De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.
En un seul film : « Get Out », le réalisateur Jordan Peele, est devenu la nouvelle coqueluche du cinéma d’angoisse et d’horreur américain. Alors qu’il participe à la renaissance d’une œuvre majeure de la télévision américaine : « Twilight Zone (la quatrième dimension) » le réalisateur nous offre une nouvelle vision de sa société américaine à travers un film : « Us ». Le titre de ce film, est d’ailleurs intéressant puisqu’il peut se lire de manière différente, d’abord dans son sens propre à savoir « nous », puisque le film confronte une famille afro américaine face à son double négatif. Mais il peut être également lu comme étant la contraction de : « United States ». Et c’est là toute la force de ce réalisateur, militant actif de la cause afro américaine aux États-Unis, que d’insuffler dans ses films un double message qui soit le reflet de la difficulté que peuvent avoir ou que peuvent rencontrer les minorités au sein de ce pays qui se veut un exemple pour le reste du monde.
Et « Us », ne fait pas exception à la règle d’écriture de Jordan Peele, car nous suivons ici une famille afro américaine exemplaire où chacun des membres est lié par un amour visible dès les premières minutes, et qui avant de se confronter à son double négatif, va d’abord se retrouver avec des amis blancs, suffisants et arrogants, toujours prêts à étaler leur argent et leur réussite. Pourtant si les trois quarts du film montrent une qualité narrative évidente, et suffissent à tenir en haleine les spectateurs avides de sensations fortes, et même si le réalisateur amène toujours un regard aiguisé sur la société américaine et dont on imagine bien, que les doubles représentent les minorités, alors que la famille représente ce pan de la société américaine qui se vante de sa réussite, alors qu’elle ne l’a fait que sur le dos de ceux qu’elle a asservis. Le scénario manque toutefois de relief et d’horreur, et il n’est pas difficile, dès la moitié du film, de commencer à imaginer sur quel type de twist final nous nous dirigeons.
Et même si la mise en scène, est toujours aussi soignée, certains plans, et certains codes que l’on peut d’ailleurs, retrouvez souvent dans la série « La quatrième dimension » notamment au cœur de la fête foraine, manque clairement d’originalité et rend le film un peu trop lisible, et du coup provoque une certaine frustration chez le spectateur, un peu comme avec les œuvres de M. Night Shyamalan qui ne cesse de reproduire à l’infini ce qui l’a rendu célèbre, mais s’est perdu dans une sorte de confort un peu paresseux. Certaines questions, d’ailleurs, restent en suspens, et n’obtiendront jamais de réponse, comme la présence de ces lapins dans plusieurs plans du film, à commencer par le générique, ou alors cet homme blanc, qui ressemble à un clochard, que l’on voit de manière répétée sans pourtant avoir une explication claire sur sa présence, et sur son utilité dans le film.
En conclusion, « Us » est un nouveau film d’angoisse et d’horreur signée Jordan Peele, réalisateur du très réussi « Get out ». Et si le film bénéficie encore d’une narration à deux niveaux, à l’image de son titre, le réalisateur manque toutefois d’originalité et d’inspiration pour pouvoir mener à terme un film qui laissait espérer de grandes choses. Dès la moitié du film, les spectateurs mêmes les moins habitués à ce type de film, arriveront à toucher du doigt le twist final qui du coup manque particulièrement sa cible. C’est dommage, car la mise en scène se révèle dans les trois quarts du film inventive et soignée, mais, encore une fois, ce discours qui met en opposition deux mondes qui s’opposent en un seul, ne pouvait pas laisser indifférent.