Nishi est policier. Son épouse est atteinte d’un cancer en phase terminale. Suite à une fusillade, son partenaire Horibe devient paraplégique et un autre de ses collègues est tué. Nishi démissionne alors afin de commettre un casse pour rembourser d’importantes dettes contractées auprès des yakuzas et, finalement, chercher un sens à sa vie…
Chef de file de la nouvelle vague Japonaise, Takeshi Kitano est aujourd’hui l’un des réalisateurs les plus importants de la scène cinématographique mondiale et aura, dès le début de sa carrière, touché à tous les genres : de la comédie romantique aux polars intenses et musclés, mais toujours avec une très grande profondeur dans ses personnages qui les rendent à la fois intriguant et attachant. Comme Kikujiro dans « L’été de Kikujiro », qui apparait comme un vieil homme lunaire facilement embarqué par le petit Masao, mais qui cache tout de même un parcours de Yakusa. Minimaliste et sans esbroufe, mais avec une mise en scène tout de même soignée, Takeshi Kitano nous embarque dans une histoire aux antipodes de ce qui a fait sa réputation.
Connu pour son style pince sans rire et comédien cantonné dans les rôles de gangster, Takeshi Kitano s’est imposé, au fil d’une filmographie inspirée, comme la référence du cinéma Japonais. Avec « Hana-Bi » il pousse encore plus le mélange des genres toujours avec un sens inné de la narration et un gout pour les plans plus soigné et les rythmes moins hystérique, comme cela est souvent le cas dans le cinéma voisin (Honk-Kongais) celui de John Woo par exemple. Avec « Hana-Bi », Kitano mélange les genres celui du cinéma de gangster japonais et une œuvre plus méditative comme dans l’univers de Hou Hsia O-Hsien (Les Garçons de Fengkuei). Le réalisateur film ici une œuvre hybride, avec des gags et des situations qui ne sont pas sans faire penser à Jacques Tati, une construction multiple qui laisse le spectateur recoller les morceaux.
Kitano, consciemment, avec pudeur se livre et offre au spectateur une œuvre poétique magnifique qui l’ont fait entrer dans le panthéon des grands réalisateurs Nippons. La mort y est omniprésente mais présentée sous toutes ses formes : Violentes à travers les fusillades, obsessionnelles avec le cancer de la femme du héros, et intérieur dans l’écriture du scénario que le réalisateur a sorti après un grave accident de moto. Pourtant, le film ne souffre pas d’un patho trop pesant, bien au contraire, il parvient avec subtilité à entremêler les genres et à laisser parler la beauté de la vie à travers des couleurs, comme celle des cerfs-volants par exemple, ou simplement par des paysages stupéfiant de beauté qui enivre.
Côté distribution, celui qui avoue volontiers avoir eu un problème de reconnaissance, sait parfaitement trouver le ton juste pour pouvoir offrir toutes les nuances possibles à son personnage, entre froideur morbide du Yakuzas et silence ironique d’un personnage hors du temps. Face à lui
Kayoko Kishimoto (L’été de Kikujiro) si elle n’en demeure pas moins l’atout charme du film elle en devient surtout la contre balance d’une œuvre hybride qui se laisse porter par le jeu des acteurs et les qualités de son metteur en scène.
Et pour finir l’éditeur nous permet de découvrir une nouvelle fois « Hana-Bi». Une œuvre remarquable de Takeshi Kitano, à la sensibilité palpable tout autant que l’humour décalé qui ressort de la violence de son personnage principal. La mise en scène est tout aussi sobre que précise et la composition d’une justesse remarquable.