A Paris, Naoufel tombe amoureux de Gabrielle. Un peu plus loin dans la ville, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. S’engage alors une cavale vertigineuse à travers la ville, semée d’embûches et des souvenirs de sa vie jusqu’au terrible accident. Naoufel, la main, Gabrielle, tous trois retrouveront, d’une façon poétique et inattendue, le fil de leur histoire...
Depuis le début de sa carrière, le réalisateur Jérémy Clapin accumule les récompenses dans tout ce que le monde fait de festival. Que ce soient des courts-métrages ou des longs métrages comme « Palmipedarium », l’artiste utilise l’animation pour véhiculer une œuvre toujours plus précise, toujours plus surprenante, mais jamais totalement déroutante. C’est donc en toute logique que son dernier long métrage : « J’ai perdu mon corps » se retrouve dans cette logique de récompenses : Cannes, Annecy, Cabourg, Los Angeles, Paris, aucune cérémonie, aucun festival n’est passé à côté de ce long métrage d’animation, sobre et pourtant si complexe qui sait parfaitement manier le sens du rythme, de la narration et les différentes techniques d’animation à sa disposition.
Comme le firent, Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman pour donner vie à leur « Spider-Man : New Generation », Jeremy Clapin a utilisé plusieurs types d’animation : Le 2D et le 3D qui lui permirent ainsi de gagner en profondeur de champ, en esthétique ou en perspectives. Grâce au Grease Pencil, que l’on pourrait traduire par « crayon gras », un outil associé au logiciel d’animation Blender, les animateurs ont pu directement intégrer des éléments 2D sur des environnements 3D donnant ainsi une texture particulière. Et le résultat est saisissant, tant le graphisme est précis volontairement sombre avec des noirs très présents et des verts généralisés pour mieux donner à l’histoire, si singulière, de cette main qui veut rejoindre son corps, une ambiance propre entre introspection et romance difficile.
Le scénario est une adaptation du roman « Happy Hand » de Guillaume Laurant, que l’on connait pour être l’un des scénaristes attitrés de Jean Pierre Jeunet. Il a notamment travaillé sur « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » ou encore « Alien, le Résurrection ». Cette histoire suit donc cette main séparée du corps de son propriétaire qui veut le retrouver et va traverser toute la ville pour cela. A travers des flash-backs, le scénario nous raconte la vie de Naoufel, ses blessures, son déracinement, sa rencontrer avec Gabrielle et son accident. Précis, sobre, et tellement touchant, le film ne se subit pas il nous embarque dans cette romance, dans cette quette, cette métaphore sur ce jeune homme qui perd la main de son existence et tente de la retrouver.
En conclusion, « J’ai Perdu mon Corps » fut récompensé un peu partout : aux Césars, à Cannes, à Annecy et à Cabourg et fut nommé aux Oscars et un peu partout dans le monde. A juste titre, tant ce long métrage d’animation est une réussit tant visuelle, que scénaristique. Jamais plombant, jamais en manque d’inspiration, « J’ai perdu mon corps » vient nous prouver à quel point l’animation française est à la hauteur de sa réputation : Intelligente, originale et inventive. Si les américains privilégient l’animation pour les plus jeunes, que les japonais cherchent l’émotion à tout prix, Jeremy Clapin vient de mettre tout le monde d’accord avec un film qui privilégie l’intelligence et la technique.