Rien moins que vingt-cinq ans que Rivetot s'occupe de l'intendance, celle de Mortez, la star de "la Langue au chat", jeu radiophonique. Cela fait des années que Rivetot les conduit sur la route de ville en ville dans un éternel break Ford, des années qu'ils prennent une chambre a deux lits dans des hôtels miteux, des années que Rivetot porte les valises, installe les micros, les câbles, sélectionne les candidats, chauffe la foule. Et quand Rivetot apprend que "la Langue au chat" va être supprimée, il n'en dit mot a Mortez. Que faire?
Il y a des films comme, ça qui vous collent à la peau ! Après avoir réalisé un film grand public et au succès énorme : « Les Spécialistes » avec Bernard Giraudeau et Gérard Lanvin en 1985, Patrice Leconte, ne veut pas se laisser prendre au piège d’être un réalisateur soit de comédie, soit de film d’action. Il va alors se lancer dans des projets plus personnels. Ce sera d’abord « Tandem » en 1987 avec Jean Rochefort et Gérard Jugnot, puis « Mr Hire avec Michel Blanc en 1989 et enfin « Tango » en 1993 avec Philippe Noiret, Richard Bohringer et Thierry Lhermitte.
Ici, nous suivons le parcours de deux hommes de Radio, l’un animateur et l’autre Technicien et homme de confiance. En se basant sur le mécanisme du film de duo, le réalisateur réunit un duo improbable mais, au final, tellement cohérent : Jean Rochefort (Le mari de la coiffeuse) et Gérard Jugnot (Les Bronzés). Et le duo fonctionne bien, car, comme le dit lui-même le réalisateur, Jean Rochefort, déjà acteur confirmé avec son phrasé aristocratique, reconnaissable, suscitait l’admiration chez Jugnot, acteur déjà bien installé mais, souvent dans un registre plus comique et moins en nuance. Ce dernier avait su trouver la sympathie de son ainé et cela se voit à l’écran.
Dans son scénario, le réalisateur qui s’est inspiré de ces animateurs qui parcouraient la France entière avec leurs jeux, mais qui au plus fort de leurs popularités ont vu le succès de leurs émissions décliner dés le début des années 80, pour se retrouver dans les nimbes de l’oubli radiophonique. Une occasion également pour le réalisateur, de s’intéresser également à ce douloureux passage de l’âge et cette redoutable loi, si singulière à la célébrité, qui est de résister à l’oubli. Pour cela, il va utiliser ces deux personnages pour illustrer son propos, entre Mortez qui profite de sa popularité tout en se voilant la face sur son aspect éphémère, et Rivetot qui apprend que l’émission est annulée mais préfère le cacher à son acolyte et créer des émissions fictives.
Sur leurs parcours, les deux compères vont croiser tout un tas de personnages qui vont les confronter à cette réalité qui se fera plus violente encore à mesure que le temps passera. Toujours précis dans sa mise en scène et dans son écriture, Patrice Leconte, signe un film sensible et touchant en évitant de plomber son propos et de sombrer dans le trop de moral ou de sentiments. Ici, le réalisateur dose avec justesse, son propos er dessine des personnages sensibles et parfois drôles en éloquence comme en situation, pour, dans le même temps donner une vision, maintenant nostalgique de la France Rurale des années 80.
En conclusion « Tandem » est un subtil mélange de tendresse et d’humour, qui sait éviter le piège de la caricature et parvient avec précision à toucher le spectateur dans cette réflexion sur l’appauvrissement de la célébrité et la manière de rebondir lorsque le succès n’est plus là. Rochefort et Jugnot forment un duo tendre et drôle, toujours juste et jamais caricatural.