1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré´ chez lui en Vendée. Dans le pays, la colère des paysans gronde : ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, déserteurs, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer...
Voici donc LE premier film polémique de l’année 2023. Une polémique dans laquelle, les historiens et les politiques s’écharpent autour de ce personnage de François Athanase Charette de la Contrie, un général qui va mener une armée de Vendéens à s’opposer à la république. Un passage méconnu de l’histoire de la Révolution française où la guillotine a fonctionné à plein régime, où les vendéens furent massacrés et où la révolte marqua cette terre de manière durable mais étonnamment pas les livres d’histoire de France, alors que de grands auteurs tels que Balzac, Dumas et Hugo en consacrèrent des romans.
Produit par le Puy du Fou, et directement inspiré par l’une de ses attractions : « Le Dernier Panache », « Vaincre ou Mourir » de Vincent Mottez (Léonard de Vinci, le génie sans frontières) et Paul Mignot (Hostiles) est un film déroutant qui accumule les mauvaises idées et se laisse beaucoup trop influencer par son illustre producteur et source d’inspiration. Car loin de la polémique, dont seuls les experts, et ceux qui se considèrent comme tel, pourraient apporter leur pierre à l’édifice, il faut dire que ce film souffre d’abord d’une voix Off qui alourdie l’ensemble et dont la narration monocorde ressemble à s’y méprendre à celle d’un narrateur de n’importe quel « Son et lumière ». Et si, comme moi, vous êtes resté vierge de toute information autour de ce film, ce sentiment déroutant d’assister à un tel spectacle ne fait que s’accentuer à mesure que le film se déroule et que les comédiens hurlent leurs dialogues. A l’exemple de la scène de la taverne, lorsque les amis de Charette fêtent leurs victoires, ils accumulent les répliques à une phrase en hurlant et en riant fort d’un rire forcé, irritant.
Même constat côté scénario, les dates semblent s’accumuler comme dans un livre d’histoire, sans ciment pour les lier toutes. Les transitions sont maladroites ou inexistantes et seule la voix Off vient faire office de jonction, mais son aspect mystique qui amène à la fin, comme pour une figure christique qui, de l’au-delà, porte un regard sur ce qu’il s’est passé. L’histoire se suffit à elle-même, et les contre-points des personnages représentants la République sont beaucoup trop effacés pour que le scénario prenne suffisamment de distance et amène une véritable synthèse de cette époque. Pour que nous puissions réellement comprendre les clés du drame qui s’est joué en Vendée, et comprendre le choix de Charette d’entrer dans ce conflit sanglant dont il sait pertinemment qu’il ne reviendra pas vivant, il était nécessaire d’apporter ce contre-point. Avec son absence, le résultat devient beaucoup trop unilatéral et manque ainsi sa cible. Les enchainements sont si rapides que l’on a bien du mal à se concentrer sur les personnages qui finissent par pâtir d’un manque de profondeur et de volume dans une peinture bien fade.
En conclusion « Vaincre ou Mourir » était une excellente idée de base, mais son traitement scénaristique manque cruellement de subtilité et de nuance. La mise en scène est pesante et beaucoup trop inspirée d’un spectacle de « Son et Lumière » pour nous embarquer dans une page de l’histoire qu’il est pourtant important de faire connaitre.