L'histoire de la famille Gamache, tailleurs de père en fils à Montréal, qui habillent la famille mafieuse Paternò depuis trois générations. Leurs enfants sont issus du même quartier, des mêmes écoles. Vincent "Vince" Gamache travaille entre autres pour le compte du parrain Frank Paternò. Vince, téméraire et impétueux, monte un jour un grand coup pour impressionner le parrain…
Les histoires de ces grandes familles venues de Sicile, de Calabre ou d’une autre région de l’Italie, nous avions l’habitude de les voir chez Scorsese ou chez Coppola, dans tous les cas, dans l’inconscient collectif, la mafia c’est l’Italie et New-York, ou Chicago. Mais nous avions tendance à oublier que l’Amérique du Nord, comprend également le Canada et qu’une partie de ces familles sont également allé s’installer dans les lointaines contrées de Jacques Cartier. Basé sur l’ouvrage homonyme de deux journalistes canadiens spécialisé en affaires judiciaires et en criminalité : André Noel et André Cédilot, « Mafia Inc » du réalisateur Daniel Grou (Vikings) nous plonge dans la grandeur et la décadence de deux familles l’une tenant un commerce de costumes dont le principal est la seconde famille ancrée dans la mafia.
Les destins vont se lier et se délier dans le sang. Inutile d’en dire plus, mais ce film, ne fait pas dans la dentelle et s’amuse même parfois à caricaturer certains personnages pour mieux appuyer cette face cachée qu’ils masquent par une apparente empathie. Une apparence qui vient surtout masquer une avidité profonde (les scènes de réunion entre les chefs mafieux, résument avec brio cette attrait cannibale pour l’argent, qui vient supplanter toutes les valeurs des chefs de famille) et surtout un acharnement sanguinaire à faire respecter leur autorité et à ne supporter aucun faux-pas. Avec une mise en scène froide, très inspirée des grands maitres américains du genre, mais également de réalisateurs Italiens comme Dino Risi et ses « Monstres » (1963), par exemple. Mais la listes est trop longue des inspirations qui semblent avoir marqué le réalisateur, nous pourrions également citer Michael Cimino (L’Année du Dragon (1985)) ou William Friedkin (French Connection (1971)), avec une esthétique très inspirée Seventies et des personnages en suspension, qui oscillent entre violence et honneur (et déshonneur).
La grande surprise du film résidant dans sa distribution, à commencer par Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y.) transformé en sombre personnage, rongé par la violence et l’ambition incontrôlée. L’acteur joue clairement la carte de la violence froide et de la distance avec ses autres comparses. N’hésitant pas arborer une moustache démodée et un léger surpoids, l’acteur rend ainsi son personnage plus massif et, du coup plus inquiétant, à la manière d’une Viggo Mortensen dans « GreenBook » (2018). Face à lui, l’acteur italien Sergio Castellitto que l’on a pu voir chez Luc Besson (Le Grand Bleu (1988)), joue sur deux tableaux. Pas forcément toujours très juste, l’acteur utilise ses faiblesses pour mieux les intégrer à celles d’un mafieux qui s’accroche à son pouvoir par la violence, mais tente chaque fois, de garder une certaine fausse empathie.
En conclusion, « Mafia Inc » de Daniel Grou, est un film passionnant qui nous entraine dans les méandres de familles mafieuses installées au Canada. A travers la peinture de personnages qui s’accrochent à des ambitions plus ou moins louable mais de la pire des manières. Avec une esthétique qui rappelle les maitres du sujet, le réalisateur signe un film tenace et réussit.