Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York. Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Grand Avant » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, leur caractère et leur spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22, une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. En essayant désespérément de montrer à 22 à quel point l’existence est formidable, Joe pourrait bien découvrir les réponses aux questions les plus importantes sur le sens de la vie.
En seulement 3 longs métrages d’animation : « Monstres & cie » en 2001, « Là-haut » en 2009 et « Vice Versa » en 2015, Pete Docter est devenu une figure tutélaire du Studio Pixar, branche particulièrement rentable de la Walt Disney Cie. Devenu, en 2018, le nouveau patron de l’équipe créative Pixarienne depuis le départ obligé de John Lasseter, embourbé dans des affaires de harcèlements sexuels, le jeune réalisateur a su imposer un style scénaristique et imposer une narration résolument originale et différente de ce que le studio de Burbank avait l’habitude de proposer. Avec « Monstres & cie » il abordait déjà les peurs enfantines, celles du monstre dans le placard ou sous le lit et les détournaient pour en faire un long métrage drôle et émouvant. Avec « Là-haut », le réalisateur enfonçait le clou en s’intéressant à la vieillesse, en mettant en scène, comme personnage principal : un vieil homme, veuf (On peut parler de la première incursion de la mort dans l’œuvre de Docter), même constat, jamais effrayant, jamais plombant, la vieillesse est, ici, présentée comme une nouvelle source d’aventure où les plus jeunes peuvent s’associer aux plus anciens. « Vice Versa », plongeait le spectateur au cœur de la psychologie adolescente et la manière dont les émotions s’opposent et dont la personnalité se construit avec ses erreurs et ses doutes.
Cette fois-ci avec « Soul », c’est à la mort de manière frontale que le réalisateur s’attaque et particulièrement à cette peur de ce moment inévitable pour chaque être vivant. A travers l’histoire de ce musicien, professeur et passionné de Jazz qui va se retrouver, à la suite d’un accident dans l’au-delà, le réalisateur et son équipe de scénaristes : Kemp Powers (One Night in Miami) et Mike Jones (Luca) s’interrogent sur cette peur et donne une vision de la manière dont notre esprit va aborder cet ultime voyage. Il y a, bien sûr, cette peur de l’œuvre inachevée, ces doutes et ce dénie qui fait que l’esprit veut absolument repartir, pour toujours rester avec les siens. Très loin d’une œuvre obscure, comme pourrait éventuellement le faire un Tim Burton, « Soul » c’est avant tout une œuvre visuellement remarquable qui utilise plusieurs types d’animation pour mieux illustrer son propos. Avec des références, assumées ou non, au programme « L’alinéa » par exemple.
Evidemment, nous pourrions reprocher une approche dogmatique, puisque le réalisateur ne cache pas ses croyances religieuses, mais ce serait beaucoup trop réducteur, car « Soul » c’est avant tout une œuvre subtile, qui peut se lire comme une sorte de métaphore de la réflexion de son réalisateur sur la vie et sur sa carrière professionnelle, mais il est indéniable que « Soul » c’est surtout un long métrage d’animation d’une rare intelligence, qui s’inscrit dans la droite lignée des œuvres de Pete Docter, qui ne cherche pas un discours lisse et dans les clous. Il cherche avant tout un sujet fort à aborder avec un jeune public qui n’aborde évidemment des sujets tels que la mort de la même manière que les adultes. Le résultat est remarquable de subtilité, d’inventivité et d’intelligence. Car outre son sujet de base, le scénario s’amuse de tout et ne vient jamais faire dans la larmoyant gratuit, bien évidemment. Il s’offre même le luxe d’un discours positif et sensible que les plus jeunes comme les moins sauront apprécier.