1985 : les anciens du lycée Buchanan, classe 1960, se retrouvent pour leur vingt-cinquième réunion. Ce soir, ils sont venus en habit d'époque, jupes gonflantes, robes des sixties, brosse et noeuds pap' pour les garçons. Peggy, très populaire en 1960, se retrouve reine de la soirée avec pour partenaire son mari, Charlie, le rocker. Mais ce tandem si brillant jadis est sur le point de se séparer. Revoyant son mari dans sa prime jeunesse, Peggy, encore amoureuse, s'évanouit. Elle s'enfonce dans le rêve et revit ces fameuses années 1960...
Nous sommes à la fin des années 80, et le réalisateur Francis Ford Coppola se remet difficilement de l’échec de l’un de ses projets les ambitieux : « Coup de Cœur », une comédie musicale, qui devait être l’occasion, pour le réalisateur du « Parrain » (1972) et d’« Apocalypse Now » (1979), de révolutionner la manière de filmer. Notamment parce que Coppola veut s’inspirer de la TV des années 50-60 et tourner les scènes dans les conditions du direct, avec tout ce que cela implique de contrainte. Le réalisateur qui est également producteur à travers sa société de production : « American Zoetrope » est bien décidé à utiliser les grands plateaux qu’il vient d’acquérir à Los Angeles. Seulement voilà, de nombreuses contraintes vont venir contrecarrer ses plans, et d’un budget initial de 2 Millions, le film coutera finalement plus de 26 Millions de Dollars et n’en rapportera même pas 1.
Un échec Commercial, mais également critique qui va plonger le réalisateur dans une situation financière désastreuse, et pour tenter de sauver ce qu’il reste de sa société de production qui fera, malgré tout faillite, Francis Ford Coppola va accepter des films de commande. L’éditeur Carlotta a décidé de nous en proposer deux, dont « Peggy Sue s’est mariée » qui reprend le thème du retour dans le passé pour mieux connaitre son présent et faire le point sur sa vie. Car, c’est bien de cela qu’il s’agit ! Sur un scénario signé du duo Jerry Leichtling (Blue Sky) et Arlene Sarner (Le guérisseur), Francis Ford Coppola, ne va pas assurer le service minimum, il va s’approprier le scénario et y puiser tout ce qu’il pourra y trouver de bon pour pouvoir livrer une œuvre subtile et parfois drôle qui va résonner comme un écho dans l’esprit des spectateurs. Lorsque le film commence, Peggy Sue est une jeune femme qui retrouve, pour une soirée, ses anciens camarades de classes et confronte son évolution à celle des autres. L’occasion, pour elle, de faire le bilan, alors qu’elle est sur le point de divorcer. Mais un malaise va alors la ramener en 1960, lors de ses années lycée et l’amener à comprendre ce qui compte le plus pour elle.
Avec une maestria toujours évidente, le réalisateur va alors filmer avec précision, ses personnages pour mieux en tirer toute l’essence de ce qui faisait leur différence et leur lien. Avec des plans assez proches de son héroïne, il va alors chercher à cibler toutes les nuances de jeu de son actrice principale : l’incroyable Kathleen Turner (La Guerre des Roses) et son goût pour les personnages tout en paradoxes et n’hésitant pas à faire preuve de noirceur. Ici, l’actrice doit jouer une femme, une mère dans une situation d’adolescente et dans une époque où les codes étaient imposés. Coppola a bien compris que pour fonctionner, son film doit faire dans la simplicité et dans la précision. La reconstitution des années 60 est parfaite et le rythme tout en douceur et en force, donne à sa comédie un style propre et une identité qui n’appartiennent qu’au réalisateur.
Avec « Peggy Sue s’est mariée », Francis Ford Coppola, ne signe pas un nouveau chef d’œuvre, notamment parce que le sujet n’a pas la puissance qu’il sait donner aux histoires qu’il raconte par habitude, mais le réalisateur sait transcender un scénario, un peu simple, pour le faire devenir une photo de deux époques et amener le spectateur à faire le point sur son existence, et à ainsi s’arrêter sur ce qui a de l’importance et non sur des images. Un discours qui fait forcément appel à ce que vivait le réalisateur au moment du tournage.