Gaumont Sony Columbia propose régulièrement une collection de films sur support DVD estampillée SuperBit. Sous cette appellation contrôlée se cache une idée très simple, proposer une très haute qualité d’image grâce à un algorithme de compression MPEG2 optimisé. Dans le même temps, le débit alloué au flux vidéo est sensiblement augmenté. Le corollaire à cette action c’est que l’interactivité est totalement mise en retrait, jusqu’aux menus qui ressemblent aux premiers écrans statiques que les amateurs de DVD on pu découvrir à l’aube du format. Les DVD Superbit proposent également une piste DTS à mi-débit pour la VO, généralement inexistante sur les précédentes éditions des films concernés.

La collection SuperBit a ceci de particulier qu’il s’agit de la première offre d’un éditeur clairement basée sur des arguments techniques. Au fil des différents articles parus dans la presse spécialisée on a finalement très peu parlé des films eux-mêmes. La question n’était pas de dire si le film valait le coup mais si les techniques mises en jeu pour ces nouvelles éditions étaient visibles. Heureusement à DVDcritiques, nous n’attendons pas d’éventuelles éditions SuperBit pour vous proposer une analyse technique détaillée. Par contre, il est clair que ces éditions, de par leur spécificité, feront l’objet d’une analyse technique plus sévère, leur profil technico-marketing ne pouvant laisser de place à une quelconque déception technique.

Sony Columbia est l’un des éditeurs qui offre à mon avis les meilleures qualité d’image sur DVD. Bien entendu, les performances visuelles sont directement liées à la qualité du master utilisé mais les outils d’authoring développé en interne sont indiscutablement parmi les meilleurs du monde. Les équipes techniques de Sony à Los Angeles en charge de l’encodage améliorent régulièrement leurs algorithmes de travail. Un algorithme est un procédé de calcul permettant la compression en MPEG2 DVD d’un signal non compressé issu d’un master professionnel. A la division marketing Sony Columbia, un pool de cadres a décidé d’en faire profiter le consommateur final au travers d’éditions spéciales SuperBit.
L’éditeur reste discret sur les points techniques. Dans ses différents communiqué de presse il se contente de rappeler que le débit vidéo moyen d’un programme standard se situe entre 3,5 et 5 Mb/s. Le procédé SuperBit alloue le maximum autorisé par le cahier des charges du DVD avec un débit moyen qui tutoie les 9 Mb/s. C’est beaucoup pour le DVD mais il faut préciser deux points importants. Ce débit dans l’absolu reste faible, les taux utilisé en Broadcast par exemple sont de l’ordre de 25 Mb/s.


Deuxième point, ce n'est pas le débit qui fait une belle image mais la qualité du processus de compression. Sur ce point technique, Sony à toujours été au top. De mon coté, les multiples essais que j'ai pu faire sur des vidéos personnelles me l'ont durement prouvé, les différents encodeurs disponibles sur le marché grand public proposent une qualité de travail très variable. C'est aussi pour cela que d'un éditeur à l'autre les qualités d'image peuvent varier ainsi que les sensations visuelles globales comme le piqué d'image, la saturation des couleurs ou bien entendu l'ptimisation de la compression.

Ce sont bel et bien les maniaques de la technique et de la qualité qui sont visés par cette opération SuperBit. Pour s'en persuader il suffit de jeter un œil à l'arrière de la jaquette pour y découvrir un petit texte de présentation du SuperBit. Un texte purement technique qui mêle les notions de taux de compression, de bande passante des flux vidéo et de caractéristiques d'une image vidéo. Des termes techniques qui sont bien loin des arguments habituels qui mettent en avant le film ou les bonus qui l'accompagne. Si vous n'êtes pas totalement persuadé, l'éditeur compte sur un packaging high-tech pour faire pencher la balance, sans compter cet extraordinaire DVD de couleur pourpre aux reflets violets.

Les premières séries SuperBit ont reçues un succès critique et commercial convenable et les nouvelles salves démontrent qu'il y a un marché. On peut bien entendu regretter que ces éditions SuperBit ne soient pas proposées lors de la sortie initiale d'un titre. Cela permettrait sans aucun doute à l'amateur de faire son choix calmement entre édition « classique » pourvue de suppléments et édition Superbit au profil technique optimisé.
L'image


Passé la présentation générale du procédé SuperBit, je vais tenter de répondre à la question fondamentale : faut-il investir dans un titre de la collection SuperBit sur la base unique des arguments techniques exposés par l'éditeur ? Si vous ne possédez pas le film en question sur support DVD et que vous ne vous intéressez pas trop aux suppléments, la réponse est logiquement positive. Pour les autres, ceux qui possèdent déjà la version précédente, en dehors de ceux qui sont dans la quête de l'absolu, il n'y a pas de grandes raisons de se précipiter bien que j'admette que les arguments techniques mis en avant par l'éditeur sont réels. Les écarts de qualité sont parfois dans la nuance mais par rapport à des éditions anciennes les gains sont sensibles. Bref, il n'y a pas de règle, chaque cas doit-être analyser comparativement pour mesurer l'écart qualitatif.

Vous trouverez sur le site plusieurs critiques de DVD Superbit. Pour illustrer ce dossier je vous propose de prendre pour exemple le film de Luc Besson, « Le 5ème élément », l'un de mes DVD étalon préféré. La compression pour débuter. La première édition qui date des débuts du DVD PAL français est catastrophique avec de nombreux pavés de pixels disgracieux tout au long du film. La version SuperBit présente une texture homogène et sans artefacts de compression apparents, sauf pour les yeux avertis qui s'intéressent plus aux contours des lignes qu'au film lui même. Coté couleurs, la première édition reste encore aujourd'hui exemplaire grâce à un master d'un très grande qualité. C'est ce même master 16/9ème qui a été repris pour la version SuperBit. Chaque seconde du film est un délice pour les yeux avec des contrastes dotés de nombreuses nuances et des couleurs qui explosent littéralement. Le costume de Zorg en est l'illustration parfaite. Dans le même temps, la peau du visage de LeeLoo semble plus détaillée, moins lisse et quelques imperfections de peau sur son visage se détachent. L'image est d'une grand tenue, la vue de la ville avant que Leeloo ne plonge est un passage éloquent du gain en termes de profondeur de champs et de piqué qui semble mettre véritablement en relief certains second plans. Cette vue plongeante avec les centaines de voitures qui circulent est un passage obligé pour ce genre d'exercice, c'est véritablement sur ce type de séquence que le SuperBit prend toute sa mesure, les contours des détails semblent mieux définis, plus tranchés, procurant une sensation de profondeur de champs accentuée. Mais attention, ces écarts qualitatifs sont tenus.

Les disques SuperBit sont également intéressant dans la mesure ou ils permettent véritablement de placer une hiérarchie dans la qualité de retranscription matérielle des images. Un lecteur moyen sera incapable de faire ressortir certaines nuances visuelles entre une édition standard et l'un des disques SuperBit. En passant sur un lecteur performant, les écarts se creusent, démontrant qu'il existe encore des différences de qualité d'un appareil à un autre. C'est ce qu'il ressort des différentes lectures que j'ai eu l'occasion de faire sur une petite sélection de lecteurs, plus ou moins ambitieux.
Le son


Sur le plan sonore l'éditeur propose une nouvelle piste encodée en DTS mi-débit à 754 Kbs et une piste Dolby Digital qui passe de 384 Kb/s sur les éditions précédentes à 448 Kb/s sur les éditions SuperBit. Après avoir écouté en détail les pistes sonores de plusieurs DVD SuperBit, j'ai noté à plusieurs occasions quelques différences. Sur Desperado par exemple, j'ai retenu une troublante impression que le mixage multicanaux avait été modifié au niveau de la balance. Si vous avez l'occasion, comparez la séquence du générique de début de ce film, l'intégration de la voix par rapport à la musique est moins prononcée, les instruments sont plus présent dans les canaux surround et une fausse réverbération se fait plus présente.

En ce qui concerne « Le 5ème Elément », les gains de la nouvelle version par rapport à la double version Dolby Digital / MPEG2 de la première édition sont multiples. Vous avez bien lu, le 5ème Elément dans sa première édition française est en effet l'un des rares disques proposant une piste multicanaux MPEG2, c'était avant l'officialisation de l'utilisation du Dolby Digital pour le marché Européen. A noter pour les historiens que ce fameux MPEG2 est toujours inscrit au cahier des charges du DVD PAL Européen !

Par rapport au mixage multicanaux Dolby Digital de la première version, la piste DTS 5.1, en VO, apporte une nouvelle expérience sonore plus proche de l'extraordinaire souvenir que j'ai de la vision du film dans une salle de cinéma équipée en SDDS. L'enveloppe sonore est plus appuyée, plus oppressante tout en diffusant avec plus de stabilité et de précision de multiples informations d'ambiance. L'intégration des dialogues est plus naturelle et surtout, la texture et les timbres des voix sont plus transparents, un peu comme si un cache grossier devant un micro avait été retiré. La gestion des basses est plus efficace. Lorsque l'on s'amuse à comparer les deux versions, on perçoit facilement une meilleure retranscription des infra-graves, moins poussifs mais plus stables. La dynamique est semblable dans les deux versions, avec même un léger avantage à la piste Dolby Digital de la première édition. Toutefois, les innombrables impacts de balles semblent moins agressifs dans la nouvelle version DTS tout en étant plus percutant. Bref, cette nouvelle piste DTS est une totale réussite si l'on oublie une légère saturation perceptible sur certaines lignes de dialogues. Ce problème lié au master VO et non pas au système d'encodage n'a rien de bien méchant mais c'est régulier et un soupçon agaçant à la longue.

La nouvelle piste Dolby Digital 5.1 est en Version Française est encodée à 448 Kb/s, un petit gain appréciable qui permet une meilleure retranscription des détails d'ambiance. On note également un détachement des dialogues par rapport à la version précédente mais avec une certaine sécheresse par rapport à la version DTS. Par contre, la légère saturation des dialogues disparaît, ce qui est logique en considérant que les dialogues ont été ré-enregistrés en post-synchronisation. Le niveau des deux pistes est similaire, la piste Dolby Digital dispose d'une normalisation des dialogues de + 2 dB.
Conclusion


Tous les efforts d'un éditeur doivent-être salués du moment qu'ils sont bénéfiques au consommateur. C'est le cas de ces expériences SuperBit. Il s'agit toujours de rééditions mais cette nouvelle cuisson apporte de nouvelles saveurs visuelles et sonores indéniables. Mais attention, la qualité du décodeur vidéo du lecteur de DVD et celle du diffuseur restent des éléments importants. Les bénéfices du SuperBit sont tout en nuance et seuls des appareils de qualité pourront les restituer convenablement. Coté son, les gains sont facilement décelable.

Dossier et analyse par Bruno Orrù