27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu'on signale de nouvelles disparitions d'enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d'abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…
Il y a 2 ans, Andy Muschietti, avez donné un sacré coup de jeune à la nouvelle la plus célèbre du romancier Stéphane King : « Ça ». Et, à la différence de l'adaptation de 1990, le film de 2017, se concentrait sur la première partie, à savoir le combat des enfants contre ce clown maléfique. Fort du succès planétaire, et surprise, le réalisateur s'est donc lancé dans la réalisation de la 2e partie. Mais est-ce par péché d'orgueil, ou par une vision trop Large de l'œuvre du romancier, que le réalisateur s’est perdu ? Une chose est sûre, ce 2ème Chapitre n'a rien de commun avec toute la production de films d'horreur que l'on a pu connaître ces 20 dernières années. A commencer par sa durée : Près de 3 heures. Du coup on se dit que le réalisateur a prévu beaucoup de choses et a fait le plein d’idées pour tenir en haleine le public. On attend forcément des plans renversants, des chocs visuels et surtout un sens du rythme qui va permettre de prouver qu'un film d'horreur peut dépasser la durée minimale d'une heure et demie.
Et c'est là que le bât blesse, car le réalisateur se perd dans une narration redondante avec le premier fil. En effet le réalisateur semble avoir voulu dans ce second chapitre raconter à nouveau la première partie et la seconde. Le scénario ne cesse de revenir sur la Jeunesse des personnages, dans un rythme particulièrement laborieux dans lequel vont s’accumuler des scènes étirées en longueur et sans grand intérêt pour le déroulé de l’intrigue. Comme si nous étions assez stupides pour avoir oublié chaque caractéristique des personnages, leur histoire, leur Jeunesse, et leur trauma, déjà largement expliqués dans le premier film. Le réalisateur et son scénariste Gary Dauberman (La Malédiction de la Dame Blanche) en remettent une couche dans une mise en scène laconique et sans intérêt.
Et justement, c'est de la mise en scène dont il faut principalement parler car elle manque irrémédiablement chacune de ses missions principales. A commencer par celle de faire peur aux spectateurs. Car, à force de préparer le terrain des apparitions du monstre, le réalisateur finit par ne plus surprendre et rate complètement son but. A l’instar de la scène où Beverley retourne chez elle se plonger dans ses souvenirs et découvre des gravures de Pennywise sur le mur. Muschietti accumule les signes en arrière-plan de la présence du clown, si bien que lorsqu’il attaque, nous n’avons même pas un petit signe de sursaut. Difficile dans ces conditions, nous seulement de trembler, mais en plus de se passionner pour un film qui semble déterminé à détruire toutes les bonnes idées qu'il avait plus avoir dans le premier. Non content de nous ennuyer avec des flashbacks incessants, sans aucun intérêt, qui ne viennent jamais renforcer la peinture des personnages, le réalisateur s'entête à vouloir toujours traîner la pâte pour enfin nous faire peur. Même les apparitions de Pennywise manquent d’originalité et nous laissent particulièrement circonspects, tant elles manquent d’originalité et d’inventivité.
Bien évidemment l'autre difficulté étant de pouvoir adapter le roman de Stephen King en évitant toutes les imperfections, liées à une histoire à deux niveaux, celle des personnages, bien sûr, mais aussi celle de ce monstre qui sévit dans la ville de Derry, ainsi qu’une fin souvent ratée chez l’auteur. C’est d’ailleurs le sujet d'un running gag durant le film où même l’auteur, qui fait une apparition se moque de lui-même, en disant qu’il trouve la fin, du roman du héros ratée. Nous pouvons, alors, espérer, après près de 2h30 de film, une fin solide et bien pensée qui puisse sauver du naufrage ce deuxième chapitre. Malheureusement il n’en n’est rien, la fin est encore pire que celle de la version de 1990. Ici le réalisateur et le scénariste nous concocte une conclusion grotesque, abusant de facilités et d’une mièvrerie affligeante. Moraliste, maladroite et « balourde », la conclusion nous fait pleurer de désespoir, tant elle semble écrite par un enfant de CE2. Et comme si le calvaire ne suffisait pas, le réalisateur nous entraine dans une ultime séquence où l’on voit les enfants et les adultes pendant de longues minutes, se dire au revoir, s’enlacer, regarder l’eau du fleuve, se serrer les mains, s’embrasser, se dire des choses d’une banalité déconcertantes et encore se serrer, et encore s’embrasser, le tout pour conclure un « gloubiboulga » indigeste.
« Ça Chapitre 2 » d’Andy Muschietti est un long très long calvaire de près de 3h que l'on a du mal à recommander même à nos ennemis. La déception est à la hauteur de l'attente, suscitée par ce nouveau chapitre, suite à la réussite du premier. La mise en scène accumule les longueurs, ne parvient jamais à surprendre les spectateurs, à force d’annoncer grossièrement chacune des apparitions du monstre, et surtout nous achève par une conclusion ridicule et insipide qui, pour couronner le tout tire en longueur. S'il est un supplice, infligé par le clown, c'est bien ce film.