Pendant la Première Guerre mondiale, avant de rejoindre une escadrille sur le front en 1918, Herbillon a une liaison avec Hélène, une femme mariée. Le jeune homme découvre que sa maîtresse n'est autre que l'épouse de Maury, un ami aviateur. Le doute s'installe entre Maury et Herbillon ...
Anatole Litvak est un réalisateur hors du commun, d’abord parce que sa vie se mélange de manière assez surprenante avec l’histoire de l’Europe. Né en 1902 à Kiev en Ukraine, il fuira la révolution Bolchvik en 1919, pour se réfugier en Allemagne, pour ensuite fuir ce pays en 1933 et se réfugier en France, et enfin finir sa fuite de l’oppression à Hollywood en en 1937.De son passage en France, Litvak en tirera une amitié avec un écrivain devenu célèbre dans les manuels scolaires : Joseph Kessel, auteur du fameux « Lion ». Ensemble, ils vont écrire le scénario de « L’Equipage » qu’Anatole Litvak réalisera.
Le film « L’Equipage » surprend dés le départ par un ton sombre et décalé par rapport à ce que la production française de l’époque nous avait habitué à voir. D’abord il y est question d’un adultère peu commun. Un aviateur entretien une liaison avec une femme. Alors q’uil rejoint son escadrille, Jean va rencontrer Maury et les deux hommes vont se lier d’amitié. Alors qu’ils sont sur le front et que Maury ne peut rejoindre son épouse, il demande à Jean de lui porter une missive. C’est alors qu’il arrive devant la porte de son mai qu’il se rencontre que sa maîtresse est la femme de son ami. Il va, alors, se dérober de la femme qu’il aime pour ne pas trahir son ami. Kessel et Litvak parlent de l’honneur, de l’amour et de la guerre. De ce lien qui se noue entre les soldats qui doivent affronter la mort et se soutenir pour ne pas tomber.
Ce qui surprend dans la tonalité du scénario, signé par Litvak et Kessel, c’est ce que Pagnol magnifiera en 1938 dans « La Femme du Boulanger » : Le Pardon de l’homme trahi. Plutôt que d’avouer qu’il sait, il préférera le mensonge et fermer les yeux sur la liaison que son ami entretenait avec sa femme plutôt que de se laisser aller une colère froide et non contenue. Sans un mot de trop, de même que la mise en scène ne fait pas dans les plans de trop ni dans un rythme trop pesant, Litvak va laisser le mensonge prendre son ampleur lorsqu’il naît par pudeur. Pas de grandes tirades Pagnolesque, mais une « apologie » du mensonge sobre mais efficace qui laisse passer l’honneur avant le drame sentimental. Les regards sont aussi importants que le peu de mots qui sont dit presque susurrés pour mieux toucher encore. Un film puissant et magnifiquement écrit.
En conclusion, « L’équipage » est œuvre majeure d’Anatole Titvak d’abord parce qu’elle est devenue le symbole de l’honneur au combat dans une première guerre mondiale toujours présente dans les esprits et une seconde qui semble vouloir être inévitable. Anatole Litvak construit une œuvre puissante et captivante qui, comme on s’y attendait, vient nous surprendre par un ton sombre et pourtant glamour avec une narration qui nous entraînent à l’inverse de là où nous voudrions aller où les personnages gagnent en profondeur et en noirceur à mesure que le drame se découvre.