Pierre est le PDG accompli d’un grand groupe familial. Sur le point de signer l’affaire du siècle, il doit régler une dernière formalité : la signature de son cousin Adrien qui détient 50% de sa société. Ce doux rêveur idéaliste qui enchaine gaffes et maladresses est tellement heureux de retrouver Pierre, qu’il veut passer du temps avec lui et retarder la signature. Pierre n’a donc pas le choix que d’embarquer son cousin avec lui dans un voyage d’affaire plus que mouvementé où sa patience sera mise à rude épreuve.
Jan Kounen le réalisateur de « Dobermann » (1196) revient dans un style un peu plus classique, après avoir exploré de nombreux univers graphiques, que ce soit dans ses long-métrages ou des projets plus expérimentaux. Cette fois-ci le réalisateur adapte un scénario qu’il a co-ecrit avec Fabrice Roger-Lacan (L’un dans l’autre) et Vincent Lindon qui signe ici sa troisième participation à un scénario de long métrage, après « Paparazzi » d’Alain Berbérian en 1997 et « La Bourgeoisie » de Vincent Lindon en 2007. L’histoire peut être résumée en une ligne : « Un riche homme d’affaire voit le destin de son entreprise lié au bon vouloir de son Cousin un peu envahissant qu’il n’a pas vue depuis plus de 30 ans ». Nous imaginons évidemment que les deux hommes sont les exactes opposé et que cela va amener à des situations rocambolesques. Mais nous sommes dans un film de Jan Kounen, et l’homme est réputé pour ne pas faire dans la linéarité.
Et c’est un fait, « Mon Cousin » n’est pas une comédie comme on l’attend. Si les deux hommes sont liés par la famille, ils n’en demeurent pas moins différents radicalement, mais cette différence cache, dans un premier temps, une autre histoire qui ressurgira au fur et à mesure que l’histoire va avancer, mais qui va aussi permettre aux scénaristes de distiller des messages humanistes et écologistes qui est très loin d’être insipide. Car si, Adrien est un doux rêveur et que Pierre est un homme dur à l’esprit capitaliste et austère, les deux hommes n’en demeurent pas moins les deux faces d’une société qui se perd dans des valeurs qu’elle bafoue joyeusement et qui ne parvient pas à trouver le juste équilibre entre progressisme et écologisme. On le voit bien le scénario n’est pas aussi lisse qu’il n’y parait, cela ne fait pourtant pas de ce cousin une réussite totale. Car si le scénario parvient à tirer son épingle du jeu par une complexité plus présente qu’il n’y parait, il ne parvient pas à éviter le piège de la moralisation un peu balourde, notamment dans sa construction classique autour des méchants capitalistes et des gentils communs. Le trio se laisse aller à de bons sentiments qui ne parviennent pas à surprendre et encore moins à faire totalement rire.
Car pour une comédie, il est tout de même plus agréable de rire de situations, comme, par exemple, la scène dans l’avion que l’on peut voir dans la bande-annonce. Mais voilà le réalisateur a tendance à trop trainer sur certaines scènes et à ainsi les vider du rythme qui peut créer la surprise et donc l’effet comique. Pourtant, Jan Kounen, reste, comme chaque fois, fidèle à ses choix narratifs en intercalant dans son récit, des instants fantasmagoriques pour illustrer les douleurs intérieures des personnages. Des moments en suspension, qui, comme dans quasiment toute la filmographie du réalisateur, lui servent à donner corps à la psychologie de ses héros. L’effet pervers étant que le film se perd aussi passant de la comédie au drame intérieur, et casse ainsi le rythme de sa narration.
En conclusion, « Mon Cousin » est une comédie de Jan Kounen, qui, comme à l’habitude chez ce réalisateur, n’est pas aussi lisse qu’on l’imagine. Entrecoupé d’interludes spirituels qui viennent illustrer les duels internes des protagonistes, le film perd en dynamique et manque son but premier de faire rire avec des situations qui, bien trop souvent perdent en effet de surprise.