Un ancien boxeur du nom de Kevin Collins atterrit dans une petite bourgade de Californie après s’être évadé d’un Hôpital psychiatrique. Il fait Rapidement la connaissance de Fay Anderson, une jolie veuve portée sur la boisson, et de l’oncle Bud, un ex-policier corrompu. Ce dernier fomente un mauvais coup et propose à Kevin de se joindre à eux. D’abord réticent, le jeune homme finit par accepter.
Il y a certains films comme cela qui sont conçus d’une certaine manière, pour être l’alter égo de leur réalisateur. C’est le cas de « After Dark My Sweet ». Cette adaptation par James Foley d’une œuvre du romancier américain Jim Thompson, ressort toutes les facettes, de l’aveu même du réalisateur, de son metteur en scène. En effet, James Foley aime à le raconter encore maintenant, pour le cerner, il suffit de voir « After Dark My Sweet », tant il s’est identifié dans le rôle de Kevin Collins. Un personnage un peu lunaire, souvent pris pour un gentil doux dingue, du fait de son addiction à l’alcool, et voir même lorsque l’occasion se présente à d’autres substances.
Mais ce film n’est pas simplement remarquable, par cette analogie entre le héros et le réalisateur, il l‘est parce que James Foley, sous couvert d’un film un peu léger, presque minimaliste va finalement nous entrainer non pas dans une histoire d’amour, mais plutôt dans un film noir, dans lequel chaque personnage est prisonnier d’une addiction et semble glisser tout doucement vers un destin qui lui est inévitable. Kevin Collins agit par amour ou par défiance, Fay Anderson n’aime rien tant que de manipuler et de boire, alors que l’Oncle Bud semble avoir des comptes à rendre à un passé plus ou moins lointain.
A travers une galerie de personnages en marge, James Foley et son co-scénariste Robert Redlin tisse une intrigue solide dans laquelle chacun va se prendre les pieds dans des sentiments mal contrôlés, dans des actions également, mal orientées et surtout vont chercher à se trouver une place dans une société qui ne leur en donne pas. Ou tout du moins dans laquelle, ils ne parviennent pas à comprendre l’importance d’une main tendue. Avec une mise en scène faussement chaotique, mais qui se révèle résolument moderne, James Foley dépeint avec noirceur et mélancolie un monde qui entoure les héros où les sentiments trouvent leur limite dans la trahison qui n’est jamais bien loin au final, et pousse ainsi les personnages à s’autodétruire mutuellement.
Si Rachel Ward (Les Oiseaux se cachent pour mourir) ne livre pas ici une composition remarquable, c’est plutôt Jason Patric qui tire son épingle du jeu, avec une subtilité dans l’interprétation qui surprend chez ce comédien plutôt habitué à des films d’actions comme « Speed 2 ». Mais ce serait, un peu trop facilement des petites pépites dans sa filmographie comme : « Sleepers » de Barry Levinson en 1996 ou encore « Génération perdue » de Joel Schumacher en 1987. « After Dark my Sweet » vient nous rappeler que cet acteur sait faire preuve d’une grande sensibilité et qu’il peut composer des personnages bien plus en nuance.
En conclusion, « After Dark My Sweet » est une œuvre qui surfe entre la comédie et le film noir, magnifiquement mise en scène par James Foley et qui repose en grande partie sur l’interprétation toute en subtilité de Jason Patric.