L'histoire
Mariée à un riche scientifique, Cecilia fuit un beau jour ce mariage où règne la violence et la tyrannie. Peu de temps après, son époux suicide, la laissant riche. Pourtant bientôt les signes étranges se multiplient, et elle en vient à se demander si son époux ne serait pas toujours vivant, continuant à l'agresser alors qu'elle ne peut pas le voir.
Critique subjective
Si Leigh Whannell à pu faire sensation avec son comparse James Wan en 2003 et avec la sortie de Saw, dont il fut co-scénariste et acteur, il lui aura attendu longtemps pour se lancer à son tour dans la réalisation. Invisible man est ainsi son troisième film et on peut dire que l'expérience commence à payer (même si ses deux premiers n'avaient rien de honteux). Avec un mise en scène plus amble, un traitement intéressant et original et un sens du timing plus précis on a sans doute ici le meilleur film de son auteur.
La base de l'histoire reste classique, réinventant le thème ultra-rabaché de l'homme invisible. Whannell a ici l'intelligence de ne pas jouer sur les registres habituels en centrant son récit sur une femme, la victime, épousant son point de vue et explorant sa psychologie. Femme tyrannisée par un mari cruel, elle se pose en symbole post me-too de la féminité bafouée. Il en résulte une tension palpable tout au long du métrage, renforcée encore par l'économie de moyen en en montrant peu.
Même si l'homme invisible, par définition, ne peut être vu, les cinéastes s'étant inspiré du classique de H.G. Wells par le passé sont souvent tombé dans le piège des effets spéciaux et de tenter de le montrer malgré tout par divers subterfuges (objet volants, vêtements vides se mouvants dans l'espace... Hollow man de Paul Verhoeven qui en faisait tellement trop qu'au bout du compte l'homme invisible était le personnage le plus voyant, en est un bon exemple). Ici on en prend le contre-pied. Whannell instille ainsi le doute. Une pièce vide renfermant potentiellement son homme invisible, il apporte de par sa mise en scène une bonne dose de tension. On regrettera cependant une baisse de régime dans la dernière partie du film, cédant plus facilement aux effets faciles, annihilant en partie tout ce qui s'est construit auparavant et reléguant le film à un statut moins noble.
Si Elisabeth Moss, déjà impeccable dans Handmaid's tale, apporte une certaine crédibilité au personnage et au film, le reste du cast est moins impressionnant. On regrettera également un manque de moyen certain (marque de fabrique de la société Blumhouse, des films peu chers pour une rentabilité maximale), que ce soit au niveau qualitatif pour ce qui est des SFX ou tout simplement des décors ou de la photo.
En conclusion
Loin d’être exempt de défauts, Invisible man est largement sauvé par son traitement plutôt malin et original misant d'avantage sur la psychologie de la victime que sur les point de vue de l'agresseur. Un film encourageant pour Leigh Whannell qui s'attaquera prochainement à un autre classique du fantastique avec Wolfman.