un groupe leader musicalement dans un contexte contestataire très fort que furent les années 70, il faut bien avouer que le passage à 02h00 du matin du groupe après un show survolté des « Who » qui utilisèrent des mégawatts de lumière, celui des Doors apparait bien sous-produit avec une scène sombre, qui ne met pas forcément en avant le groupe sur la scène. Mais étonnamment, cela permet à la musique du groupe d’être encore plus envoûtante que jamais. On plonge dans l’univers du groupe et se laisse planer comme devaient le faire la foule de spectateurs sur place.
En conclusion, « The Dors : Live at the Isle of Wight » donne la possibilité aux fans de découvrir enfin l’intégralité de ce concert où le leader apparaît sobre, presque brimé, sous l’emprise d’un procès qui doit avoir lieu quelques semaines plus tard et pourrait l’envoyer en prison pour un long moment. Mais malgré des conditions difficiles, un éclairage compliqué et un passage tardif, le concert est précis, méticuleux et sans aucune fausse note, la musique des Doors apparaît plus forte et plus belle que jamais.