« Le Pire Voisin au Monde » raconte l’histoire d’Otto Anderson, vieux bougon qui n’a plus aucune raison de vivre depuis la mort de sa femme. Alors qu’il s’apprête à en finir, il est dérangé dans ses plans par une famille, jeune et pleine d’énergie, qui s’installe dans la maison voisine : il fait alors la connaissance de Marisol, douée d’un sacré sens de la répartie, et comprend qu’il a trouvé une adversaire à sa hauteur ! Tandis qu’elle le pousse à porter un autre regard sur la vie, une amitié improbable se noue entre eux qui bouleverse totalement les repères d’Otto…
Il y a deux raisons de bien aimer ce film ! La première la présence au générique de Tom Hanks, immense acteur que l’on ne présente plus et qui a fait les joies du Box-Office et de la qualité de ses choix, que ce soit dans « La Ligne Verte » de Frank Darabont en 1999, « Il Faut Sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg en 1998 ou encore « Forrest Gump » de Robert Zemeckis en 1994, pour ne citer qu’eux tant la liste est longue d’œuvres majeures du cinéma américain. L’autre raison de visionner ce film c’est le réalisateur Marc Forster qui nous offrit de grands moments d’émotions avec « Neverland » en 2004 ou encore « Quantum of Solace » en 2008 et surtout « Les Cerfs-Volants de Kaboul » en 2007.
Cette adaptation d’un best-seller Suède de Frederick Backman sorti en 2012, qui fut un véritable phénomène en Suède, encore depuis son adaptation au cinéma par Hannes Holm en 2015, et qui le troisième film le plus rentable du cinéma suédois et qui peut, également, se glorifier de deux nominations aux Oscars. Autant dire que tous les voyants étaient au vert pour qu’un remake Américain voit le jour. Ce « Pire Voisin au Monde » est donc ce fameux remake en question ! Mais comme dans toutes nouvelle adaptation américaine d’un succès venu d’un autre pays lointain, le choix de deux cultures ne fonctionne pas forcément bien et ce qui était le centre de l’attention peut vite dériver lors de son passage outre-Atlantique. Ici, la version américaine est assez bien retranscrite et le scénario de David Magee (La Petite Sirène) n’a pas à rougir par rapport au livre ou à l’adaptation originelle.
De même que la mise en scène qui s’amuse beaucoup des perspectives, comme pour noyer son personnage lorsqu’il est à l’extérieur dans sa résidence, où il s’est donné pour mission de faire régner l’ordre et la discipline. Et des plans en lumière sombre et en couleurs fades, dans l’intérieur du vieil homme qui cherche absolument à retrouver sa femme décédée quelques mois plus tôt. Une magnifique histoire d’amour, touchante et inspirée, mais qui souffre d’une fin bien trop balourde, et qui a tendance à trainer en longueur rendant tous les efforts effectués dans les trois quarts du film, presque vain. Le scénario et la mise en scène du film sombrent soudainement dans un pathos qui vient complètement en contre sens de toute la qualité narrative du film, qui n’était pas sans rappeler le « Gran Torino » de Clint Eastwood en 2008, où un vieil homme aigri et raciste, se laissait aller à se lier d’amitié avec un jeune latino. Ici, le film de Marc Forster met les deux pieds dans le piège de la bienséance et en rajoute des tartines dans les bons sentiments et les discours positifs guimauves, qui lassent le spectateur qui aurait préféré voir le générique de fin arriver bien plus tôt.
Pourtant la prestation de Tom Hanks est toujours aussi impeccable et il est toujours amusant de la voir jouer un méchant personnage, avec toute la subtilité qu’Otto demande, tant il est complexe dans ses sentiments et dans ses relations avec les autres. Mais cela ne suffit malheureusement pas à sauver le film.