La femme de Paul, fatiguée d'être trompée par son mari volage, l'a quitté. Depuis, au lieu de profiter de cette toute nouvelle liberté, Paul se morfond. Il court chez son oncle, célibataire endurci, lui demander conseil. Pour l'oncle une seule solution : se débarrasser de la mauvaise épouse. Pour ce faire ils font appel à Vincent, mari autrefois trompé.
Il y a des films comme, ça qui vous collent à la peau ! Après avoir réalisé un film grand public et au succès énorme : « Les Spécialistes » avec Bernard Giraudeau et Gérard Lanvin en 1985, Patrice Leconte, ne veut pas se laisser prendre au piège d’être un réalisateur soit de comédie, soit de film d’action. Il va alors se lancer dans des projets plus personnels. Ce sera d’abord « Tandem » en 1987 avec Jean Rochefort et Gérard Jugnot , puis « Mr Hire avec Michel Blanc en 1989, il enfoncera le clou avec une comédie qui surfe sur les terres d’un certain Bertrand Blier avec son goût pour les dialogues appuyés et une mise en scène très en gros plans, beaucoup centrée sur une palette assez restreinte de personnages.
Ici, le film s’ouvre sur un homme trompé qui décide de se venger en tuant l’amant de sa femme et cette dernière également avec un sens aigue de la mise en scène. Cet homme bénéficiera de la complaisance surprenante d’un juge, qui va faire appel à lui quelques années plus tard, lorsque son neveu, volage, est quitté par son épouse. Faussement misogyne, le scénario s’amuse de ces personnages hauts en verves, mais bas en valeurs, qui ne comprennent pas que l’on puisse les quitter. Et si le personnage de Vincent magnifiquement joué par Richard Bohringer (Le Grand Chemin) semble être celui qui a conservé le plus de valeur, ceux de L’Elégant et de Paul respectivement interprétés par Philippe Noiret (Le Vieux Fusil) toujours aussi grandiose lorsqu’il s’amuse de son image et Thierry Lhermitte (Les Ripoux) sont, au contraire, la forme négative de l’homme. Misogynes et n’ayant aucune conscience du mal qu’ils procurent auprès de la gente féminine, Enfermés qu’ils sont dans une idée qui verrait les femmes, non pas comme des personnes, mais comme des choses procurant du plaisir à l’homme et dont la principale occupation serait de le servir, les deux personnages ne voient come solution ultime à la blessure d’avoir été quitté par sa femme, que de la tuer pour avoir la conscience tranquille.
Si certaines critiques y virent un film misogyne et honteux quant au respect de la femme, Patrice Leconte n’a pas besoin de s’exprimer verbalement pour nous prouver le contraire. Sa mise en scène et son sens de l’écriture suffisent à nous exposer sa vision respectueuse de la femme et l’humour second degré qu’il utilise va dans ce sens. Ses personnages ne reflètent pas une pensée propre à l’auteur, ils viennent au contraire se dénoncer eux-mêmes. Par leurs mots, par leurs attitudes ou simplement par des scènes ou d’autres, à commencer par celui qu’ils ont embauchés pour commettre le crime, viennent au contraire tenter de leur prouver l’absurdité de leurs pensées.
En conclusion, avec « Tango », le réalisateur flirte avec les plates-bandes de Bertrand Blier et son humour noir très second degrés. Ici, le réalisateur amène ses acteurs à se lancer dans des joutes verbales aussi absurdes que bourrées d’humour second voir même troisième degrés. Avec une mise en scène qui utilise le plan fixe pour laisser parler les regards et révéler toute la sensibilité des personnages. Si le discours a pu être mal compris lors de sa sortie, le sujet est sans ambiguïté aucune quant au message transmis par le réalisateur.