Les mondes de Ralph : Interview avec PHIL JOHNSTON, scénariste du film.



Nous vous proposons à quelques jours de la sortie du film Les mondes de Ralph de découvrir la rencontre avec PHIL JOHNSTON, le scénariste du film.

Communiqué
Walt Disney Animation Studios présente LES MONDES DE RALPH, une aventure hilarante réalisée par Rich Moore (couronné aux Emmy Awards), qui a pour cadre l’univers des jeux vidéo d’arcade.

Depuis plusieurs dizaines d’années, Ralph est systématiquement éclipsé par Félix, Jr., la star de leur jeu vidéo, toujours prêt à sauver la situation. Lassé de jouer le rôle du méchant, Ralph décide de prendre son destin en mains. Il s’embarque dans une aventure à travers la salle d’arcade et différents  jeux vidéo afin de prouver que lui aussi peut être un héros.

 Au cours de son périple, Ralph fait la rencontre de l’inflexible sergent Calhoun, du jeu d’action subjectif Hero’s Duty, et de Vanellope von Schweetz, la fougueuse « anomalie » de Sugar Rush, un jeu de course dans un univers de sucreries. Celle-ci pourrait bien être sa première véritable amie. Mais un ennemi redoutable se lance à leur poursuite et met toute la salle d’arcade en danger, jusqu’à Vanellope elle-même. Ralph a enfin l’opportunité de sauver le monde, mais y arrivera-t-il avant que toute l’arcade ne soit « game over » ?

À quelques jours de la sortie en DVD et Blu-Ray des MONDES DE RALPH, le scénariste Phil Johnston nous dévoile les secrets de fabrication de ce film d’animation à succès…

 

Quelle a été la première étape de l’écriture du scénario des MONDES DE RALPH ?
           Pour ce film, le réalisateur Rich Moore et moi-même avons travaillé seuls pendant plusieurs mois afin de développer l’histoire que nous voulions raconter. Avant tout, il a fallu que nous choisissions les personnages du film. Nous avions une idée générale de l’intrigue, mais toute histoire commence d’abord par ses personnages. Qui sont-ils ? Quel sera leur rôle dans le film ? Que désirent-ils ? Quels obstacles doivent-ils surmonter ?

Quelle était l’idée de départ pour le film ?
            Initialement, Félix était le personnage principal, puis nous avons réalisé que Ralph était plus intéressant. C’est à ce moment-là que nous avons commencé à réfléchir à la manière de le mettre dans des situations difficiles, mais drôles et intéressantes. Il fallait que nous lui inventions des obstacles à surmonter et des combats à mener.

Que ressent-on lorsqu’on voit son travail prendre vie à l’écran ?
            C’est formidable ! Je suis époustouflé à chaque fois que je regarde le film. Son univers du film est varié et complexe, il est fait de tellement de détails auxquels je n’avais pas pensé que je découvre quelque chose de nouveau à chaque fois que je le vois. C’est fabuleux !

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
            J’ai commencé à travailler sur LES MONDES DE RALPH il y a environ quatre ans, lorsque j’ai rencontré Rich Moore, le réalisateur du film. Nous nous sommes tout de suite bien entendus, nous partageons la même sensibilité. Il ne nous a pas fallu longtemps pour nous mettre à rigoler bêtement ensemble, comme deux gamins qui auraient lâché une caisse à l’église ! J’ai adoré l’idée sur laquelle repose cette histoire et dès que nous avons commencé à créer les personnages, j’ai su que ce film allait être très spécial.

Pourquoi avoir choisi d’écrire sur l’univers des jeux vidéo et des salles d’arcade ? 
            L’idée initiale des MONDES DE RALPH a jailli de cette question : et si un personnage de jeu vidéo quittait son univers pour aller explorer d’autres mondes ? Tout est parti de là. Nous avons ensuite imaginé l’histoire d’un personnage de jeu vidéo démodé qui se sent dépassé ; il traverse une crise existentielle et s’interroge sur son rôle dans le monde. Les jeux vidéo ont énormément évolué au cours des 30 dernières années, cette comparaison tombait donc à point nommé. L’univers des jeux vidéo constituait le décor idéal pour ce personnage qui se sent dépassé par le monde moderne.

L’histoire a-t-elle beaucoup changé au cours de la production ?
            Elle a évolué, elle s’est développée et s’est condensée. Cependant, l’histoire de base d’un méchant qui apprend à s’aimer est restée inchangée, cela nous a permis de tenter plein de choses différentes, passionnantes et délirantes. Certaines scènes ont subi un changement radical, des personnages y ont été ajoutés ou retirés (mais ont parfois été réintroduits). Ce film a subi tant de révisions au cours de ses quatre années de production qu’il est difficile de se souvenir de tout.

Comment avez-vous intégré les personnages des jeux d’arcade classiques dans l’histoire ?
            Au début, nous ne savions pas quels personnages emblématiques des jeux d’arcade nous allions pouvoir intégrer à l’histoire. Nous avons donc créé nos propres personnages, ceux que nous allions suivre dans leurs aventures. Nous savions que nous pourrions écrire leur histoire car c’était nous qui les avions imaginés, mais nous avions également plein d’idées pour les autres personnages. Nous nous disions que ce serait vraiment cool si Pacman, Q*bert, Frogger ou Zangief apparaissaient dans le film.

Avez-vous pu intégrer tous les personnages que vous vouliez ?
            Ça n’aurait pas été la fin du monde si certains personnages emblématiques avaient manqué, parce que nous avons des personnages principaux que nous aimons et dont les aventures nous passionnent. Cela dit, nous voulions absolument que Q*bert, Tapper, Clyde le fantôme et Zangief apparaissent dans le film.

Les jeux d’arcade ont-ils une signification particulière pour vous ?
            Enfant, j’allais au cinéma au Valley Fair Mall. Ma mère me donnait un dollar et cela me permettait de jouer pendant une heure en attendant le début du film. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais excité comme une puce à l’idée d’aller à la salle d’arcade, il y en avait partout aux États-Unis. C’est triste de penser qu’aujourd’hui il n’y en a presque plus.

Quels jeux d’arcade aviez-vous le plus envie de porter à l’écran dans LES MONDES DE RALPH ?
            Je n’ai jamais été très doué à Q*bert mais j’en garde de très bons souvenirs. Q*bert est drôle, étrange et ridicule, c’est pourquoi le fait qu’il apparaisse dans le film est fantastique. Enfant, je jouais tout le temps à Street Fighter, je suis donc ravi que nous ayons pu intégrer Zangief à l’histoire. J’aime tout dans ce personnage, de son large torse velu à son minuscule slip de catcheur. Je suis un fan inconditionnel de Zangief !

Les personnages des MONDES DE RALPH sont doublés par des acteurs comiques de talent dans la version originale, notamment John C. Reilly (Ralph), Jack McBrayer (Félix), Sarah Silverman (Vanellope von Schweetz) et Jane Lynch (le sergent Calhoun).
Dans quelle mesure ces acteurs ont-ils influencé leurs personnages ?
            Un bon acteur apporte à son personnage une profondeur, une force vitale qu’on n’imaginait pas, mais nous avons eu beaucoup de chance car Jack McBrayer, Sarah Silverman et Jane Lynch ont été présents dès la première lecture. John C. Reilly a également pris part au projet très tôt, ça a été une véritable chance. Il n’y a rien de tel que de travailler avec des acteurs comiques de leur trempe. Cela apporte énormément au film car ils peuvent nous donner leur avis.

Quand les bons mots invraisemblables et hilarants du sergent Calhoun ont-ils trouvé leur place dans le film ?
           Le sergent Calhoun a toujours eu ces expressions étranges et bourrues issus de son univers et de son jeu. À l’origine, l’une d’elles se démarquait vraiment des autres, elle a beaucoup plu à Ed Catmull, le codirecteur du studio. Il nous a demandé d’où ça venait et comment nous en avions eu l’idée, puis il nous a demandé d’en inventer d’autres. Après ça, j’ai revu la totalité du scénario et inventé cinq ou six « Calhounismes » différents pour chacune de ses interventions.

Quelle est votre expression préférée ?
            C’est sans doute sa première réplique, il est question de « faire pipi dans son pantalon de grand garçon ». La manière dont Jane le dit est désopilante. Je trouve hilarant le fait que Calhoun, cette militaire endurcie, cette dure à cuire, dise « faire pipi » !

Quel a été le tournant de votre carrière ?
            Le premier film que j’ai écrit s’intitulait BIENVENUE À CEDAR RAPIDS. Réalisé par Miguel Arteta, il est sorti alors que je commençais à travailler sur le scénario des MONDES DE RALPH. Avant ça, j’avais écrit quelques scénarios que Rich Moore doit connaître, notamment pour un téléfilm réalisé en 2009 et un film qui n’a pas encore été produit. La route a donc été longue et sinueuse !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes scénaristes qui tentent leur chance à Hollywood ?
            Le meilleur conseil que je puisse leur donner, c’est de ne jamais arrêter d’écrire. Le second, c’est de se forger une carapace, car devenir scénariste peut être difficile, et la première version n’est jamais la bonne. On est constamment en train de réécrire certains passages, et il faut être prêt à tirer un trait sur ses scènes favorites pour le bien de l’histoire.