Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque. Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des événements étranges vont alors commencer à se produire…
Et si, enfin, le renouveau du film français se trouvait là ! Le réalisateur Pascal Laugier, qui s’était déjà fait remarquer avec des films comme « Martyrs », signe là un film digne des meilleurs maitres américains, avec cela prêt que Laugier nous construit une histoire à rebrousse-poil, qu’il brouille les pistes, les construit, les déconstruits et nous balade, pendant une heure et demi, dans une intrigue, simple finalement, mais pourtant si complexe que l’on se laisse prendre au piège à chaque plan. Avec un sens évident de la narration, il pousse un peu plus les frontières de l’horreur et parvient à se réinventer et à donner au genre un souffle nouveau sans être pressé par un producteur soucieux de n’octroyer qu’un budget serré à ses réalisateurs pour les forcer à faire leur boulot le mieux possible.
Et le film fonctionne d’abord parce qu’ici, les monstres sont autant prisonniers de leurs traumas que les victimes qui hurlent à s’en défaire les cordes vocales. Mélange de « Slasher Movie » et « Survival », le film se construit autour de deux jeunes filles qui dès le début du film subissent les assauts d’un tueur psychopathes et de sa mère, mais ensuite il prend une nouvelle direction, avec les mêmes jeunes filles et leur mère, seize ans plus tard. Comme si cela ne suffisait pas, on reprend les mêmes victimes et on les réunit sur le lieu de leur trauma et ion laisse les fantômes du passé faire leur boulot ! C’est non seulement une bonne idée, mais c’est surtout très efficace, car le film, sans vouloir spoiler, bien sûr, nous prends alors à revers avec une simplicité déconcertante et nous plonge dans une horreur oppressante comme nous sommes venus le chercher.
Et c’est là où toute la mise en scène de Pascal Rogier prend tout son sens, car le réalisateur va s’amuser à accumuler les scènes où les esprits et autres vont apparaître dans une sorte de sadisme évident à faire sursauter le spectateur. Du coup toutes les sonorités possibles et imaginables vont se succéder afin de pouvoir installer le spectateur dans une atmosphère prenante et oppressante ou le moindre craquement de parquet, le son d’une poupée qui chante et qui rit, et surtout la surprise qui surgit là où on ne l’attend, sans musique pour l’annoncer. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la mise en scène est particulièrement efficace, car outre le son qui prend jusqu’à la première naissance d’un neurone comme une impulsion électrique, les différentes étapes narratives nous plongent inexorablement dans une succession de scènes particulièrement efficace qui ne laisse jamais totalement insensible.
En conclusion, « Ghostland » est LE film qui vient donner du renouveau au film d’horreur et…il est Français ! le scénario est intelligemment écrit et la mise en scène est redoutable d’efficacité, au point de comprendre que la musique doit souligner une ambiance et non pas annoncer une scène. On peut aussi souligner l’interprétation, à commencer par les quatre jeunes filles :
Emilia Jones (Brimstone), Taylor Hickson (Deadpool) qui jouent les deux victimes adolescentes, et
Crystal Reed (Gotham), Anastasia Phillips (Reign : Le Destin d’une reine) qui les interprètent adultes. Et puis sûr, n’en faisons pas un événement plus qu’il ne devrait : la chanteuse
Mylène Farmer, assez à l’aise dans un film d’horreur.