Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi-sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.
Keanu Reeves (Matrix) est un acteur à part dans la stratosphère cinématographique. D’abord parce que le personnage a su cultiver, volontairement ou non, une personnalité en marge de ce que font ses autres camarades. Il ne se vante pas de ses bienfaits, mais les réseaux sociaux s’en charge comme lorsqu’il est surpris dans le métro en train de laisser sa place à une dame, c’est aussi un acteur qui a accumulé un nombre saisissant de « Bides », alors que le début de sa carrière le préposait à une place de choix sur le podium. Car on le retrouve aussi bien chez Stephen Frears : « Les Liaisons dangereuses » (1989), Gus Van Sant : « My Own private Idaho » (1991), Francis Ford Coppola : « Dracula » (1992), Bernardo Bertolucci : « Little Bouddha » (1993) et dans des films cultes comme « Point Break » de Kathryn Bigelow (1991), « Speed » de Jan De Bont (1994) et bien sûr « Matrix » des Wachowski (1999) que dans des erreurs de parcours, bien trop nombreuses pour le commun des mortels mais qui semblent glisser sur la peau de l’acteur comme : « Johnny Mnemonic » de Robert Longo (1995) ou encore « The Watcher » de Joe Charbanic (2000) et puis, bien sûr ce « 47 Ronin » de Carl Rinsch (2013). Une particularité qui a forgé la légende de Keanu Reeves sans jamais écorner son image.
Côté réalisation, le film fut un calvaire pour son réalisateur tant les tensions et les différents artistique entre lui et le studio vinrent diriger le long-métrage vers une chute inexorable. Que ce soit sur le scénario, sur la direction que devait prendre le film ou encore sur la technologie, tout devint sujet de discussions tendues. Et cela se voit malheureusement, dans un rendu général assez fade, qui manque terriblement de signature. « 47 Ronin » est devenu un film à l’encéphalogramme plat qui ne cherche plus à convaincre, ni à chercher à dessiner des personnages profonds et puissants, alors que la légende, qui est la plus célébrée en Asie, pouvait permettre de mieux comprendre cette rigueur et ce sens de l’honneur, qui nous parait tellement exceptionnel par nos lointaines contrées. Pourtant le film n’est pas totalement un ratage artistique et si la guérilla interne a eu raison de son aura, le réalisateur parvient tout de même à donner à son film une allure fantastique et épique. L’aventure se suit finalement avec intérêt. Nous nous laissons porter par une intrigue simpliste mais qui finit par marcher, malgré un début un lent et manquant de rythme.
Les prestations de la distribution, majoritairement nippone, y sont pour quelques chose, à commencer par les stars du film : Hiroyuki Sanada, que l’on a pu voir dans « Avengers : Endgame », notamment, et Tabanobu Asano (Midway) qui portent littéralement toute l’ampleur de ces personnages hors normes qui ont façonné l’image d’un Japon impérial et ancestral basé sur l’honneur et la dévotion. Evidemment Keanu Reeves a la part belle dans ce film, mais l’acteur, à la différence d’un Tom Cruise dans « Le Dernier Samourai » d’Edward Zwick en 2004, ne cherche pas à devenir l’objet central de l’intrigue, mais plutôt à se mettre au service d’une intrigue dont les acteurs Japonais gardent, et c’est évident, la priorité.
En conclusion, « 47 Ronin » reste la victime de la guerre que se sont livré le réalisateur et le studio, par deux différentes visions de la manière d’adapter cette légende Nipponne, dont on dit qu’elle serait plus célèbre que La Bible en Extrême Orient. La liste est longue de ces films ambitieux qui furent abimés par les tout puissants financiers et décideurs des Studios, le dernier en date s‘appelle : « Solo : A Star Wars Story ». Malgré tout le film parvient à tirer de justesse son épingle du jeu et se regarde sans trop de difficulté.