Daniele, un professeur de littérature remplaçant est nommé pour quelques mois dans un lycée de Rimini. Passionné de lettres mais peu soucieux des convenances de sa profession, il s'adonne à sa tâche sans grand entrain. Il remarque vite Vanina, l'une de ses élèves, aussi fragile qu'attirante, et décèle en elle une blessure secrète. Intrigué et séduit par la jeune femme, Daniele délaisse sa femme Monica, se précipitant sans le savoir vers un destin tragique...
Réalisateur Italien atypique, Valerio Zurlini, n’en demeure pas moins un artiste hors du commun, dont l’œuvre est composé de films aussi marquant que « Eté Violent » en 1959 avec Jean Louis Trintignant ou encore « Journal Intime » en 1962 avec Marcello Mastroianni. Alors que l’Italie s’amuse à produire des œuvres inspirées du cinéma américain : les westerns, les péplums ou les films d’horreur, certains maestros se lançaient dans des œuvres remarquables de poésie ou de peinture sociale au ton soit provocant soit volubile. Mais avec un point commun toutefois, un débit rapide et une sorte de bazar totalement contrôlé qui donnait au cinéma Italien toute sa particularité et tout son charme.
Au milieu de tout cela, un réalisateur signait plutôt des œuvres, sombres, posées, mais jamais inintéressantes. Valerio Zurlini, allait imposer une signature remarquable avec un style épuré, des gros plans qui privilégiaient les visages, les regards pour mieux laisser parler les silences. Des grands noms du cinéma international se sont pressés devant la caméra de Zurlini, Marcello Mastroiani (La Dolce Vita), Vittorio Gassman (Le Fanfaron), Jean Louis Trintignant (Un Homme et une Femme), Jacques Perrin (Cinéma Paradiso), Philippe Noiret (Le Vieux Fusil) ou encore Max Von Sydow (Les Trois Jours du Condor) et puis évidemment Alain Delon (Borsalino).
Et c’est d’ailleurs l’acteur qui est au cœur de ce film, qui se révélera être l’avant dernier de son réalisateur. Mais pas pour le meilleur résultat et encore moins pour la meilleure collaboration qui soit. Car, Delon, est également, comme sur l’ensemble de ses films, co-producteur, ce qui implique qu’il exerce un contrôle sur la réalisation du film. Et alors que Valerio Zurlini souhaite faire un film plus centré sur la psychologie des personnages, tenir un propos presque métaphysique, innover et être en recherche constante de nouvelles façons de faire parler ou apparaître ses personnages, l’acteur principal, lui préfère, au contraire, rendre le film moins théorique et imposera sa vision. Le réalisateur ne se gênera pas pour dire que Delon a amputé son film d’une bonne vingtaine de minutes. Celles notamment qui permettaient d’aller un peu plus dans la psychologie du personnage.
Pour Alain Delon, « Le Professeur » marque le retour en Italie, de l’acteur, qui y avait tourné avec des réalisateurs comme Luchino Visconti pour « Rocco et ses frères » (1960) et « Le Guépard » (1963) ou encore Michelangelo Antonioni dans « L’Eclipse » (1962). L’acteur est devenu une valeur sûre du cinéma français et remplacera Marcello Mastroianni pour ce rôle de professeur qui va se laisser séduire par une de ses élèves. C’est aussi le point de départ d’un style Delon : Fermé, le regard puissant et la dégaine lourde, qu’il conservera dans bon nombre de ses films.
« Le Professeur » de Valerio Zurlini est une œuvre qui surprend par une tonalité sombre, presque planante. Le réalisateur cherche constamment à innover, à surprendre, comme cette scène d’ouverture qui ressemble à un final, où le personnage principal s’éloigne vers le bout de la jetée. Il aime filmer les visages au plus près, et ne pas se laisser aller à la facilité. Audacieux et intriguant le film ne laisse pas indifférent.